Récemment révélé par « PRECIOUS », le producteur-auteur-réalisateur Lee Daniels avait signé cinq ans plus tôt un film complètement oublié, « SHADOWBOXER » vendu comme un vulgaire DTV à gros flingues (voir l’affiche !). Seule la présence au générique de la vénérable Helen Mirren pouvait titiller la curiosité du cinéphile. Que pouvait-elle bien faire dans un polar fauché avec Cuba Gooding, Jr. ?
De fait, « SHADOWBOXER » n’a de polar que l’apparence. Dans la lignée du « FLINGUEUR » ou du mal-aimé « ASSASSINS » de Richard Donner, c'est un pur film d’auteur déguisé en ‘blockbuster’. Mais malgré ces références, il ne ressemble à rien de connu. Et ses protagonistes ont beau être des tueurs à gages, on ne peut même pas le comparer à Melville ou Woo. Une génération spontanée, en somme.
C'est en fait une sorte de thriller œdipien, à la mise en scène ultra-stylisée, complètement coupé de toute réalité sociale. Les personnages quasi-symboliques évoluent dans un univers glacé et aseptisé, mais les scènes de sexe sont étonnamment explicites, voire brutales et il pèse sur tout le film comme un mauvais présage.
Mirren est absolument magnifique en flingueuse vieillissante, rongée par le cancer. De pourvoyeuse de mort, elle se métamorphose en sage-femme puis en mamie gâteau, achevant son cycle par une mort orgasmique. À ses côtés, l’habituellement irritant Gooding n’a jamais été meilleur qu’en disciple-amant-fils incestueux aux émotions anesthésiées. Tous les seconds rôles ont quelque chose à défendre.
« SHADOWBOXER » fait partie de ces découvertes improbables, comme le fut par exemple « PANIC » autre film de tueurs avec William H. Macy. Un vrai diamant noir, jamais prévisible, et qui s’achève sur une fausse happy end et un véritable malaise. Bref, très chaudement recommandé !