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7 juillet 2009 2 07 /07 /juillet /2009 10:21

Il fut peut-être le plus étrange des hommes de l'Ouest, le héros du Far West le plus exotique. Cet ancien trapéziste suisse d’origines russes, s’est rendu célèbre à Broadway en jouant un monarque chinois dans « LE ROI ET MOI », et confirma l’essai avec le rôle du pharaon dans « LES DIX COMMANDEMENTS ». Là, le physique athlétique de Yul Brynner, son crâne complètement chauve, son accent indéfinissable, et ses poses avantageuses, semblaient parfaitement à leur place. Ses séjours dans le western ont davantage posé problème au puriste.

C'est lui qui mit en chantier « LES 7 MERCENAIRES », s’octroyant le rôle de Chris, le leader tout vêtu de noir. Son accent était plus ou moins justifié par des origines cajuns, mais son look de croque-morts et sa démarche d’automate juraient terriblement dans les décors mexicains, et aux côtés de partenaires beaucoup plus crédibles. Pourtant, l’excentricité de sa silhouette, sa voix de baryton, et ses postures « viriles », si elles frôlaient bien souvent le ridicule qui tue, créèrent tout de même un personnage unique et inédit, qui finit contre toute attente, par emporter le morceau. Brynner reprit le rôle pour une sequel très inférieure, « LE RETOUR DES 7 », tournée en Espagne six ans plus tard.

« LE MERCENAIRE DE MINUIT » est un curieux western « en chambre », dans lequel Yul vêtu en dandy de l'Ouest, incarne un pistolero nommé Jules Gaspard-D’Estaing (sic !), et passe le temps à jouer du clavecin. Un curieux personnage, mais plus dans ses cordes que le rôle-titre de « PANCHO VILLA », où affublé d’une perruque et de moustaches postiche de carnaval, Brynner offrit une des pires prestations de sa carrière.

Il s’essaie au « spaghetti », avec « ADIOS SABATA », où retrouvant son allure sombre des « 7 MERCENAIRES », il joue un aventurier âpre au gain, nommé Indio Black. Il fut rebaptisé Sabata pour profiter du succès du film avec Lee Van Cleef. Sa tentative de comédie échoue lamentablement dans « CATLOW » : la fantaisie sautillante n’était vraiment pas son fort !

Physiquement égal à lui-même, Yul Brynner endosse son « uniforme » noir, pour jouer sa propre parodie dans « MONDWEST », où il est un robot, programmé pour défier les touristes d’un parc d’attraction, et se laisser tuer par eux lors de duels « pour rire ». Jusqu'au moment où la machine se révolte. Cela peut sembler paradoxal, mais il semble bien que Brynner n’ait jamais été meilleur que dans ce film ! Il reprendra d'ailleurs le rôle pour une brève apparition dans la sequel « LES RESCAPÉS DU FUTUR ». Arnold Schwarzenegger rendit hommage à Brynner en affirmant s'être inspiré de son jeu, pour créer son "Terminator". Alors...

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6 juillet 2009 1 06 /07 /juillet /2009 09:36

Acteur de théâtre, ami des écrivains et des présidents, véritable institution américaine, Henry Fonda a su imposer sa personnalité glacée et élégante, ses manières cultivées, et sa silhouette élancée, et offrir une alternative plus cérébrale à d’autres icônes typiquement U.S. comme son ami James Stewart ou John Wayne. Il fut pendant des années, un des acteurs-fétiche de John Ford, avant de se fâcher avec lui, pour « divergences artistiques », pendant le tournage de « PERMISSION JUSQU'À L’AUBE ». Car si tout le monde admirait « Hank », c'était de loin, et les souvenirs des uns et des autres, s’accordent pour le décrire comme un homme intègre, mais distant et peu communicatif. Trait de sa personnalité, qui contribua certainement à le rendre si crédible dans l’univers du western.

