« UNE CERTAINE FEMME » est un de ces célèbres mélos produits à la chaîne par la Warner et dont Bette Davis fut une des reines incontestées. À priori, grande est notre joie cinéphile de retrouver celle-ci dans ses œuvres, surtout qu'elle partage l’affiche avec le jeune Henry Fonda. Hélas, on déchante vite !
Dès les premières scènes, le scénario donne l’impression de prendre le film en route et d’avoir raté les premières bobines. On a même la sensation de s’être fait arnaquer et que le plus intéressant de l’histoire s’est déroulé avant le début (le massacre de la Saint-Valentin !) ou hors du champ de la caméra (l’accident de voiture de Fonda). Et cela se confirme par la suite, l’auteur-réalisateur gère très maladroitement les ellipses et les changements de ses personnages sont souvent incompréhensibles et/ou illogiques. Que de détours et de louvoiements, pour en arriver à la situation recherchée depuis le début : l’ex-femme de mauvaise vie qui abandonne son fils à l'homme qu'elle aime, lui-même marié avec une infirme en mal d’enfant ! Et comment ne pas pouffer lors de la confrontation entre la reine Bette jouant les saintes et la pauvre dame en fauteuil roulant, rivalisant avec elle de bonté et d’abnégation ?
C'est pourtant très bien photographié, les décors sont beaux, les gros-plans de visages étonnamment expressifs. Mais même au second degré, impossible d’échapper au ridicule de l’entreprise. Bette Davis s’en sort à peu près grâce à son savoir-faire, mais elle fait souvent des mines et semble ailleurs. Quant au pauvre Fonda, dans un personnage de fils de riche benêt et sans caractère, il frise le carton rouge. Il n’a qu’une bonne scène, celle où il se fait salement gifler par son père Donald Crisp. Déjà ça.
À voir seulement pour le fan exhaustif des deux grands acteurs qui feront un peu mieux dans « JEZEBEL » l'année suivante.