Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 septembre 2010 7 05 /09 /septembre /2010 18:12

PEAU (1)« LA PEAU » avait tout pour être une sorte de film définitif sur les horreurs de la guerre, la honte des vaincus et l’abjection du guerrier entre deux champs de bataille. Dantesque, PEAUglauque jusqu'à la nausée, s’achevant en paroxysme apocalyptique (même le Vésuve en éruption se mêle à l’orgie d’horreurs !), le film est handicapé par un scénario morcelé, composé d’une succession de vignettes à peine reliées les unes aux autres et par la réalisationPEAU (2) étonnamment académique de Liliana Cavani.

« LA PEAU » se vautre délibérément dans le vomitif : images de ventres ouverts, de tripes à l’air (même les chiens n’y coupent pas), séquences choquantes comme celle où des mères vendent leurs garçonnets à des soldats « hypersexués » (sic !), ou encore ce poisson cuit au four, ressemblant étrangement à un bébé humain. Pour finir par ce plan dont tout le monde a parlé à la sortie : celui de ce pauvre homme complètement aplati par un tank. Symbole (trop) évident de l’Italie humiliée, écrasée par ses propres alliés PEAU (3)venus se repaître de ses pauvres vestiges.

C'est aussi fascinant que dérangeant, parfois beau et souvent écœurant. La photo est magnifique comme les décors : la villa de Malaparte à Capri est celle immortalisée par « LE MÉPRIS ». Heureusement, Marcello Mastroianni tout en élégance fatiguée fait le lien et maintient l’intérêt sur sa personne, ainsi qu’un semblant d’émotion. Sorte de narrateur-chœur antique, il déambule avec une classe innée, assistant résigné, au naufrage de son pays en décomposition. À ses côtés, quelques ‘guests’ de prestige comme Claudia Cardinale en princesse évanescente et Burt Lancaster parfait en général yankee grossier, mégalo et insensible. Les scènes où il marchande avec un mafioso des prisonniers allemands au kilo, sont totalement surréalistes.

Si « LA PEAU » est trop long, inégal, parfois confus, impossible de nier son impact immédiat et le malaise persistant sur lequel il laisse le spectateur après le mot ‘Fin’.

 

À NOTER : la v.o. italienne est un peu curieuse, car tout le monde parle italien même les Américains. Ce qui n’empêche pas Mastroianni de faire le traducteur, alors que tous parlent la même langue ! Très perturbant…

Partager cet article
Repost0
30 août 2010 1 30 /08 /août /2010 21:18

Belle (re)découverte que « VERTIGES », œuvre unique en son genre, flottant comme son personnage central dans les limbes très flous séparant la normalité de la folie. Dans une ambiance décadente, poussiéreuse, malsaine au possible, c'est un des films qui décrit avecVERTIGES le plus d’acuité la vie dans un asile psychiatrique. Certaines images comme ces malades couchés nus dans des cellules pleines de paille, sont extrêmement frappantes.

Présenté comme un saint-homme légèrement libertin, le professeur Marcello Mastroianni se fissure progressivement, pour révéler ses véritables motivations qui sont égoïstes : la peur, la terreur abjecte de devoir occuper un jour un lit au côté de ses patients.

« VERTIGES » baigne dans un érotisme morbide et suffocant. Le sexe est intimement lié à la démence et seule Françoise Fabian, apparemment frigide et abstinente, semble échapper à l’abime béant.

Mais la vraie folie, la plus grave, la plus terrifiante, ce n’est pas à l’hôpital que Mauro Bolognini nous la montre. C'est dehors. À la fin, quand le professeur comprend soudain avec horreur, qu’en dehors de ses murs, l’Italie a bougé, qu'elle est en proie au fascisme et qu'elle est devenue tout entière un asile à ciel ouvert.

La BO d’Ennio Morricone est riche et extrêmement variée, allant de l’abstraction déstabilisante pour les séquences d’hôpital, à la nostalgie poignante quand il se rapproche des protagonistes, tout particulièrement de la belle Lucia Bosè.

Un film inconfortable, mais constamment fascinant.

Partager cet article
Repost0
19 juin 2010 6 19 /06 /juin /2010 18:50

ENQUETE...Pantin grotesque et terrifiant, chefaillon bouffi de suffisance et d’orgueil, despote grisâtre au cheveu gras peigné comme un communiant, Gian Maria Volontè compose un personnage d’une horrible banalité, en adoptant un jeu pourtant théâtral et survolté.

ENQUETE... (1)C'est sa composition hallucinée qui porte « ENQUÊTE SUR UN CITOYEN AU-DESSUS DE TOUT SOUPÇON » et fait passer le message d’Elio Petri sur le pouvoir et ses inévitables dérives.

