La petite musique triste d’Alexander Payne s’était déjà fait entendre dans « M. SCHMIDT » ou « SIDEWAYS ». Elle revient dans « THE DESCENDANTS », telle qu’en elle-même, une sorte de rengaine ténue mais entêtante, qui peut irriter autant qu'elle obsède.
Car si le film peut irriter, c'est par son apparente futilité. L’anecdote est mince, presque squelettique : alors que sa femme sombre dans un coma irréversible suite à un accident, un business man hawaiien apprend qu'elle avait un amant. C'est à peu près tout. Ah ! Si… Dans le même temps, il doit régler une vente de terres ancestrales appartenant à sa famille, une vente qui menace l’intégrité du paysage. Finalement, de quoi parle le film ? De deuil ? De pardon ? De responsabilité ? Sûrement et de pas mal d’autres petites choses. C'est très éparpillé, constamment suggéré, la plupart des situations sont désamorcées par un ton très particulier, oscillant entre l’émotion premier degré et un certain sens du ridicule pathétique.
Soyons clairs : si le film se suit – gentiment, sans passion – jusqu'au bout, c'est grâce à George Clooney. De plus en plus sobre, sûr de son image et économe de ses effets, l’acteur est formidable dans ce rôle de père débordé, malheureux, lamentable parfois, mais toujours digne et sympathique. L’acteur s’impose vraiment comme le descendant (c'est le cas de le dire !) des Gary Cooper ou Cary Grant d’antan, transcendant sa séduction physique par une humanité incertaine et une constante autodérision. Les scènes en tête à tête avec sa femme inconsciente à l’hôpital, comptent parmi les plus belles qu'il ait jamais interprétées. À ses côtés, les enfants sont excellents et on retrouve avec plaisir de bons comédiens comme Judy Greer et Robert Forster en beau-père odieux. Beau Bridges apparaît brièvement en cousin chevelu et âpre au gain.
Alors, que penser de « THE DESCENDANTS » ? Plutôt du bien globalement, tout en se demandant la nécessité fondamentale de raconter une telle histoire. À réserver aux amateurs de chroniques familiales appréciant un langage plus littéraire que cinématographique.