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12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 00:00

Inspiré d’une nouvelle de E.L. Doctorow, « JOLENE » fait penser par sa structure, à ces films à sketches italiens comme « 7 FOIS FEMME » ou « LES SORCIÈRES » qui offraient dans un même film, des personnages différents à une comédienne. Ici, l’héroïne est toujours la même, JOLENEmais son périple à travers l’Amérique profonde, la fait passer par tous les milieux et toutes les métamorphoses. Impossible d'ailleurs, de ne pas penser au destin d’une certaine Norma Jean Baker, en voyant évoluer cette ‘Jolene’.

Sur deux heures, le voyage peut paraître un peu longuet et l’épisode du rocker-tatoueur aurait pu (dû !) être allégé, mais le film est porté à bout de bras par l’extraordinaire Jessica Chastain dans son premier grand rôle. Alors qu’on l’avait crue littéralement tombée du ciel dans « TREE OF LIFE », la comédienne avait déjà fait ses armes avec ce personnage qui représente un vrai défi. À trente ans, Jessica Chastain commence l’histoire de cette Jolene à… 15 ans. Et elle est parfaitement crédible. Lumineuse, sensuelle, naïve et rouée en même temps, futée et idiote, Jolene est un personnage complet, qui passe sans arrêt de la misère la plus crasse à l’opulence la plus totale, avec pour seule arme sa sexualité et le pouvoir qu'elle a sur les hommes. Et même les femmes, en fait !

Elle passe de bras en bras, d’un « sketch » à l’autre : Frances Fisher est formidable en « matonne » lesbienne, Chazz Palminteri semble sorti d’un vieux film du ‘Rat Pack’ en mafioso de l’ancien temps, Michael Vartan est excellent en héritier apparemment lisse et aimable, mais en fait complètement ravagé et dangereux. On voit aussi Denise Richards ou Theresa Russell dans des petits rôles.

« JOLENE » se laisse regarder sans déplaisir, essentiellement grâce à la performance de Jessica Chastain, qui compose sans effort apparent un personnage d’une rare complexité, dont on devine à la fin, qu'elle va bientôt grossir les rangs de ces starlettes vieillies avant l’âge, jetées sur le pavé d’Hollywood Boulevard, pleines de rêves impossibles.

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11 août 2012 6 11 /08 /août /2012 08:59

RONDE AUBE (2)L’éclectique filmographie de Douglas Sirk est surtout connue aujourd'hui pour ses mélodrames flamboyants en TechniColor, où se mêlaient sentimentalisme, lyrisme et kitsch à doses plus ou moins égales. « LA RONDE DE L’AUBE » est le dernier film que le RONDE AUBE (1)réalisateur tourna avec son acteur-fétiche Rock Hudson et aussi un des plus atypiques.

Tiré de l’œuvre de William Faulkner, « LES ANGES FLÉTRIS » (pour reprendre le titre original beaucoup plus adéquat) est une plongée névrotique dans le vieux Sud. Pendant un carnaval à New Orleans dans lesRONDE AUBE (3) années 30, un journaliste alcoolique se passionne pour une famille d’acrobates aériens itinérants sur lesquels il veut écrire un papier. Le pilote est un ancien as de la WW1, un has-been mort intérieurement, uniquement mû par sa passion morbide de la voltige. Sa femme parachutiste meurt elle aussi à petit feu de n’être pas aimée, son mécano est amoureux fou de l’épouse de son idole et le petit garçon qui les suit partout, ne sait pas exactement qui est son géniteur. Beau cocon dysfonctionnel, dans lequel s’immisce le journaleux, au risque de tout faire exploser.

Porté par un noir & blanc glorieux d’Irving Glassberg, par une mise en scène fluide et sensuelle, le film envoûte durablement. On y ressent des échos de Tennessee Williams, d’Elia Kazan, un parfum de décrépitude, de désespérance, de mort imminente. Et de cauchemar aussi, puisque ces personnages ne semblent pas réels. On pourrait penser qu'ils ont été créés par l’esprit embrumé du journaliste-écrivain, qui chercherait à pénétrer sa propre littérature.

