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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 06:16

BOOM (1)Réalisé par Vittorio De Sica qu’on n’attendait pas forcément dans ce registre-là, « IL BOOM » est une fable réaliste d’une acidité et d’une méchanceté absolument terrifiantes, qui part d’un sujet de comédie noire et s’achève quasiment en drame métaphysique.

Parce qu'il s’est marié bien au-dessus de ses moyens, Alberto Sordi se voit ruiné et couvertBOOM de dettes. Les amis de sa femme ne voyant en lui qu’un « prolo » parvenu, refusent de lui prêter de l’argent. Alors il accepte de vendre un œil à un richissime promoteur. Et dès que le deal et signé et que les lires recommencent à affluer, il récupère sa femme, ses amis, son statut social. Maintenant, encore faut-il aller jusqu'au bout… Jusqu'à la table d’opération.

Le rire est grinçant depuis la première scène et à mesure que le scénario progresse, il se coince dans la gorge. Épousant la sombre virulence du film, Alberto Sordi compose un personnage plus subtil que d’habitude, pauvre clown pathétique et fou d’amour, qui n’a rien à vendre que son propre corps pour avoir le droit de côtoyer les riches et pour mériter une femme qui ne l’aime que florissant. L’acteur connaît des moments extraordinaires, comme sa crise de panique à la clinique ou son pétage de plombs lors de sa propre ‘party’.

Les auteurs se passent royalement de grands discours et esquivent même la politique, pourtant « IL BOOM » ne parle que de ça : de la cruauté d’un monde où les puissants se nourrissent des faibles. Un demi-siècle plus tard, c'est toujours – et plus que jamais – d’actualité. À ne surtout pas visionner un jour de déprime, donc…

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13 juin 2013 4 13 /06 /juin /2013 06:32

NOS HEROS (1)Écrit par le fameux tandem Age-Scarpelli, « NOS HÉROS RÉUSSIRONT-ILS À RETROUVER LEUR AMI MYSTÉRIEUSEMENT DISPARU EN AFRIQUE ? » (ouf !) est une sorte de ‘road movie’ picaresque et initiatique, confrontant un bourgeois romain aux rêves exotiques, à la rude réalité d’une Afrique bordélique et dangereuse, bien loin des images d’Épinal coloniales. Le petit clin d’œil à Conrad et à son « AU CŒUR DES TÉNÈBRES » n’a évidemment rien d’innocent.NOS HEROS

À la recherche de son beau-frère disparu depuis trois ans, Alberto Sordi entraîne son comptable souffre-douleur (Bernard Blier) avec lui dans un périple incertain, oscillant entre le drame et la farce la plus débridée. Présenté au début, comme une caricature d’homme pressé, imbu de lui-même, véritable Tartarin de Tarascon verbeux et insupportable, Sordi va s’humaniser progressivement et se laisser gagner par le pays non pas tel qu'il le fantasmait, mais tel qu'il est réellement. Au fil de sa quête, il croisera NOS HEROS (2)des prêtres et des mercenaires français, une folle allemande aux allures de fantôme, une tribu primitive, un escroc portugais et finalement, son fameux « beauf » (Nino Manfredi), devenu une espèce de sorcier blanc.

C'est long, un peu inégal, la mise en scène se repose trop sur le zoom et la BO atrocement datée est soûlante, les effets de montage sont trop voyants, mais il règne dans ce film une petite musique singulière, généreuse et bouffonne qui n’appartient qu’à lui. Ettore Scola ne fait jamais la morale : si Sordi déplore la façon ignoble dont les colons portugais traitent les Africains, il ne réalise pas qu'il traite lui-même son pauvre comptable en esclave. De même, s’il fait tout pour ramener Manfredi en Italie, il a accompli un tel parcours, qu'il en vient à douter du bien-fondé de son projet initial.

Un bien curieux film donc, pas totalement convaincant, mais truffé de moments magnifiques, de traits d’humour fulgurants, d’échanges de répliques hilarants entre Blier et Sordi et – cerise sur le gâteau – d’instants d’émotion fugaces qui laissent songeur après le mot « fin ».

