Bon ! Déjà, pour que tout soit parfaitement clair : personne ne s’appelle Django dans « TIRE DJANGO, TIRE ! ». Ce petit point de détail réglé, ce ‘spaghetti western’ est bien signé Corbucci, mais pas Sergio hélas : Bruno, son petit frangin. Évidemment tout de suite, ça calme…
Pourtant, à tout prendre, on a vu bien pire dans le genre. À bien y regarder, malgré ses emprunts scénaristiques aux classiques de Leone ou Sollima, le film semble annoncer avec six ans d’avance le thème de « APPORTEZ-MOI LA TÊTE D’ALFREDO GARCIA ». Toutes ces références sont alléchantes. Maintenant, il faut être lucide, si « TIRE DJANGO, TIRE ! » n’est pas trop ennuyeux et s’il est même plutôt bien filmé, il n’en demeure pas moins extrêmement bancal et surtout, plombé par une BO atroce, qui tente d’ajouter après-coup une ambiance humoristique à un film qui n’a rien de drôle. Par moments, on se croirait dans une comédie napolitaine avec Totó !
Chargé de ramener son fils à un riche rancher mexicain, un pistolero retrouve celui-ci au sein d’une bande de hors-la-loi et le kidnappe. Le film devient alors une sorte de ‘road movie’ égayé de péripéties mollassonnes, décrivant l’amitié naissante entre les deux gaillards. Le physique d’angelot blond à frange du garçon ajoutant une ambiance très crypto-gay à l’ensemble. La brève apparition d’Erica Blanc en veuve avenante, ne sert manifestement que d’alibi aux relations ambiguës des ‘hombres’ qui partiront d'ailleurs côte à côte vers le soleil couchant à la fin.
C'est l’américain Brian Kelly qui joue le héros à cigarillo. Si on se souvient de lui en gentil papa des bambins dans la série « FLIPPER LE DAUPHIN », le changement est évidemment notable. À part ça, il ne fait rien d’extraordinaire si ce n'est de jouer les sous-Eastwood et de manier le fouet. On aperçoit aussi Keenan Wynn, qui tournait la même année dans « IL ÉTAIT UNE FOIS DANS L’OUEST », jouant un chef de bande semi-comique et amouraché d’un… canard. Un ‘gimmick’ ridicule, qui ne sert strictement à rien dans l’histoire ! Le vétéran italien Folco Lulli joue sans conviction les Emilio Fernández de service.
On ne peut qu’imaginer quel film cela aurait pu être avec une musique moins invasive et exaspérante. Mais celle-ci est tellement présente, tellement à contretemps, à contre-tout, qu’on ne se souvient finalement que d'elle.