Hudson est très étonnant dans ce personnage passif, aux motivations malsaines. Empâté, suant et mal rasé, il n’a plus rien du jeune premier ripoliné de ses autres films avec Sirk. RONDE AUBECelui-ci a reconstitué le casting d’un autre de ses chefs-d’œuvre « ÉCRIT SUR DU VENT » : Robert Stack a rarement été mieux utilisé qu’en pilote obsessionnel et odieux, prêt à prostituer sa propre femme pour pouvoir voler encore une fois. Dorothy Malone est parfaitement castée elle aussi, avec sa silhouette de pin-up et son visage vieilli avant l’âge, marqué par l’amertume et l’échec. Jack Carson a un très beau rôle de mécano malmené, laissé-pour-compte, soumis.

Même s’il semble parfois un peu trop bavard, même s’il paraît longuet après l’accident fatal et même si la conclusion n’est guère satisfaisante, « LA RONDE DE L’AUBE » est une œuvre accomplie, unique en son genre, absolument hypnotique.

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31 juillet 2012 2 31 /07 /juillet /2012 07:50

« LES VOYAGES DE SULLIVAN » est sorti la même année que « CITIZEN KANE » et comme lui, fait aujourd'hui partie des grands classiques indéboulonnables du cinéma SULLIVAN (1)américain. C'est pourtant un film beaucoup plus simple d’apparence, plus accessible, moins « prétentieux » dans sa forme.

Dans sa première partie, il propose un panorama de toutes les formes de comédies : verbale avec ces échanges du tac-au-tac entre Joel McCrea, réalisateur à succès à Hollywood et ses producteurs, ‘slapstick’ avec ses poursuites « tarte-à-la-crème » dignes du Muet, sentimentale avec le personnage de Veronica Lake, starlette désabusée à l’humour mordant.

McCrea rêve de tourner un film sur la misère humaine intitulé « O BROTHER ! WHERE ART THOU ? » (oui, le titre a été repris par les frères Coen en hommage), mais comprenant qu'il ne connaît rien de la pauvreté et de la galère, il décide de se mêler aux SDF et aux laissés-pour-compte de la société pour s’en faire une idée plus précise. Avec toujours cette possibilité de rentrer dans sa luxueuse propriété quand il le désire, qui désamorce tout danger et toute remise en question profonde. Jusqu'au jour où il se retrouve coupé du monde, enfermé dans un bagne épouvantable, condamné à six ans d’emprisonnement. Et là, la leçon sera aussi sévère que salutaire : aux tréfonds du désespoir, il comprendra que la seule façon de soulager la misère n’est pas de la décrire, mais de faire rire les malheureux. De retour chez lui, McCrea/Sullivan n’aura plus qu’une ambition : tourner une comédie !

SULLIVAN

Ce besoin d’anoblir un genre souvent ignoré ou méprisé, on l’avait déjà vu dans un film bien différent : « LE SCHPOUNTZ » de Pagnol. Plus ample et universel dans son propos, « LES VOYAGES DE SULLIVAN » fonctionne par son énergie interne, sa naïveté de surface, par de beaux moments de pure mise en scène (la longue séquence dans l’abri pour ‘hobos’), par le charme de Miss Lake, pin-up miniature piquante et fragile et par la présence sympathique et brouillonne de Joel McCrea dans son meilleur rôle. Preston Sturges a l’élégance de citer ses confrères Lubitsch et Capra, mais son film ne leur doit rien et possède une petite musique généreuse et singulière qui explique sa pérennité.

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29 juillet 2012 7 29 /07 /juillet /2012 18:22

À cheval entre son Allemagne natale qu'il avait fui et l’Angleterre (revue et corrigée par Hollywood), Fritz Lang signe avec « CHASSE À L'HOMME » un de ses meilleurs films américains, un suspense haletant, toujours en mouvement, une traque sans répit, passant d’un marécage boueux aux ruelles sordides de Londres, pour s’achever dans l’espace minuscule d’une grotte étouffante.

