Enfin ! Un remake U.S. qui au lieu de radoter et affadir, approfondit certaines pistes du film japonais d’origine et crée un mystère qui lui est propre, sans bêtement se calquer sur son modèle. C'est de plus, beaucoup plus soigné au niveau visuel que « RING ». Seul problème, malgré toutes ses qualités, ses améliorations, « LE CERCLE » ne fera jamais oublier le choc initial que fut la première vision de la fin du film originel. Et spécialement ce plan traumatisant du fantôme aux cheveux gras émergeant du poste de télé en rampant. Brrrr !
La version américaine est un film oppressant du début à la fin, sans la moindre image ensoleillée (tout est gris ardoise), sans une trace d'humour ou d'espoir. On s'enfonce progressivement, jusqu'à ce puits lui-même enterré sous un plancher. Et la réplique du gamin (« Tu n'étais pas censée l'aider ») fait littéralement froid dans le dos. En ne donnant aucune réponse sur la nature de Samara, aucun détail sur ses méfaits, ses pouvoirs, Gore Verbinski ouvre la porte à une nouvelle mythologie d'horreur propice au développement. Naomi Watts joue le jeu avec une énergie rare, en ne s'appuyant sur aucune béquille psychologique, ne composant son personnage que dans l'action. À ses côtés, les vétérans Jane Alexander et Brian Cox sont parfaits comme toujours.
Quelques séquences, comme celle du cheval sur le ferry ou la scène du puits sont marquantes, sans le moindre effet bidon. Pour un remake, c'est à tout prendre, un excellent remake.
Bien sûr, la sequel d'un remake n'incite guère à la confiance ni à l'optimisme, et « LE CERCLE 2 » démarre mal, reprenant maladroitement les personnages du premier film, ne leur donnant à dire que des platitudes explicatives. Et puis tout doucement, l'air de rien, le film trouve son style propre, abandonne complètement le gimmick de la K7 mortelle, pour partir sur une histoire de possession diabolique, qui se développe un peu comme « LA MALÉDICTION », jusqu'au sacrifice salvateur de l'enfant. Encore une fois, le film doit beaucoup au jeu impliqué, ultra-sérieux de Naomi Watts, d'une intensité rare dans ce genre de film, qui a l'intelligence de ne jamais jouer sur la séduction. Elle parvient à rendre crédible ce scénario alambiqué et trop étiré. Le temps d'une séquence, on a le plaisir de retrouver Sissy Spacek enfermée en HP, dans un réjouissant numéro de cinglée échevelée. Simon Baker, le « MENTALIST » de la série TV tient un rôle central mais sans substance.
« LE CERCLE 2 » est très bien filmé, soigneusement cadré surtout, la photo retrouve les teintes ardoise du premier film et l'affrontement final entre Rachel et Samara dans le puits, provoque de sympathiques frissons. Sans oublier cette très étrange et angoissante séquence où la mère et le fils sont encerclés par une troupe de cervidés fantômes agressifs. Les effets numériques y sont particulièrement convaincants. L'un dans l'autre, une suite nullement honteuse.
À noter que la réplique finale : « I’m not your fuckin’ mommy ! » sera reprise telle quelle et dans une situation très similaire à la fin de l’excellent « ESTHER ».