Complètement perverti, le flic campé par Volontè commet un meurtre, laisse sciemment des preuves aveuglantes l’incriminant, dans le seul but de prouver qu'il est ENQUETE... (2)intouchable. Il l’est d'ailleurs tellement, que lorsqu’il voudra finalement expier, ce droit lui sera dénié. Formidable dissection de la machine étatique qui fait une bouillie des idéologies, mélange allègrement les criminels et les opposants politiques, pratique une torture permanente sous toutes sortes de formes, le film est une espèce de cauchemar paranoïaque qui semble s'éloigner progressivement du réel, pour se transformer en absurde ballet de marionnettes sans visage.

C'est, avec « LE CHRIST S’EST ARRÊTÉ À EBOLI » dans un registre totalement opposé, le plus beau rôle de Gian Maria Volontè qui compose un monstre misérable et odieux, ENQUETE... (3) absolument répugnant, qui n’est au fond qu’un banal rouage de la machine, qui s’est grippé. L’acteur est fascinant de bout en bout, semblant faire corps avec la BO pulsante et obsédante d’Ennio Morricone qui paraît émaner de sa cervelle avariée. À ses côtés, Florinda Bolkan apparaît essentiellement en flash-back, en mondaine sado-maso qui se plaît à l’humilier et sait le voir tel qu'il est : un vieil enfant impuissant et ridicule.

Du grand cinéma politique, mais pas seulement. Un chef-d’œuvre qui plonge aux tréfonds du marécage humain.

Partager cet article
Repost0
1 juin 2010 2 01 /06 /juin /2010 09:53

MORT JARDIN (1)Difficile de déceler la patte de Luis Buñuel dans ce film d’aventures qui ressemble à un mélange de John Huston (« THE AFRICAN QUEEN ») et Clouzot (« LE SALAIRE DE LA PEUR »), que ce soit dans son look ou ses thèmes. Même la présence de Charles Vanel renvoie au second, où il tenait un rôle très proche par bien des aspects.

Si le film met longtemps à démarrer et s’enlise un peu dans sa révolte de chercheurs de diamants et leur lutte contre les militaires, « LA MORT EN CE JARDIN » décolle dès que les protagonistes se retrouvent perdus dans la jungle, tels des âmes damnées au purgatoire. La forêt est magnifiquement filmée, certaines images (le boa dévoré par les fourmis rouges) marquent durablement la mémoire et les personnages prennent une dimension quasi-symbolique. On retrouve Buñuel dans ses piques anticléricales un peu lourdes et insistantes, pas vraiment nécessaires, mais toute la partie « jungle » du film est superbe, jusqu'à cette carcasse MORT JARDINd’avion providentielle, symbole de vie et de mort à la fois.

Simone Signoret est inhabituelle en prostituée sans foi ni loi, odieuse et touchante, Georges Marchal fait un aventurier très acceptable et Michel Piccoli est visqueux à souhait en missionnaire ambigu.

Regrettons un choix très gênant aujourd'hui, qui fait s’exprimer tout le monde en parfait français sans accent dans la première moitié, mais découvrons – dans une copie immaculée qui plus est – cette œuvre méconnue.

Partager cet article
Repost0
9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 19:28

Comme « LOST IN LA MANCHA », « L’ENFER D’HENRI-GEORGES CLOUZOT » est leENFER making-of d’un film mort-né que nul ne verra jamais.

Autant Terry Gilliam avait joué d’une phénoménale malchance avec son tournage, autant pour Clouzot l’ennemi venait de l’intérieur. De l’intérieur de lui-même. Préparant un scénario somme toute assez banal sur la jalousie, le grand réalisateur de « QUAI DES ORFÈVRES » ou « LE SALAIRE DE LA PEUR » s’est mis en tête de créer des effets visuels inédits. Il se lança donc dans des essais – dont certains assez extraordinaires – qui durèrent des mois. Et quand les producteurs américains les virent, ils furent suffisamment impressionnés pour lâcher la phrase fatale : « Budget illimité ».

À partir de là, les portes de l’enfer se sont effectivement ouvertes et Clouzot a entraîné son équipe dans un tournage apocalyptique, boursouflé de dollars, auquel nul ne comprenait rien. Jusqu'au départ de la vedette Serge Reggiani, jusqu'à l’infarctus du réalisateur qui mit fin à l’aventure.

Le film, mi-docu, mi-fiction, comprend de banales interviews façon talk-show, des séquences recréées par deux comédiens d’aujourd'hui, des scènes d’époque plus ou moins montées, des plans volés, des instants de vie figés pour l’Éternité. C'est fascinant et triste, magnifique et pathétique. Quelle serait la morale de l’histoire ? Pas d’Art sans contrainte ?