S’il tourna quelques films situés pendant la guerre d’indépendance ou de sécession, le premier vrai western de Fonda fut « LE BRIGAND BIEN-AIMÉ », où dans le rôle de Frank James, le laconique fermier devenu hors-la-loi, il fit forte impression. Il reprit d'ailleurs le rôle dans « LE RETOUR DE FRANK JAMES », dont il était l’unique protagoniste. Son dernier film, avant de partir pour le front, en 1943, fut « L’ÉTRANGE INCIDENT », sur un thème qui lui tenait particulièrement à cœur : le lynchage. En cowboy inculte, tentant de stopper une terrible injustice, Henry Fonda définissait l’image d’honnête homme qu'il allait cultiver pour le restant de sa carrière.

À son retour à Hollywood, Fonda trouve un de ses plus beaux rôles, Wyatt Earp dans « LA POURSUITE INFERNALE » de Ford, film majestueux mais à hauteur d’homme. Seul Fonda pouvait créer un personnage à la fois aussi terre-à-terre et aussi mythique, que ce cowboy timide mais déterminé, à la voix douce, mais capable de tuer sans ciller. Ford l’utilise ensuite dans « LE MASSACRE DE FORT APACHE », où Fonda compose une sorte de clone de Custer, un officier rigide et obstiné, parfaitement détestable. Son premier « méchant ».

« DU SANG DANS LE DÉSERT » le montre en chasseur de primes vieillissant, qui décide d’aider un jeune shérif. L’acteur y développe le genre de rôle qu'il tiendrait dans le western, pour la seconde partie de sa carrière. Il accepte de tourner dans la série TV « THE DEPUTY », mais le concept tient de l’escroquerie : Fonda n’y apparaît que de temps en temps, laissant la vedette à son adjoint.

« L'HOMME AUX COLTS D’OR », le chef-d’œuvre d’Edward Dmytryk lui fait endosser les costumes élégants de Clay Blaisdell, un « nettoyeur de villes » cynique et implacable. Sa relation ambiguë avec l'homme qui surveille ses arrières, Anthony Quinn, laisse planer sur ce western puissant, des zones d’ombres jamais éclaircies, qui donnent toute sa singularité au film.

Affublé d’une fausse moustache et d’une perruque, Fonda apparaît brièvement dans « LA CONQUÊTE DE L’OUEST », en trappeur ami des Indiens.

Fonda tourne une série de westerns qui sont tous des échecs commerciaux : il est un vieux dresseur de mustangs dans « LE MORS AUX DENTS », un arnaqueur dans « GROS COUP À DODGE CITY » (où il est délectable de rouerie), un citoyen confronté à la violence dans « WELCOME TO HARD TIMES », un « bad guy » mal rasé et hagard dans « LES 5 HORS-LA-LOI », où il s’en prend carrément à l'Américain préféré des Américains, Jimmy Stewart. Il joue un vagabond humilié dans « STRANGER ON THE RUN », un téléfilm réalisé par Don Siegel.

Sa cote est au plus bas au box-office, quand il est contacté par Sergio Leone, pour tenir le rôle de Frank dans « IL ÉTAIT UNE FOIS DANS L’OUEST ». Cette fois, le contremploi est drastique : Henry Fonda tue un enfant de sang-froid, frappe un infirme, torture des innocents. C'est un serpent à sonnettes, une vermine absolue. Le choc est si total, que la carrière du comédien s’en trouve relancée. À 64 ans, Fonda redevient une valeur sûre. En un seul film, un seul rôle, il a fait oublier trente années de droiture, et créé le plus horrible villain de l’Histoire du western.

On le revoit en directeur de bagne besogneux dans « LE REPTILE », même si la chute montre que Leone est passé par là. Il est drôle en cowboy lent d’esprit, mais souffrant de logorrhée verbale dans « ATTAQUE AU CHEYENNE CLUB ». Il retrouve l’univers de Leone, avec "MON NOM EST PERSONNE", pour un autre personnage marquant : Jack Beauregard, véritable légende du vieil Ouest aspirant à la retraite, mais poussé à un baroud d’honneur, par son fan n°1. Face au pitre italien Terence Hill, Fonda symbolise à lui tout seul, plusieurs décennies de western américain.


Son dernier western est « WANDA NEVADA », réalisé par son fils Peter, dans lequel Henry apparaît, pratiquement méconnaissable, en vieux prospecteur.

Une icône authentique.

