Il serait injuste de juger « JAMES BOND 007 CONTRE DOCTEUR NO », 50 ans après sa réalisation, en le comparant à ses successeurs ou au cinéma d’action contemporain. Mais force est de reconnaître qu’au-delà de ses naïvetés, de ses faiblesses scénaristiques et esthétiques, le film a posé les jalons de tout un pan de cinéma, que ce soit au niveau de son (anti)héros ou de la construction de l’histoire.
Étonnant aussi de s’apercevoir à quel point tous, absolument TOUS les éléments qui firent le succès de la ‘franchise’ 007 sont déjà opérationnels : le générique « psychédélique » (rudimentaire, mais bien présent), le prologue avec ‘Q’ et ‘M’, le Martini, l’exotisme (ici, la Jamaïque), le superméchant aux projets destructeurs, les pin-ups peu farouches, etc. Jusqu'à l’arrivée de Daniel Craig, tous les autres films ont repris exactement le même schéma. Alors aujourd'hui, que reste-t-il vraiment de ce précurseur tout de même un peu vieillissant ? De jolies couleurs vives (surtout en Blu-ray), des décors bien exploités, des femmes sexy en diable et surtout le jeune Sean Connery. Déjà incroyablement sûr de lui et de son charisme, il traverse l’action avec un flegme mêlant machisme et autodérision, donnant de l’épaisseur à un personnage somme toute fantomatique et sans âme. C'est un plaisir de le voir se mouvoir, esquisser ce demi-sourire menaçant, lever imperceptiblement le sourcil avec une pointe d’autosatisfaction. Dès le premier plan, dès sa première réplique (« Bond… James Bond »), tout Connery est là, tel qu’en lui-même il ne fera que se bonifier par la suite. Et le voir abattre un ennemi désarmé de sang-froid a dû créer un choc en 1962...
Parmi ses partenaires, on reconnaît avec plaisir l'Américain Jack Lord en agent de la CIA et le Canadien Joseph Wiseman (jouant Dr. No, un savant fou… chinois !) et évidemment la mythique Ursula Andress, dont le bikini blanc et les cheveux mouillés n’ont pas fini de susciter des fantasmes.
Ne pas s’attendre à un miracle donc, en revoyant ce n°1 d’une collection qui dure encore. On s’y ennuie pas mal, les transparences sont vieillottes, la durée est excessive, mais il contient tant de choses en germe qu’on ne peut qu’applaudir des deux mains, en appuyant de temps en temps sur la touche « avance rapide » de sa télécommande.