« LA MÔME VERT DE GRIS » marque la première aventure de cinéma de Lemmy Caution, agent du FBI inspiré des romans de Peter Cheyney. Dire que le film a vieilli est un doux euphémisme et s’il est visible aujourd'hui, c'est uniquement en tant qu’antiquité périmée mais rigolote au énième degré.
Dès les premières séquences, on sourit : la première apparition de Lemmy annonce avec neuf ans d’avance les films de 007. Notre agent est en train de lutiner la secrétaire de son patron, avant que celui-ci ne l’appelle dans son bureau et le salue par un cordial « Hello, Eddie ! », confondant l’acteur et son rôle ! Apparemment, cela n’a gêné personne. Eddie Constantine compose un héros assez consternant : peloteur, l’humour pachydermique, la drague insistante, le sourire autosatisfait, son Lemmy Caution est une transposition assez ringarde des Mike Hammer ou Sam Spade made in U.S. dans le cinoche hexagonal. Située au Maroc, l’enquête de notre superflic est une succession de chausse-trappes, d’évasions, de bagarres (en accéléré !) et de dialogues « marioles ». Ainsi Lemmy provoque-t-il la môme en lui balançant : « À côté des filles de Dallas, tu es une nature morte. Et tu embrasses comme une saucisse ! ». Dominique Wilms, qui joue une « pépée rudement bien carossée » fait la moue en fumant clope sur clope. À noter que quelques comédiens débutent dans des rôles minuscules : Maurice Ronet se fait tuer après quelques répliques, Georges Wilson lui est… déjà mort dans une cabine téléphonique et Roger Hanin apparaît fugitivement en porte-flingue flou et dans l’ombre.
Le méchant est joué par Howard Vernon qui affiche le même genre de visage d’iguane que Constantine auquel il ressemble comme un frère.
À revoir « LA MÔME VERT DE GRIS », on a du mal à imaginer qu'il a eu suffisamment de succès à l’époque pour engendrer une ‘franchise’ et surtout un personnage iconique qui poursuivit Eddie Constantine jusqu'à sa mort.