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5 juillet 2009 7 05 /07 /juillet /2009 11:14

À ses débuts à Hollywood, Brian Keith fut surnommé « le John Wayne du pauvre », à cause d’une ressemblance physique certaine, et d’une aisance particulière dans l’univers du western. Mais du « Duke », le jeune acteur ne possédait pas l’assurance en lui, ni même le charisme sans complication. Son regard était plus douloureux, son sourire plus incertain, et c'est à la télévision qu'il trouva le succès, grâce à plusieurs séries.

On l’a souvent vu en capitaine de cavalerie, dans « LE SORCIER DU RIO GRANDE » ou « LE JUGEMENT DES FLÈCHES », par exemple. Il était l’amant de Barbara Stanwyck dans « LE SOUFFLE DE LA VIOLENCE ».

Brian Keith rencontre le jeune Sam Peckinpah, qui fait de lui le héros de sa série TV « THE WESTERNER », où pendant 13 épisodes, il incarna Dave Blassingame, un vagabond sympathique accompagné d’un chien. Un antihéros original, à contre-courant des séries des années 60, mais qui ne trouva pas le succès. Beaucoup trop en avance. Les deux hommes se retrouvèrent tout de même au cinéma pour « NEW MEXICO », où Brian Keith servait d’escorte à la femme dont il avait accidentellement tué le fils.

Il joue le vendeur d’armes qui apprend à McQueen à tirer dans « NEVADA SMITH », tourne de très mauvais films comme « SUR LA PISTE DE LA GRANDE CARAVANE » ou « RANCHO BRAVO » et « RIO VERDE », et l’âge venu accepte de jouer les faire-valoir de Charlton Heston dans « FUREUR SAUVAGE », où Keith est un vieux trappeur, ou les brèves apparitions comme dans « YOUNG GUNS », en chasseur de primes truculent, qui prend tout de même le temps de descendre Charlie Sheen.

À la télévision, Brian Keith a tourné dans un nombre considérable de séries. Il fut un mineur dans « RAWHIDE », et dans un épisode de « LE VIRGINIEN », reprit le rôle créé par Kirk Douglas dans « L'HOMME QUI N’A PAS D’ÉTOILE ».

Reste à espérer qu’un jour, un éditeur de DVD aventureux s’emploie à exhumer la série de Peckinpah, qui est paraît-il, la meilleure chose qu’ait faite Brian Keith.

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4 juillet 2009 6 04 /07 /juillet /2009 12:56

Acteur irlandais, au style curieusement très américain, puisque fortement influencé par la « Méthode » de Lee Strasberg, Richard Harris a naturellement trouvé le succès aux U.S.A. dans les années 70, grâce à quelques rôles forts. Acteur puissant, volontiers excessif, sombrant parfois dans un cabotinage tel qu’on ne comprend pratiquement plus ses personnages, Harris a tourné plusieurs westerns, un ou deux chefs-d’œuvre, des films marquants et des nanars innommables. Les jeunes générations le connaissent pour son rôle de Dumbledore dans les premiers « HARRY POTTER », mais Richard Harris malgré ses dérives, ses tentatives malheureuses, aura tout de même marqué l’Histoire du western.

Son premier film du genre le confronte à Charlton Heston dans « MAJOR DUNDEE », de Sam Peckinpah. En officier sudiste insoumis et cynique, Harris s’intègre parfaitement dans l’univers âpre du réalisateur et dans les décors mexicains du film. Si la facture de « UN HOMME NOMMÉ CHEVAL » a aujourd'hui beaucoup vieilli, le film contient suffisamment de moments forts pour rester un aïeul tout à fait honorable à « DANSE AVEC LES LOUPS ». Dans son rôle de lord anglais adopté par une tribu indienne, Richard Harris donne de sa personne et compose un personnage à facettes. Il reprendra d'ailleurs ce rôle dans l’intéressant « LA REVANCHE D’UN HOMME NOMMÉ CHEVAL », et le banal « LE TRIOMPHE D’UN HOMME NOMMÉ CHEVAL ». Harris finit de s’imposer dans le genre, grâce au formidable « LE CONVOI SAUVAGE », où il incarne un guide de convoi laissé pour mort après une attaque de grizzly et qui se reconstitue peu à peu, par sa seule volonté de vengeance. Le visage expressif de l’acteur, sa rage naturelle, donnent un magnifique relief au film tout entier.

