Avec son approche candide de « la vie après la mort », ses destins séparés qui finissent par se croiser, sa love story improbable, « AU-DELÀ » fait penser à du Claude Lelouch période « PARTIR, REVENIR ». Mais… c'est du Clint Eastwood ! Et hormis une photo un peu sombre et un rythme exagérément lent, il est quasi-impossible de déceler la patte du réalisateur dans ce mélo poussif et terriblement inégal.
Pourtant le tsunami qui ouvre le film est un grand moment de cinéma et promet une œuvre ambitieuse. Mais après la première séquence londonienne elle aussi alléchante, « AU-DELÀ » s’installe dans son rythme pépère pour ne plus en sortir. Alors que le sujet, surtout traité par un (grand) cinéaste octogénaire, est porteur de questionnements profonds, le film reste délibérément en superficie, survole sans vraiment se poser, effleure sans creuser.
L’afterlife ? Quelques images déjà vues ailleurs, aux F/X banals. Tout le parcours de l’héroïne française est terriblement convenu, voire pénible : la séquence chez l’éditeur, le laïus sur Mitterrand, les scènes tournées à France Télévision (ça fait tout de suite rêver), la visite chez Marthe Keller « spécialiste » suisse de l’après-mort, tout cela est maladroit, naïf, filmé par-dessus la jambe.
Heureusement, tout ce qui concerne le personnage du médium joué par Matt Damon est plus intense et l’acteur fait preuve d’une épaisseur et d’une sobriété épatantes. Son embryon de love story avec Bryce Dallas Howard entraîne sur une fausse-piste très bien gérée. Idem pour le jeune Anglais, dont la scène dans le métro est probablement la meilleure du film.
Alors non, « AU-DELÀ » n’est pas un total ratage. Plutôt un opus insignifiant, une esquisse de scénario, une intention inaboutie (volontairement ou pas ?), qui aurait sans doute moins déçu s’il avait porté la signature d’un cinéaste de moindre envergure. Mais tel quel, le scénario ne va pas plus loin qu’un épisode de « MÉDIUM » ou « GHOST WHISPERER » et des répliques comme « Ce n’est pas un don, c'est une malédiction », sont entrées depuis longtemps dans le catalogue des clichés incontournables du genre.