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12 juin 2013 3 12 /06 /juin /2013 06:22

VITELLONI (1)Dans « I VITELLONI », il y a tout ce qu’on adore dans le grand cinéma italien et particulièrement dans l’œuvre du Fellini « première manière ». Un mélange de satire sociale, de pathétique, de comique ‘borderline’, des changements de ton abrupts, des bouffées d’émotion inattendues, des personnages à multiples facettes parfois esquissés plutôt qu’expliqués. 

Le scénario en forme de chronique provinciale suit quelques mois de la vie d’une bande de copains chômeurs et oisifs, ancrés dans une enfance qui – ils ont tous la trentaine – aVITELLONI tendance à s'éloigner de plus en plus. Oui, ils ont dû être drôles et truculents ces vieux ados. Mais aujourd'hui, ils ne sont plus que pitoyables et désespérants, comme s’ils avaient laissé passer le train de l’âge adulte et se retrouvaient sur le quai, comme des imbéciles dont personne n’a plus besoin.

Des séquences comme la virée sordide avec le vieux cabotin (implicitement) homosexuel ou le carnaval de passage en ville sont felliniennes en diable, mais servent surtout à dénuder l’âme perdue des protagonistes et spécialement d’Alberto Sordi, fils-à-maman, triste boute-en-train qui ne fait plus rire grand-monde. C'est du grand art et l’acteur une fois de plus, marche sur le fil de la comédie et du mélodrame. À ses côtés, Franco Fabrizi est excellent en bellâtre infidèle et immature soudainement confronté aux réalités de l’existence. Jusqu'aux plus petits rôles, le casting est miraculeux.

Le film réussit le prodige d’être tout à la fois et dans le même temps cafardeux à mourir et joyeux, généreux et cruel. À la fin, il abandonne ses personnages dans leur routine, ne laissant guère d’espoir quant à leur futur, hormis peut-être celui de Franco Interlenghi qui se décide à quitter la région, laissant derrière lui cet enfant pauvre avec lequel il entretenait une étrange relation amicale.

 

À NOTER : le film fut exploité en France sous le titre « LES INUTILES », à peu près oublié aujourd'hui, l’œuvre étant plutôt connue comme « LES VITELLONI ».

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10 juin 2013 1 10 /06 /juin /2013 05:52

DOMMAGE (1)Premier de la douzaine de films que tournèrent ensemble Sophia Loren et Marcello Mastroianni, « DOMMAGE QUE TU SOIS UNE CANAILLE » ne fait certes pas partie des grands classiques de la comédie italienne, malgré un scénario co-écrit par Suso CecchiDOMMAGE D’Amico. C'est une aimable farce qui confronte un chauffeur de taxi un brin neuneu avec la famille excentrique et hors-la-loi d’une belle voleuse à la tire.

L’histoire tient sur un ticket de métro, les va-et-vient entre le garage de taxis et l'appartement du chef des voleurs, Vittorio De Sica fatiguent rapidement et les engueulades/réconciliations entre les deux vedettes ne passionnent guère, d’autant que Mastroianni surjoue la niaiserie sans beaucoup d’inspiration et se laisse croquer tout cru par ses partenaires. Le vieux maestro De Sica est particulièrement délectable en chapardeur professionnel aux manières de grand seigneur, mais les vraies stars du film – et les DOMMAGE (2)seules raisons de le suivre jusqu'au bout – ce sont les pulls moulants de la Loren. À 21 ans, pas encore sophistiquée et « iconisée » par son passage à Hollywood, l’actrice n’a peut-être jamais aussi appétissante et sensuelle. Sa façon de se tenir, de marcher, ses sourires, sa fausse candeur, son absence évidente de complexes la rendent absolument hypnotisante à regarder évoluer sur l’écran. Elle justifie à elle seule l’existence de ce petit film banal et pas vraiment drôle.

Mais pour ce qui est de son face à face avec Mastroianni, on préfèrera revoir « UNE JOURNÉE PARTICULIÈRE » où ils étaient tous deux au summum de leur talent.