Le pire est que Romy Schneider n’a jamais été aussi lumineuse que dans ces lambeaux de film !

Partager cet article
Repost0
25 mars 2010 4 25 /03 /mars /2010 18:03

TROYENNESLes origines théâtrales des « TROYENNES » se font plus ressentir que dans « IPHIGÉNIE », chef-d’œuvre postérieur de six ans de la même équipe. Respectueux d’Euripide, le scénario fait se succéder quatre femmes au lendemain de la destruction de Troie.

Quatre figures tragiques, parquées dans les ruines fumantes, errant dans les cendres, criant leur malheur, impuissantes à sauver leurs enfants, condamnées à l’esclavage. D’où une certaine sensation de répétition qui finit par lasser. Hurlant à la mort, se roulant dans la poussière, s'adressant aux Dieux, les quatre stars sont absolument électrisantes et maintiennent malgré tout l’intérêt.

La silhouette la plus frappante est celle de Katharine Hepburn, emmitouflée dans ses guenilles noires, le visage anguleux, les mains noueuses, on dirait la Grande Faucheuse elle-même. Geneviève Bujold est magnifique en Cassandre à demi folle, à donner le frisson, Vanessa Redgrave a une longue scène éprouvante lorsqu’on lui arrache son jeune fils pour l’exécuter. Et Irène Papas – l’indispensable Papas – offre une image plutôt rare d’Hélène de Troie : tentatrice insensible et hypocrite, prête à tout pour sauver sa peau. Son face à face avec Hepburn est grandiose.

Michael Cacoyannis parvient au juste équilibre entre théâtre filmé, grand spectacle et intimisme, mais la nature même de la pièce l’empêche de retrouver complètement l’état de grâce de certaines autres de ses œuvres.

« LES TROYENNES » est tout de même indispensable, pour admirer quatre immenses comédiennes au sommet de leur art.
TROYENNES (1)

Partager cet article
Repost0
8 mars 2010 1 08 /03 /mars /2010 18:13

IPHIGENIE (4)Passer deux heures en compagnie du texte d’Euripide pour un film grec (en Grec !) tourné il y a plus de trente ans, voilà qui relève a priori du pur challenge masochiste. Le film de Michael Cacoyannis vient à point pour faire taire les préjugés.

IPHIGENIE« IPHIGÉNIE » est une des plus belles adaptations théâtrales jamais filmées, un film qui arrive progressivement à redonner vie et chair à une tragédie jouée et rejouée, jusqu'à perdre saIPHIGENIE (2) puissance émotionnelle.

Le réalisateur parvient à recréer une ambiance ‘antique’ sans jamais sombrer dans le kitsch du péplum hollywoodien ou italien. Par sa façon de filmer réaliste mais toujours esthétique, il redonne un poids de réalité à ces décors écrasés de soleil, à ces visages barbus, luisants de sueur. D'ailleurs, certains gros-plans et extérieurs ne sont pas sans évoquer le ‘spaghetti western’ par la minutie des cadrages et l’extrême netteté de la photo.

Étant donné qu'il est impensable de tourner une tragédie grecque sans celle qui a fini par l’incarner, c'est Irène Papas qui tient le rôle de la mère déchirée, lionne impérieuse et IPHIGENIE (3)impuissante. L’actrice n’hésite jamais à aller au bout des émotions les plus absolues, jusqu'au hurlement, au cri primal : elle est impressionnante. Mais s’il faut voir le film ce sera beaucoup grâce à l’époustouflante interprétation de Tatiana Papamoskou dans le rôle-titre. Une presque femme, qui en quelques minutes passe de l’adolescente naïve et effrayée à l’héroïne hiératique, offrant sa vie en sacrifice à son pays. Grâce à ces deux femmes, la pièce retrouve son frémissement, son horreur aussi, tant la proximité de la mort devient tangible.

Les personnages masculins, du pleutre et menteur Agammemnon au narcissique Achille, ne font vraiment pas le poids.

La BO de Mikis Theodorakis, solennelle, obsédante, ajoute à l’ambiance inexorable du film.

Dans le genre, et contre toute attente, un pur chef-d’œuvre.

IPHIGENIE (1) 

À NOTER : la magnifique copie du film sortie il y a trois ans chez Warner en zone 1, en 16/9 avec sous-titres français.

 

Partager cet article
Repost0
22 décembre 2009 2 22 /12 /décembre /2009 20:46

ETREINTES BRISSES
Il y a dans « ÉTREINTES BRISÉES » une séquence magnifique, qui ressemble à ce qu’aurait dû être tout le film : celle où Penélope Cruz annonce à son vieil amant qu'elle le ETREINTES BRISSES (1)quitte, par écran interposé, en postsynchronisant elle-même ses mots, depuis le fond de la pièce. C'est simple, c'est fort, ça raconte énormément de choses sur la force du cinéma, sur la sublimation des stars.

