Il faut être fou ou inconscient pour vouloir passer après « L’EXORCISTE », le traumatisant chef-d’œuvre tant plagié et jamais égalé de William Friedkin. Mais tant d’années se sont écoulées, qu’on finit par se dire qu’après tout, une nouvelle histoire de possession démoniaque, pourquoi pas ?
« LE RITE » commence d'ailleurs très bien. Belle ambiance morbide de ce ‘funeral home’, présence inquiétante de Rutger Hauer en croque-mort pas très net, très flippante BO signée Alex Heffes, dépaysante arrivée au Vatican. Mais avec l’apparition d’Anthony Hopkins en vieux prêtre exorciste entouré de matous, les choses commencent à prendre une autre tournure. On a tellement vu le vieil acteur dans des personnages diaboliques, pervers ou fous à lier, qu’on sait – qu’on attend ! – qu'il soit à son tour possédé par le Démon, pour en avoir pour notre argent. Et quand cela arrive enfin (non vraiment, ce n’est pas un ‘spoiler’ !), on a droit à un festival : le brave papy gallois se transforme en une sorte de fils caché d’Hannibal Lecter et de Pazuzu. Et le film sombre dans les clichés usés jusqu'à la corde : portes qui claquent, rugissements de fauves, têtes qui tournent, injures en latin et en grec ancien, etc. Ne pouvant tout de même pas aller jusqu'à réutiliser les jets de bile, les auteurs y font une plate allusion en forme de clin d’œil.
Dommage oui, que « LE RITE » se réduise dans sa seconde moitié à une propagande catholique et délaisse l’ambiguïté qui faisait tout l’intérêt du début du film. Car pour peu qu’on se sente un peu rieur, on décroche complètement et on s'esclaffe de bon cœur au cabotinage éhonté de Sir Hopkins qui avale tout cru son jeune partenaire. Pour finir sur une note plus positive, disons qu'il ne s’agit pas là un nanar irregardable. C'est bien filmé, la bande-son est soignée et si on n’a pas peur une seconde, si à peu près tous les effets horrifiques tombent à plat, on passe deux heures inoffensives. Une façon comme une autre de tuer le temps. Pas plus, mais pas moins…