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6 juin 2013 4 06 /06 /juin /2013 06:08

COMMISSAIRE (1)Au travers d’une enquête criminelle traditionnelle impliquant des notables, des politiciens, « LE COMMISSAIRE » est surtout le portrait doux-amer d’un petit flic ambitieux, dont le principal intérêt – et pas des moindres – est d’être incarné par Alberto Sordi.

Besogneux, imbu de lui-même, sentencieux et pétri d’assurance, le « commissaire » n’en est pas moins doté d’un certain flair et d’une intégrité à toute épreuve. Mais cette foncièreCOMMISSAIRE honnêteté confine à la naïveté, quand il se confronte à une corruption tellement profonde et généralisée, qu’on peine à en voir le fond. Avec sa bonne tête bovine, sa coiffure insensée, ses gros sourcils, Sordi s’est fait une tête extraordinaire. S’il commence le film en personnage de pure comédie, le propos se transforme peu à peu en la « tragédie d’un homme ridicule » (pour paraphraser un autre classique italien) et le bon gros aux belles chaussures vernies finira en SDF indigent, pour avoir été jusqu'au bout de lui-même : il sacrifie sa carrière dans la police pour innocenter un homme qu'il méprise. Mais nous sommes chez Comencini et dans un scénario signé Age-Scarpelli, aussi l’héroïsme n’est-il pas vraiment de mise. La fin verra notre ex-commissaire devenu un homme-sandwich, toujours aussi arrogant et auto-satisfait.

Entre polar et étude de caractère, satire politique et comédie, « LE COMMISSAIRE » est une œuvre délectable et parfaitement rythmée, dont le moindre rôle est idéalement casté, à commencer par Franca Tamantini, jouant la fiancée de Sordi. Quand son père, médusé par la vision de ce futur et minable gendre demande à sa fille si elle l’aime vraiment, celle-ci répond : « Bien sûr, papa ! ». Et puis ajoute lucidement : « J'ai trente ans ». Tout le cinéma italien qu’on aime – drôle, cruel, pathétique – en deux répliques !

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2 juin 2013 7 02 /06 /juin /2013 06:10

Pour se moquer du cinéma français, les Américains ont l’habitude de dire qu’un film hexagonal, ce sont quelques personnes en train de discuter dans un appartement. Évidemment, c'est difficile de les contredire en voyant « LE PRÉNOM », qui n’est au fond que la « captation » légèrement élaborée d’un succès théâtral, dont le format Scope n’est justifié que par la nécessité de caser le maximum de personnages dans un même plan.PRENOM

Si on accepte le concept d’un film constitué à 98% d’échanges de répliques dans le décor d’une salle à manger et d’un living room, on peut trouver des satisfactions à la vision de la chose : un dialogue efficace et truffé de fines observations, une bonne montée de la tension entre les protagonistes et des numéros d’acteurs inégaux mais parfois intéressants. C'est Valérie Benguigui qui remporte haut-la-main ce concours de « voleurs de scènes », surtout grâce à une explosion cathartique à la fin, qui en dit long sur elle et sur la condition féminine en général. Chapeau bas à l’actrice et aussi aux dialoguistes pour ce bref mais formidable moment.

Que dire d’autre ? Que c'est un peu longuet, qu'il y a une grosse baisse de régime quand l’humour grinçant laisse place à l’émotion (grosso-modo quand le personnage de « Prune » occupe le devant de la scène) et qu’on aurait pu se passer de la matérialisation du rôle de la mère. Même si on aime Françoise Fabian, on aurait préféré l’imaginer, voire la fantasmer.

Thématiquement, la pièce est très proche de celle qui inspira « CARNAGE » de Polanski, cinématographiquement, on est dans la droite lignée du « DÎNER DE CONS » et « CUISINE ET DÉPENDANCES ». Selon l’humeur…

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1 juin 2013 6 01 /06 /juin /2013 06:16

VEUF (1)Signé du maestro Dino Risi, « LE VEUF » est une comédie italienne typique de son époque, une fable amorale, douce-amère et clownesque qui trace le portrait pas tropVEUF flatteur d’un individu lamentable.