Ça se gâte nettement avec « LE SHÉRIF NE PARDONNE PAS », commencé par Samuel Fuller qui, excédé par le comportement erratique de l’acteur, quittera rapidement le plateau. Lâché en roue-libre, Harris n’a jamais été aussi mauvais que dans ce western atrocement mal filmé, au scénario décousu, qui lui donne un rôle de shérif rendu fou par l’assassinat de sa femme. Grimaçant, gémissant, comme une imitation ratée de Brando, Richard Harris met à mal son image et ne sort pas grandi de cet échec.

Il revient heureusement au western avec « IMPITOYABLE », dans le rôle secondaire d’un pistolero narcissique, massacré par Gene Hackman qui le ridiculise en l’appelant « The Duck » au lieu de « The Duke », son surnom plus valorisant. Son dernier western sera « LE GARDIEN DES ESPRITS », un ratage signé Sam Shepard, où il est le père du regretté River Phoenix.

Acteur incongru dans le Far West hollywoodien, ce contemporain de Peter O’Toole et Albert Finney a su y laisser sa marque, pour le meilleur mais aussi pour le pire.

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4 juillet 2009 6 04 /07 /juillet /2009 09:36

Difficile de croire que « le Sundance Kid » a aujourd'hui 73 ans. Que cette parfaite image de l'homme américain, du WASP blond et radieux, se soit finalement fanée. Pourtant durant toute sa carrière, Robert Redford a tout fait pour fissurer ce cliché créé par son physique, même si paradoxalement, il n’a jamais rien fait pour altérer son apparence, atténuer l’impact de sa blondeur rayonnante, et de son sourire pour pub dentifrice.

En 1981, Redford a parcouru ce qu'il restait du vieil Ouest légendaire, pour signer le livre « THE OUTLAW TRAIL : A JOURNEY THROUGH TIME », qui traduisait son profond attachement aux racines de l’Amérique traditionnelle, ainsi qu’au western.

L’acteur n’as pas tourné énormément à l’intérieur même du genre, mais fit sa première apparition dans la série « THE DEPUTY », et joua un forçat dans « LE VIRGINIEN » (photo). Il était peu connu, quand Paul Newman l’accepta comme co-vedette dans « BUTCH CASSIDY & LE KID », qui fit de Redford une star du jour au lendemain. Dans le rôle du pistolero moustachu, taciturne et bourru, il fit forte impression, et son tandem avec Newman entra directement dans l’Histoire. Tourné avant, mais sorti quelques mois après, « WILLIE BOY » lui offre le rôle plus complexe du shérif antipathique et ambitieux, à la poursuite d’un Indien fugitif. Pour la première fois, Redford assume les paradoxes de sa personnalité, et se montre remarquable.

Avec son réalisateur de prédilection, Sydney Pollack, Redford tient le rôle-titre de « JEREMIAH JOHNSON », où il est un jeune citadin, qui devient trappeur, et se confronte aux Indiens et à la nature sauvage. Un film magnifique, tenu à bout de bras par un comédien impliqué et littéralement fondu dans son personnage.

« LE COWBOY ÉLECTRIQUE » du même Pollack, offre à Redford un rôle d’ex-champion de rodéo lessivé, perdu dans le monde moderne. Devenu réalisateur, l’acteur s’octroie le rôle principal de « L'HOMME QUI MURMURAIT À L’OREILLE DES CHEVAUX », n’évitant pas toujours le ridicule d’une imagerie naïve, le montrant cheveux au vent, sourire étincelant, dans de glorieux ralentis d’un autre âge.

