« RANCHO BRAVO » (oui, vraiment bravo au titre français, qui n’a strictement rien à voir avec le film !) est un des nombreux westerns « familiaux » tournés par Andrew V. McLaglen à la fin des années 60, réutilisant les acteurs et techniciens vieillissants de son maître John Ford, pour des films le plus souvent jolis à regarder, mais singulièrement insignifiants.
Celui-ci est plus bizarre qu’insignifiant, car l’enjeu principal est l’implantation au Texas, d’une race bovine venue d’Angleterre. Pas sûr que cela passionne tout le monde !
Le scénario fait tous les efforts nécessaires pour tenter de capter l’intérêt : méchants convoitant le taureau, bétail en panique, bagarres à répétition, histoires d’amour compliquées, et même un bovidé répondant quand on lui siffle « God save the Queen ». Mission pas tout à fait remplie, car l’ennui pointe souvent son nez, et l’humour pachydermique des dialogues n’aide en rien. Alors on se console avec les belles images ripolinées de William Clothier, et un casting de premier choix, tirant ses dernières cartouches dans le genre : Jimmy Stewart, qui fait bien plus âgé que ses 58 ans, ne lésine pas sur le cabotinage et les mimiques, un peu à la façon d’un Fernandel en France. Maureen O’Hara ressert son vieux numéro de maîtresse-femme qui n’a pas froid aux yeux, et retrouve Brian Keith, son partenaire de « NEW MEXICO ».
Celui-ci, couvert de postiches, et braillant ses répliques avec un ahurissant accent écossais, semble échappé d’un autre film. La jeune génération est représentée par Juliet Mills et Don Galloway, futur adjoint de « L'HOMME DE FER » de la série TV. Et pour le plaisir, on retrouve des vétérans du western comme Jack Elam, très méchant qui assure trois bagarres d’affilée avec Stewart, Ben Johnson ou Harry Carey, Jr.
Le film oscille entre comédie et mélo, s’enlise un peu dans le décor très curieux d’un fort enneigé en plein Texas, peuplé de « serfs » mexicains, soumis à leur patron écossais, et finit par une happy end pas vraiment surprenante, et un gros-plan de la vraie vedette et raison d’être de tout le projet : un bœuf sans corne à tête blanche.