« CITÉ DE LA VIOLENCE » est une coproduction italo-française montée sur le nom de Charles Bronson, choisi pour ses récents succès en Europe et distribué dans un rôle écrit à l’origine pour un comédien beaucoup plus jeune. Le réalisateur Sergio Sollima, maître du ‘spaghetti western’, envisageait plutôt Jon Voight ou Tony Musante. Le scénario aurait d'ailleurs été bien plus logique. Il décrit le parcours d’un hit man œuvrant pour la mafia sans en faire réellement partie. Une sorte de sous-traitant indépendant. C'est tout le problème du parrain local (Telly Savalas), ami du père défunt du flingueur, qui cherche par tous les moyens à le faire entrer dans le rang. Savalas joue donc un « vieux » alors qu'il a trois ans de moins que Bronson !
En mettant ce problème d’âge de côté, Bronson est parfaitement à sa place dans cet univers et trouve un de ses rôles les plus marquants des seventies. Le personnage de Jeff Heston est surtout pour lui, l’occasion de tourner sa première vraie love story. Car c'est bien d’amour fou qu'il s’agit, entre l’assassin professionnel rongé par le remords et une aventurière amorale jouée par Jill Ireland. Il est clair que celle-ci est insuffisante pour ce rôle de garce manipulatrice, figure incontournable du ‘film noir’, mais le couple fonctionne par intermittence et la fin d’un étonnant lyrisme noir, ne manque pas de panache, ni de jusqu'auboutisme.
Bronson fait une composition intéressante dans « CITÉ DE LA VIOLENCE », créant un personnage écrasé par la fatalité et traînant une expression morose du début à la fin. Il faut l'avoir vu en prison, laissant une tarentule lui marcher sur le bras ! Il est très bien filmé, à la manière d’une bête fauve, constamment en mouvement et à l'affût. Sollima clôt son film (SPOILER !) par un gros plan des yeux de Bronson ouverts dans la mort. Le même exactement que dans « IL ÉTAIT UNE FOIS DANS L’OUEST » mais… cadré à l’envers ! À ses côtés, Michel Constantin teint en blond, est bizarrement casté en junkie peu fiable et Umberto Orsini qu'on est plus habitué à voir évoluer chez Claude Sautet, joue un avocat planche-pourrie.
Malgré ses indéniables qualités, dont la lancinante BO d’Ennio Morricone n’est pas des moindres, « CITÉ DE LA VIOLENCE » demeure une série B au scénario faiblard, plombé par des longueurs rédhibitoires (l’interminable séquence sur le circuit automobile, les poursuites en voiture signées Rémy Julienne), mais sauvé par ses cadrages très ‘western’, ses paysages du Sud des États-Unis et la présence minérale de Bronson en pleine possession de ses moyens physiques.
Sans oublier un détail qui ne peut que combler les amateurs : le son des détonations est exactement le même que celui utilisé dans les films de Leone !
Article publié initialement il y a 5 ans, remis en actu pour rendre hommage à son réalisateur Sergio Sollima récemment décédé à l'âge de 92 ans.