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1 juillet 2009 3 01 /07 /juillet /2009 10:15

Si dans les années 50, Elia Kazan qualifiait Marlon Brando de « meilleur acteur du monde » et que vingt ans après, Al Pacino le définissait plus simplement par « Dieu », ce parfait représentant de la légendaire « Méthode » de l’Actors Studio a aujourd'hui perdu une partie de son aura mythique. Pour de multiples raisons : une fin de carrière assez pathétique, où de plus en plus obèse, l’acteur se laissait aller à des numéros de cabotinage surpayés et franchement discutables, une vie privée étalée dans la presse à scandales, des déclarations publiques embarrassantes… Bref, « Dieu » fut revu à la baisse.

Il faut reconnaître que ses détracteurs ont toujours vu en lui un « clown » faisant à peu près n'importe quoi, tandis que ses admirateurs (majoritaires) louent la liberté qu'il a apporté au métier d’acteur et son charisme inné.

Alors, clown ou génie ? La question sera certainement débattue encore longtemps. Brando a tourné quelques westerns et ce qui est intéressant, c'est que l’unique film qu'il tourna en tant que réalisateur, en fut un.

Si « VIVA ZAPATA ! » ne peut pas être considéré comme un western, Brando y porte un holster et monte à cheval, lourdement grimé, pour jouer le révolutionnaire mexicain. C'est Anthony Quinn jouant son frère, qui aura l’Oscar. Six ans plus tard, Brando met en chantier « LA VENGEANCE AUX DEUX VISAGES », d’abord avec Sam Peckinpah, puis Stanley Kubrick aux commandes. Mais les deux hommes ne parviennent pas à maîtriser la personnalité volatile de l’acteur et finalement celui-ci décide de le tourner lui-même. Contre toute attente, Brando signe sinon un chef-d’œuvre, du moins un western d’une incroyable originalité, un voyage psychanalytique dans le mythe de Pat Garrett et Billy the Kid, où le « méchant » se fait appeler « Dad ». Dans le rôle de Rio, hors-la-loi séducteur et cynique, rendu à demi fou par la vengeance, Brando crée un personnage de gros bébé morose et introverti, clairement masochiste. Ses éclats de colère sont impressionnants et ses face à face avec Karl Malden tutoient le génie.

« LA POURSUITE IMPITOYABLE » n’est pas un western, mais Brando y incarne un shérif, représentant les valeurs simples du vieil Ouest, dans un monde qui n’est plus qu’ambiguïté et corruption. À la fin, il s'en va, comme Gary Cooper dans « LE TRAIN SIFFLERA 3 FOIS », abandonnant son étoile.

Étrangement inspiré de « LA VENGEANCE AUX DEUX VISAGES », « L'HOMME DE LA SIERRA » est un western maniéré, empruntant au « spaghetti » par bien des aspects et offrant à Brando un rôle curieux de « gringo » empâté et passif, traînant son ennui de façon manifeste. L’image est sublime, mais Brando complètement à côté de la plaque, se laisse piquer la vedette par l’acteur de séries B John Saxon.

Le dernier western de Marlon Brando, « MISSOURI BREAKS » est un non-évènement. Le film d’Arthur Penn devait être la rencontre au sommet de l’acteur et de Jack Nicholson, dans un film réaliste et âpre. Dans son rôle de tueur à gages, Brando a semble-t-il complètement détourné le propos du film, adoptant des accents invraisemblables, des tenues grotesques, dans un numéro totalement gratuit, frisant l’escroquerie. On peut trouver cela amusant par moments, bien sûr, mais le film n’en sort pas grandi.

Sans l’exceptionnelle réussite de son propre film, on aurait conclu que Brando n’aurait peut-être pas dû s’aventurer dans l'Ouest. Mais avec lui, rien n’est jamais simple…

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commentaires

R
<br /> dieu serait-il un peu humain ? je vous le demande .<br /> <br /> <br />
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