Inspiré de faits réels et d’un pan particulièrement honteux de l’Histoire américaine (il y en a d’autres !), « SACCO & VANZETTI » s’inscrit dans la mouvance du cinéma politique italien des années 70 et un des deux rôles principaux est d'ailleurs tenu par l’acteur porte-drapeau Gian Maria Volontè.
Le film est long, copieux, d’une sobriété confinant à l’austérité, d’une volonté de sérieux très estimable. La belle musique d’Ennio Morricone et la chanson mythique de Joan Baez sont utilisées avec parcimonie et sans désir de surdramatiser les évènements. Il faut dire qu'ils se suffisent à eux-mêmes.
Le scénario suit pas à pas le procès de deux « radicaux » italiens arrêtés à Boston pour un hold-up qu'ils n’ont pas commis. La justice américaine va donc déguiser ce procès fondamentalement politique en une affaire criminelle falsifiée, pour éradiquer deux innocents devenus des symboles encombrants.
C'est révoltant comme ont pu l’être les meilleurs films de Costa-Gavras, soigneusement reconstitué malgré un abus du zoom et malgré des décors parfois un peu ‘cheap’.
Le film doit beaucoup à ses deux acteurs : Riccardo Cucciolla impressionnant de rigueur dans le rôle de Sacco, petit homme introverti et obstiné, enfermé dans son mutisme. À ses côtés, Volontè compose un magnifique Vanzetti bouillonnant intérieurement, un brin poseur, totalement crédible. Ils sont bien entourés par Cyril Cusack remarquable en procureur raciste et fielleux et William Prince en vieil avocat qui va perdre ses dernières illusions au cours des sept années de procédure.
Sans atteindre les hauteurs de certaines œuvres de Francesco Rosi, le film de Giuliano Montaldo est fort et digne, ne cède jamais au spectaculaire ou au pathos et laisse sur une sensation d’impuissance et de dégoût.
À NOTER : inédit en France (pourtant coproductrice du film) et aux U.S.A., le film vient de sortir dans un superbe Blu-ray en Italie avec une version italienne et une anglaise (excellente), mais sans sous-titre.