Tourné un an après le petit classique « L’ÉTRANGE CRÉATURE DU LAC NOIR », « LA REVANCHE DE LA CRÉATURE » n’en est pas vraiment une sequel. Il reprend simplement le « personnage » de ce monstre préhistorique mi-homme mi-poisson qu'il fait cette fois capturer par des explorateurs yankees, sur une trame faisant plus qu’évoquer celle de « KING KONG ». La belle finissant là encore, par tuer la bête.
Les mentalités ayant tout de même pas mal évolué en 60 ans, on peut tout à fait voir ce film en s’identifiant au monstre : en effet, il est traqué, dynamité et enchaîné alors qu'il n’embêtait personne dans son marais sud-américain. Il est ensuite enfermé, chaîne à la cheville dans un aquarium, puis torturé à l’aide d’une matraque électrique. Comment s’étonner qu'il finisse par s’énerver, le malheureux ? Aussi, quand enfin il s’évade, on applaudit des deux mains. Hélas, sensible aux bikinis de la jeune première (ce qui prouve qu'il est plus homme que bête !), il n’ira pas bien loin.
C'est de la série B naïve et joyeuse, écrite avec les pieds (ce dialogue !), mais pleine d’enthousiasme et de mouvement. Les séquences sous-marines sont – pour l’époque – plutôt bien tournées et le ‘gill man’, même s’il n’arrive jamais à faire oublier qu'il est un figurant en costume de caoutchouc, finit par être attachant. Côté acteurs « humains », c'est moins brillant : outre Nestor Paiva jouant un vieux pêcheur et unique revenant du premier film, on a droit au fade John Agar, souvent vu chez John Ford, à la jolie Lori Nelson, au costaud John Bromfield futur héros de la série TV « U.S. MARSHAL » et – last but not least – à Clint Eastwood lui-même ! Alors novice sous contrat à l’Universal, il faisait ses débuts devant une caméra. On l’aperçoit une minute vers le début du film, jouant un laborantin travaillant pour Agar. Il s’inquiète de la disparition d’une souris et soupçonne même un chat censé être « pacifique » de l’avoir bouloté.
Heureusement, Clint avait simplement oublié le rongeur dans la poche de sa blouse ! Bien malin alors, celui qui aurait pu prédire que six décennies plus tard, le laborantin serait toujours là et qu'il serait devenu une légende vivante…
Bref, une vieillerie sympathique et inoffensive qui confirme bien ce qu’on supputait depuis les déboires du roi Kong : quand on est une bestiole préhistorique, unique survivante de son espèce, on évite de se faire choper par des humains. C'était la morale du jour. Tenez-vous le pour dit.