Alors dans sa meilleure période, Alberto Sordi – sur qui reposent 90% du film – crée un personnage fabuleux de petit escroc velléitaire, vaniteux, incompétent, mais surtout, jamais battu. Marié à une femme riche qui l’humilie et le rabaisse constamment, il poursuit ses rêves (imbéciles) de richesse et de réussite sociale, entouré d’incapables et de bras-cassés. Goûtant le bonheur d’être veuf pendant 24 heures (ce n’était qu’un malentendu !), il va tout faire ensuite pour que cette situation se pérennise. Mais comme disait si bien la chanson de VEUF (2)Brassens : « Quand on est con, on est con ».

Le scénario est simple et linéaire, mais le ton incroyablement cruel et sans pitié. On ne compatit jamais à la malchance du pauvre Alberto, tant il est bête et auto-satisfait, on l’observe juste comme un insecte nuisible mais très amusant à voir évoluer. L’acteur, en totale liberté, est vraiment fascinant de drôlerie et de précision dans le comique, dosant ses effets au millimètre, sans jamais céder au cabotinage. Il est très bien entouré par Franca Valeri en épouse acariâtre et avaricieuse et Livio Lorenzon, formidable en bras-droit obséquieux et vite dépassé par les évènements.

C'est léger, bien rythmé, on sourit beaucoup, on rit de temps en temps et quand arrive l’épilogue – aussi prévisible qu’inévitable – on applaudit des deux mains. Grands bonshommes, pour un grand cinéma qui savait rester grand, même quand il traitait de petits sujets.

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28 mai 2013 2 28 /05 /mai /2013 06:45

Qu'il est beau, ce film. Et qu'il est dur ! Et qu'il est drôle… Et qu'il est… italien. « UNE VIE DIFFICILE » embrasse toute une période de mutation de l’Histoire de son pays, depuis la fin de la WW2 jusqu'aux sixties à travers la destinée dérisoire d’un petit journaliste idéaliste et incorruptible, dont la grandeur d’âme n’apporte finalement que le malheur autour de lui.

Si la première heure mélange petite et grande histoire dans un même mouvement ample et généreux, la seconde se concentre sur le personnage d’Alberto Sordi et sa lente déchéance,VITA culminant lors d’une éprouvante séance d’ivresse et d’humiliation publique, puis – pire encore – par le renoncement à ses idées et à son combat. Heureusement, même si on sent que Dino Risi fait une petite concession au public, il se rachètera in extremis par une baffe mémorable.

Complexe et d’une lucidité cruelle, le film est porté à bout de bras par Sordi dans un de ses plus beaux rôles. À la fois admirable et pathétique, grandiose et minable, héroïque et pleutre, il se permet tout, donne à son personnage toutes les couleurs de l’humain. Quelques scènes comme celles où, ivre-mort, il crache sur les voitures qui passent, où le déjeuner en tête-à-tête avec son jeune fils qu'il n’a pas vu depuis deux ans, atteignent des sommets d’émotion époustouflants.

À ses côtés, Lea Massari trouve elle aussi un de ses meilleurs rôles et on aperçoit Silvana Mangano et Vittorio Gassman – déguisé en centurion – quelques secondes dans une séquence à Cinecitta.

Entre ce dîner mémorable dans une famille royaliste, les brimades subies par Sordi où qu'il aille, l’enterrement de la ‘mama’, il faudrait citer tous les grands moments de « UNE VIE DIFFICILE ». Mieux vaut le voir et regretter une fois de plus que ce grand, cet immense cinéma italien, ne soit plus aujourd'hui qu’un lointain souvenir.