Pour le reste, c'est plus compliqué… C'est beaucoup trop bavard, le scénario est un peu « light » (qui a été surpris par le lien unissant le réalisateur et le fils de son agente ?), le film paraît bien plus long qu'il n’est réellement, les comédiens masculins sont loin d’être transcendants. Reste que « la Cruz » est en progrès constant, et sa personnalité semble s’affirmer de plus en plus depuis son film avec Woody Allen.

On se souvient d’images, comme cette plage noire de sable volcanique, mais « ÉTREINTES BRISÉES » n’est pas « 8 ET DEMI », pas même « HOLLYWOOD ENDING », malgré la cécité de son réalisateur, et on se pose soudain une question embarrassante… Surtout pour un amateur de westerns, sur un blog sur le western pas spécialisé dans le film d'auteur espagnol abonné au festival de Cannes… Donc, sans grand rapport avec la dite-question… Tout à fait entre nous, Pedro Almodóvar ne serait-il pas un chouïa surestimé ? Ce n’est qu’une question en l’air, bien sûr.

Partager cet article
Repost0
23 octobre 2009 5 23 /10 /octobre /2009 11:25

Coproduction italo-allemande, « FANTÔME D’AMOUR » est un drôle d’objet. Réalisé par l’habituellement caustique Dino Risi, c'est une sorte de fable sur l’impossible deuil d’un amour de jeunesse, un rêve éveillé poétique, mais tenté par l’horreur de série B.

Risi est passé tout près d’un grand film d’amour fou, mais sa patente méconnaissance du genre qu'il explore ici, le fourvoie trop souvent dans des dialogues platement justificateurs, une voix « off » redondante, et des scènes complètement grotesques, comme celles centrées sur ce prêtre défroqué, au physique de vampire gay, roulant des yeux parmi ses vieux grimoires. Pas loin du pastiche, le signore Risi !

Malgré tout, le film parvient à garder une certaine magie, grâce à la photo délicate de Tonino Delli Colli (le chef-op de Sergio Leone), la BO de Riz Ortolani jouée par Benny Goodman, et le charisme indéniable de Romy Schneider et Marcello Mastroianni, effacé et touchant. À noter aussi, l’excellence du maquillage de l’actrice, dans certaines séquences où elle est censée être ravagée par le cancer : impressionnant ! Tout y est, même les dents pourries… On compatit, quand elle supplie le pauvre Marcello de l'embrasser !

Malgré ses naïvetés et lourdeurs, « FANTÔME D’AMOUR » vaut donc le coup d’œil, et peut encore envoûter durablement.

Le DVD sorti en zone 2, ne contient que la v.f., mais comme les deux stars se sont doublées elles-mêmes, ce n’est jamais gênant.

Partager cet article
Repost0
17 octobre 2009 6 17 /10 /octobre /2009 19:18

Comme les Corleone ont déménagé dans le Nevada pour le second « PARRAIN », les Bettoun émigrent à Miami. Et on démarre évidemment, le film par une grande fête. Ensuite, on pioche plutôt dans le « SCARFACE » de DePalma, et même copieusement, sans oublier d’innombrables allusions au premier « PARRAIN » (les chiens de course étripés, au lieu du pur-sang décapité). Mais cette fois, pas de bonne surprise, comme pour le précédent : ce n°2 est ce qu'il est, rien de plus : un n°2.

Un peu disproportionné et bourratif, ce « GRAND PARDON II » se laisse regarder sans déplaisir, ne serait-ce que pour voir côte à côte Navarro et le « KING OF NEW YORK » lui-même : l’inimitable Christopher Walken, qui reprend le rôle de Paul Shenar (Sosa) dans « SCARFACE », poussant le luxe à en faire un fils de nazi, histoire de pimenter son face à face avec les gangsters juifs de Montmartre. On a même droit à Jill Clayburgh, l’ex « FEMME LIBRE » des seventies, qui finit ici dans le lit de Raymond Bettoun. Là aussi, plutôt surréaliste !

Le choc des cultures ne se fait pas toujours aisément, le scénario a vraiment du mal à réintégrer des évènements non-prévus dans le n°1, mais en tant que sequel, c'est dans la bonne moyenne, à voir impérativement juste après l’original. D’autant que le DVD récemment sorti, est de toute beauté.

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog du West (l'Ouest, le vrai !)
  • : News, photos, critiques films et DVD, avis et commentaires sur le cinéma populaire, ses stars, ses mythes, mais aussi sur les séries TV et quelques à-côtés.
  • Contact

Recherche

Catégories

Liens