Comme avant lui, son ami et aîné Paul Newman, Robert Redford entame sa cinquième décennie dans le monde du cinéma, tournant de temps à autres des œuvres intelligentes, réalisant régulièrement des films toujours intéressants, même s’ils sont plus ou moins emballants (le dernier « LIONS ET AGNEAUX » n’est certes pas ce qu'il a fait de mieux), mais le « kid » est toujours là, et bien là. Il dirige toujours son fameux festival de Sundance, et si la caméra ne s'approche pas de trop près, on pourrait presque croire qu'il n’a pas changé…

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3 juillet 2009 5 03 /07 /juillet /2009 10:13

S’il a joué son lot de politicards véreux, ce n’est certes pas dû au hasard. Ce proche de JFK, qui a failli faire carrière à Washington et a écrit un ouvrage définitif sur le mccarthisme, a opté pour une vie de saltimbanque et trouvé le succès mondial grâce à la série d’espionnage pour rire « DES AGENTS TRÈS SPÉCIAUX », dans les années 60.

Robert Vaughn a tourné énormément de westerns, mais essentiellement à la télévision : deux épisodes de « GUNSMOKE » et « LA GRANDE CARAVANE », un marshal dans « L'HOMME À LA CARABINE », un preneur d’otages dans « BONANZA », un peone spolié dans « ZORRO ». Plus âgé, il jouera les sénateurs et business men dans les miniséries « THE BLUE AND THE GRAY » ou « CAPITAINES ET ROIS ».

Au cinéma, Vaughn a prêté ses traits juvéniles et sa personnalité glaciale évoquant son aîné George Sanders à quelques bons personnages : le jeune voyou manipulateur de « GOOD DAY FOR A HANGING », Lee, le chasseur de primes pétrifié par l’angoisse dans « LES 7 MERCENAIRES », un rôle qui marquera le comédien pour toute sa carrière. Son allure de dandy décadent, son regard fuyant, sont l’œuvre d’un excellent comédien. Vaughn apparaîtra dans plusieurs épisodes de la série tirée du film de John Sturges, dans un rôle de juge. On le voit également en promoteur texan dans « COLORADO ».

Vaughn ne laissera certainement pas l’image d’un grand spécialiste du western, mais il est l’ultime survivant des « sept magnifiques » et sa longévité est extraordinaire : à 75 ans passés, il retrouve le succès en écrivant son autobiographie "A FORTUNATE LIFE" et en tournant la série « HUSTLE » en Angleterre.
VAUGHN suite 

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1 juillet 2009 3 01 /07 /juillet /2009 19:36

Son Oscar grandement mérité pour le rôle de Popeye Doyle dans « FRENCH CONNECTION », a installé Gene Hackman dans un emploi d’homme bien ancré dans le 20ème siècle, de baroudeur des grandes métropoles, de militaire endurci, ou d’homme politique roué, sans que rien dans son apparence physique ou sa personnalité ne laisse supposer qu'il ferait un westerner crédible.

C'est sans doute la marque des grands comédiens, d’être partout à leur place. Car Hackman a tourné quelques westerns, dont un ou deux chefs-d’œuvre, qui en ont fait une figure dominante du genre, alors même que celui-ci était sur son déclin. Par son humanité tourmentée, sa rudesse et son intelligence aiguë, Gene Hackman a créé quelques personnages inoubliables.

Dans « LES CHAROGNARDS », il commence très fort, en incarnant une ordure abominable, un riche rancher brutal et odieux, qui brutalise constamment sa femme, pour masquer son impuissance. Il organise la chasse à l'homme la plus sanglante jamais filmée, s’obstinant jusqu'à l’anéantissement total.

Hackman revient au western avec « ZANDY’S BRIDE », où en fermier rustre, il épouse une étrangère – Liv Ullmann, en l’occurrence – par correspondance, et lui fait vivre l’enfer. Puis il tient un rôle diamétralement opposé dans le magnifique « LA CHEVAUCHÉE SAUVAGE » (un rôle initialement écrit pour Charles Bronson). Il y campe un cowboy digne et humain, participant à une course folle à travers l'Ouest. Son amour des chevaux donne lieu à quelques séquences bouleversantes. Quant à la scène où, dans un long monologue, juché sur sa monture, il raconte la mort violente de sa femme, c'est une véritable leçon de maîtrise et de justesse, digne de n'importe quel cours de comédie. Un sommet de sa carrière.

Il revient au genre avec l’immense « IMPITOYABLE »,  pour camper le shérif « Little Bill », un méchant d’autant plus terrifiant qu'il n’a aucune conscience de l’être, et commet les pires atrocités, parfaitement sûr de son bon droit. Quand Eastwood lui braque son fusil sur la figure, la réplique d’Hackman (« Je n’ai pas mérité ça ») donne le frisson. Une interprétation d’une profondeur inouïe, au-delà de tout cliché ou facilité.