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13 mai 2013 1 13 /05 /mai /2013 06:01

Dans la droite lignée thématique de « RÉPULSION » de Polanski et de films de fantômes japonais comme « DARK WATER », « BABYCALL » parvient à renouveler le genre par son traitement austère. Entre le drame psychologique intimiste et le film d’horreur traditionnel, le scénario nous fait voir le monde à travers le regard d’une jeune femme perturbée et paranoïaque, obsédée par son enfant qu'elle couve et surprotège jusqu'à l’étouffement.BABYCALL

Mais par touches extrêmement subtiles et rigoureuses, l’auteur insinue de petits dérapages, puis de vraies plongées dans un monde parallèle qui progressivement nous font douter de la raison de l’héroïne et de la réalité de ce qu’on nous montre. Sans rien inventer, le film parvient à demeurer intrigant, déstabilisant et surtout – bonheur pour l’amateur blasé ! – totalement imprévisible. La mise en scène sobre, effacée, dépourvue de tout artifice participe de cette immersion qui finit par être suffocante. L’explication finale réussit même le prodige de n’être pas (trop) lourdingue et redondante.

Grand plaisir enfin, de retrouver Noomi Rapace telle qu'elle nous avait tant plu dans « MILLÉNIUM », avant d’être accaparée et aseptisée par Hollywood. Elle est ici exceptionnelle en femme battue, frêle et traumatisée, couvant en silence des volcans de démence qui n’attendent qu’une étincelle pour entrer en éruption. C'est par la seule intensité de son visage qu’on se laisse peu à peu happer par le récit et qu’on oublie ses repères. Magnifique performance d’actrice qui est le cœur de toute l’entreprise. À ses côtés, Kristoffer Joner est également remarquable en petit vendeur introverti et solitaire.

N’en disons pas trop sur « BABYCALL », un film maîtrisé et intelligent, d’une formidable portée émotionnelle, qui gagne certainement à être revu en en connaissant l’issue.

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10 mai 2013 5 10 /05 /mai /2013 06:28

BOURGEOIS (1)En pleine mouvance de films de ‘vigilantes’ venue des U.S.A., Mario Monicelli décide d’en donner sa propre lecture, sans les artifices du polar et en autopsiant à fond le mythe du « justicier » tant adulé des foules.BOURGEOIS

« UN BOURGEOIS TOUT PETIT, PETIT » est une pure merveille d’intelligence, de férocité et de noirceur, qui nous prend d’abord gentiment par la main pendant une bonne moitié de son métrage en nous brossant un portrait de petit fonctionnaire borné, Alberto Sordi, qui ne rêve que d’une chose : voir son fiston adoré lui succéder au ministère. Pour cela, il est prêt à tout : lécher toutes les bottes, avaler des couleuvres, devenir franc-maçon si on le lui demande, n'importe quoi pour voir l’héritier suivre ses médiocres traces. Mais un jour, celui-ci prend une balle perdue lors d’un braquage et la vie d’Alberto va basculer.

La seconde moitié du film est d’une noirceur suffocante, atroce, sans une lueur d’espoir. Et si le pauvre père éploré se venge effectivement d’un des voyous de façon assez horrible et détaillée sans pitié pour le spectateur, les auteurs ne nous feront pas l’aumône de nous montrer Sordi en ‘vigilante’. Il le deviendra certainement, mais après le mot ‘FINE’. Pas de vengeance cathartique, pas de fusillades sanglantes, pas « d’entertainment », autrement dit. Pour Monicelli, un justicier ne peut être qu’un pauvre type qui a perdu la raison et n’a BOURGEOIS (2)trouvé que le meurtre pour combler le grand vide qu’est devenue son existence.

Sordi est absolument magistral, passant de la veulerie comique, de la vantardise ridicule à la pure tragédie. Ce qu'il fait dans la seconde partie du film est probablement ce qu'il a accompli de plus fort dans sa carrière. Face à lui, Shelley Winters est étonnamment crédible en épouse soumise, superstitieuse et finalement catatonique. Et une mention à l’excellent Romolo Valli en supérieur hiérarchique qui passe une bonne partie de son temps à gratter ses pellicules qu'il recueille dans un tiroir de son bureau.

Le grand cinéma italien a (presque) toujours été un savant dosage de comédie satirique aux limites du clownesque et de constat social âpre et sans concession. Ce film dur, cruel et magnifiquement intelligent en est un bel exemple. Une grosse baffe !

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