« LE RAID », basé sur des évènements réels survenus pendant la guerre de Sécession, est un excellent film, grâce à un scénario aux enjeux complexes, à l’ambiguïté fondamentale de ses protagonistes.
Des Sudistes évadés s’infiltrent dans une petite ville du Nord, pour fomenter un raid meurtrier, piller les banques et brûler les bâtiments. Autrement dit, on est censé sympathiser avec des traîtres, des usurpateurs, des menteurs profitant de la crédulité d’autrui. Le choix de Van Heflin, remarquable acteur mais totalement dénué de charisme, renforce la sensation de malaise : à l’instar du gamin qui le choisit comme idole, le public prend fait et cause pour le personnage fictif qu'il feint d’être, mais ignore tout de sa vraie nature.
Rondement mené, très bien filmé et photographié, « LE RAID » vaut aussi pour son formidable casting, alignant quelques grands noms du western des fifties : Peter Graves parfait en capitaine efficace, Anne Bancroft en jeune veuve craquant pour le félon qui vit sous son toit, Claude Akins, James Best, John Dierkes, et même le garçonnet qui sera plus tard le héros de la série TV « RINTINTIN » qui apparaît dans une séquence.
Deux grands acteurs sortent du rang : Lee Marvin, extraordinaire en « chien de guerre » haineux, incapable de réfréner son goût du sang. Sa dernière séquence à l’église est d’une incroyable tension. Il meurt hélas, bien avant la fin. Et Richard Boone qui compose un beau personnage de planqué aigri, s’éveillant sur le tard à l’héroïsme.
Œuvre sous-estimée, « LE RAID » est un superbe exemple de cinéma d’action ultra-professionnel, qui sans en avoir l’air, fait se poser de bonnes questions sur la guerre et ce qu'elle fait des hommes qui y participent.