Il joue un général humain dans « GERONIMO », un vieux juge à l’âme de pionnier, et père de « WYATT EARP », et revient aux rôles de « bad guys » qu'il semble affectionner, pour l’étrange et baroque « MORT OU VIF » de Sam Raimi, où en patron d’une petite ville, il organise des tournois de duels au revolver, et finit par affronter son propre fils. Loin de la rigueur dont il fit si souvent preuve, Gene Hackman joue ici un croque-mitaine de la plus belle eau. Délectable.

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1 juillet 2009 3 01 /07 /juillet /2009 10:15

Si dans les années 50, Elia Kazan qualifiait Marlon Brando de « meilleur acteur du monde » et que vingt ans après, Al Pacino le définissait plus simplement par « Dieu », ce parfait représentant de la légendaire « Méthode » de l’Actors Studio a aujourd'hui perdu une partie de son aura mythique. Pour de multiples raisons : une fin de carrière assez pathétique, où de plus en plus obèse, l’acteur se laissait aller à des numéros de cabotinage surpayés et franchement discutables, une vie privée étalée dans la presse à scandales, des déclarations publiques embarrassantes… Bref, « Dieu » fut revu à la baisse.

Il faut reconnaître que ses détracteurs ont toujours vu en lui un « clown » faisant à peu près n'importe quoi, tandis que ses admirateurs (majoritaires) louent la liberté qu'il a apporté au métier d’acteur et son charisme inné.

Alors, clown ou génie ? La question sera certainement débattue encore longtemps. Brando a tourné quelques westerns et ce qui est intéressant, c'est que l’unique film qu'il tourna en tant que réalisateur, en fut un.

Si « VIVA ZAPATA ! » ne peut pas être considéré comme un western, Brando y porte un holster et monte à cheval, lourdement grimé, pour jouer le révolutionnaire mexicain. C'est Anthony Quinn jouant son frère, qui aura l’Oscar. Six ans plus tard, Brando met en chantier « LA VENGEANCE AUX DEUX VISAGES », d’abord avec Sam Peckinpah, puis Stanley Kubrick aux commandes. Mais les deux hommes ne parviennent pas à maîtriser la personnalité volatile de l’acteur et finalement celui-ci décide de le tourner lui-même. Contre toute attente, Brando signe sinon un chef-d’œuvre, du moins un western d’une incroyable originalité, un voyage psychanalytique dans le mythe de Pat Garrett et Billy the Kid, où le « méchant » se fait appeler « Dad ». Dans le rôle de Rio, hors-la-loi séducteur et cynique, rendu à demi fou par la vengeance, Brando crée un personnage de gros bébé morose et introverti, clairement masochiste. Ses éclats de colère sont impressionnants et ses face à face avec Karl Malden tutoient le génie.

« LA POURSUITE IMPITOYABLE » n’est pas un western, mais Brando y incarne un shérif, représentant les valeurs simples du vieil Ouest, dans un monde qui n’est plus qu’ambiguïté et corruption. À la fin, il s'en va, comme Gary Cooper dans « LE TRAIN SIFFLERA 3 FOIS », abandonnant son étoile.

Étrangement inspiré de « LA VENGEANCE AUX DEUX VISAGES », « L'HOMME DE LA SIERRA » est un western maniéré, empruntant au « spaghetti » par bien des aspects et offrant à Brando un rôle curieux de « gringo » empâté et passif, traînant son ennui de façon manifeste. L’image est sublime, mais Brando complètement à côté de la plaque, se laisse piquer la vedette par l’acteur de séries B John Saxon.

Le dernier western de Marlon Brando, « MISSOURI BREAKS » est un non-évènement. Le film d’Arthur Penn devait être la rencontre au sommet de l’acteur et de Jack Nicholson, dans un film réaliste et âpre. Dans son rôle de tueur à gages, Brando a semble-t-il complètement détourné le propos du film, adoptant des accents invraisemblables, des tenues grotesques, dans un numéro totalement gratuit, frisant l’escroquerie. On peut trouver cela amusant par moments, bien sûr, mais le film n’en sort pas grandi.

Sans l’exceptionnelle réussite de son propre film, on aurait conclu que Brando n’aurait peut-être pas dû s’aventurer dans l'Ouest. Mais avec lui, rien n’est jamais simple…

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30 juin 2009 2 30 /06 /juin /2009 13:39

STROTHER MARTINVisage incontournable du western U.S., Strother Martin, ancien champion de natation, a tourné un nombre colossal de films et téléfilms, parfois dans de simples figurations, parfois dans des seconds rôles pittoresques. Sa petite taille, ses yeux bleus pâle, sa voix aiguë, l’ont cantonné dans des personnages souvent caricaturaux, des simplets ou des nabots vicieux, mais il n’est jamais passé inaperçu. Il trouvera le rôle de sa vie en ’67 dans « LUKE LA MAIN FROIDE », en directeur du bagne. Sa phrase : « Ce que nous avons là, est un problème de communication », est entré dans la culture américaine aussi sûrement qu’une citation littéraire.

Au cinéma, on reconnaît Strother Martin en caporal dans « LA CHARGE VICTORIEUSE », un soldat émotif dans « L’AIGLE SOLITAIRE », il est mordu par un serpent à sonnette dans « COWBOY », joue un déserteur dans « LES CAVALIERS », un des deux sbires de Lee Marvin dans « L'HOMME QUI TUA LIBERTY VALANCE ».

Sa route croise celle de Sam Peckinpah, dont on dit que Strother avait une trouille bleue, dont le réalisateur savait profiter : il joue un prédicateur dans « NEW MEXICO », il forme un couple de chasseur de primes « gay » avec L.Q. Jones dans « LA HORDE SAUVAGE » et « UN NOMMÉ CABLE HOGUE ».

On l’aperçoit en villageois dans « JOHNNY CONCHO » et « LE MERCENAIRE DE MINUIT », il conduit un train dans « LES PRAIRIES DE L’HONNEUR », il engage les hors-la-loi pour transporter son or dans « BUTCH CASSIDY & LE KID », et apparaît dans « 100 DOLLARS POUR UN SHERIF » et sa sequel « UNE BIBLE ET UN FUSIL », dans des rôles différents. Il ne fait que passer, non-mentionné au générique dans « NEVADA SMITH », dans une baignoire, et se nomme… Strother.

Il n’a jamais été plus hallucinant que dans le rôle d’un des trois frères de « UN COLT POUR 3 SALOPARDS », le plus débile, le plus dégénéré : un vrai festival ! Son dernier western sera « CACTUS JACK », dans lequel il se nomme Parody Jones.

Strother Martin, qui était un stakhanoviste, apparut dans à peu près toutes les séries TV western, le record étant atteint par « GUNSMOKE », où il joua les « guest » pas moins de onze fois. Un personnage, comme on dit…

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29 juin 2009 1 29 /06 /juin /2009 09:17

Ce garçon de bonne famille cultivé et courtois, fut également quand il était en proie à ses démons, un fauteur de troubles invétéré que le cinéma a d’abord spécialisé dans les emplois de brutes épaisses. Lee Marvin fut marine pendant la WW2 et ne s’en est apparemment jamais tout à fait remis. Il avait une aisance exceptionnelle avec les armes à feu, le regard las de l'homme revenu de l’enfer et le cynisme railleur du soldat vétéran.

S’il s’est illustré dans le polar où il trouva quelques uns de ses plus beaux rôles (« RÈGLEMENT DE COMPTES », « LE POINT DE NON-RETOUR »), Lee Marvin fut une figure majeure du western où il imposa sa marque dès le début des années 50.

Dans son premier western, « DUEL SANS MERCI », Marvin apparaît brièvement en joueur de poker moustachu. Il fait davantage impression en hors-la-loi obsédé sexuel dans « LE RELAIS DE L’OR MAUDIT », en sergent intelligent dans « L’EXPÉDITION DU FORT KING », en voyou insolent dans « LES MASSACREURS DU KANSAS », où il va jusqu'à cracher sur le pantalon de Randolph Scott ! Dans « BATAILLE SANS MERCI », il retrouve ses oripeaux de violeur potentiel, dans « LE RAID », il est un rebelle sudiste (il a dans ce film, une séquence de pétage de plombs dans une église, tout à fait réjouissante). « UN HOMME EST PASSÉ » lui offre un rôle de brute sadique en tandem avec son ami Ernest Borgnine. À noter que lors du vedettariat de Marvin, le film ressortit en salles sous le titre « COUP DUR À BLACK ROCK », avec Lee en tête d’affiche (photo).

« 7 HOMMES À ABATTRE » lui donne peut-être son plus beau rôle, celui de Big Masters, pistolero arrogant, pervers, mais étonnamment sympathique, qui éclipse la vedette du film, Randolph Scott, qu'il avait déjà croisé par deux fois. Dans ce formidable western, Marvin campe un personnage d’une complexité exceptionnelle, intelligent et suicidaire. Son rôle de sergent de cavalerie dans « LES PILIERS DU CIEL » et de champion de course à pied dans « L’ARBRE DE VIE », sont évidemment des déceptions, après ce coup d’éclat.

Après plusieurs années consacrées à la TV, Lee Marvin revient au western pour une courte participation dans « LES COMANCHEROS ». En tueur d’Indiens bestial, à moitié scalpé, il bouffe littéralement l’écran et sa disparition au bout d’un quart-d’heure de film laisse un vide impossible à combler, même par John Wayne. Il retrouve d'ailleurs celui-ci pour « L'HOMME QUI TUA LIBERTY VALANCE », où dans le rôle-titre, Marvin s’éclate sans retenue en bandit vulgaire et violent.

En 1965, il obtient l’Oscar pour sa prestation dans « CAT BALLOU », où il cabotine éhontément dans un rôle d’ex-roi du revolver, devenu clochard. Il tient également le rôle de son frère jumeau, un tueur au nez d’acier. Marvin y est amusant mais il aurait probablement mérité la récompense pour d’autres rôles.

MARVIN LEEsuite

« LES PROFESSIONNELS » l’installe comme roi du film d’action, dans le rôle du leader des mercenaires, et « LA KERMESSE DE L’OUEST », western musical, donne un coup d’arrêt sévère à son vedettariat. La carrière de Marvin aura du mal à se relever de cet échec cuisant. Le film vaut ce qu'il vaut, mais l’acteur y chante « I was born under a wanderin’star » qui fut un tube planétaire.

Marvin garde son look hirsute et barbu pour « MONTE WALSH », beau western crépusculaire, vision réaliste de la vie des cowboys et de la fin d’une ère. « LES INDÉSIRABLES » est un western moderne, où en tandem avec Paul Newman, Lee Marvin campe un traîne-savate laissé pour compte de l’Amérique. Un film hélas, loin d’être aussi passionnant qu'il en a l’air.

Marvin est excellent dans « DU SANG DANS LA POUSSIÈRE », dans un rôle de braqueur de banques égoïste, qui forme des ados admiratifs, pour mieux les sacrifier ensuite. Il retombe dans ses pires travers de cabotinage avec « UN COWBOY EN COLÈRE », mais trouve son maître en la personne d’Oliver Reed, qui l’éclipse, en jouant un Indien ivrogne.

Lee Marvin a beaucoup tourné pour la TV, et particulièrement des westerns. On se souviendra de son mineur détraqué dans un « BONANZA », du hors-la-loi qui kidnappe un juge dans « LE VIRGINIEN » ou du bandido mexicain de « LA GRANDE CARAVANE ».

Sa carrière ne fut pas à la hauteur des capacités du bonhomme, et souvent sa vraie personnalité fut plus passionnante que les rôles qu'il jouait à l’écran, mais l’écho de la voix rocailleuse de Lee Marvin n’a pas fini de se faire entendre.


A NOTER : la biographie de Donald Zec fut disponible en Français, et un excellent petit ouvrage "LEE MARVIN : HIS FILMS AND CAREER" de Robert J. Lentz est sorti en 2005. "LEE : A ROMANCE", les mémoires de sa femme Pamela sont également révélatrices de l'homme, tout comme les extraits d'interviews visibles sur YouTube.

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