MAN HUNT

C'est l'Europe entière qui est devenu un piège à rat pour Walter Pidgeon, parce qu'il a eu, pendant quelques secondes Adolf Hitler dans la lunette de son fusil de haute précision. Alors que le monde entier est au bord de s’enflammer, leMAN HUNT (1) chasseur professionnel est chassé par les nazis qui veulent l’utiliser comme prétexte.

Le film est assez angoissant par la façon dont Lang filme ses décors, par la vulnérabilité de son héros qui n’a rien d’un surhomme et par le portrait qu'il trace des nazis, véritables robots fanatisés. George Sanders compose un officier particulièrement odieux, avec son monocle et sa morgue naturelle. Mais ce qui touche le plus dans « CHASSE À L'HOMME », c'est la love story très originale qui l’allège le temps de quelques scènes. Au lieu de ralentir l’action, ce ‘subplot’ l’enrichit et ajoute énormément d’émotion. C'est le rôle le plus attachant de la délicieuse Joan Bennett, qui joue une jeune ‘cockney’ sentimentale qui s’amourache de l'homme traqué. Il y a dans leurs échanges drolatiques quelque chose qui annonce « MY FAIR LADY » et c'est un pur plaisir. Le dénouement n’en est que plus horripilant !

Le film est tellement bien écrit, bien filmé et cadré, que son message passe haut et clair, au point que le laïus anti-nazi de Pidgeon enfermé dans sa grotte à la fin, semble superflu. Mais en 1941, il valait sans doute mieux mettre clairement les points sur les « i ».

Vraiment, un excellent film qui n’a pas pris une ride.

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12 juillet 2012 4 12 /07 /juillet /2012 07:52

Étonnant de voir à quel point le taxi a jalonné le parcours de Robert De Niro. À ses débuts, il joua un ‘taxi driver’ schnouffé dans « JENNIFER ON MY MIND », ensuite, ce fut le « séminal » classique de Scorsese, plus récemment Robert Rodriguez lui adresse un amusant clin d’œil dans « MACHETE » et maintenant, ‘Bob’ âgé et blanchi, se retrouve chauffeur de taxi dans « BEING FLYNN ».

Inspiré d’une histoire vraie, le film relate les retrouvailles entre un jeune poète paumé et un père qu'il n’a jamais connu. Le premier travaille dans un centre d’hébergement pour SDF, le BEING FLYNNsecond y débarque parmi d’autres laissés-pour-compte du Rêve Américain. Il n’y a pas de scénario construit à proprement parler, on colle au personnage du jeune homme et à ses tourments intérieurs. À travers ses yeux, on découvre ce père monstrueux, « humain, trop humain ». On retrouve avec plaisir le De Niro qu’on aime : sans l’humour pachydermique, sans les grimaces. C'est un vrai rôle, qu'il remplit avec conviction, à tel point qu’on arrive à l’oublier complètement à partir d’un moment et à croire au personnage. Mythomane égotique, raciste, homophobe, imbu de lui-même, ce Flynn est un méprisable individu, mais De Niro parvient à lui insuffler une certaine grandeur shakespearienne et accepte de se clochardiser avec un manque de vanité que pourraient lui envier bien des jeunes comédiens. Face à lui, le très étrange Paul Dano est tout à fait crédible, avec sa mollesse naturelle, sa transparence chronique. Julianne Moore n’apparaît que sporadiquement et en flash-back, dans le rôle de la mère défunte. Ces ‘caméos’ frustrants commencent à devenir une fâcheuse habitude dans la carrière de la belle actrice ! On aperçoit le toujours remarquable Wes Studi qui dirige avec une calme fermeté le centre d’accueil.

« BEING FLYNN » n’est pas un grand fim, mais l’étude psychologique est rigoureuse, le scénario ne cède à aucun poncif hollywoodien, ni même au mélo facile. Quand enfin le fils lit le manuscrit de son père, ce « grand roman américain » qu'il a mis toute une vie à écrire, il n’y aura aucun miracle, aucune révélation, pas de ‘happy ending’ pour le raté velléitaire. Comme dans la vraie vie… Un film à ne pas voir un soir de déprime !

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28 juin 2012 4 28 /06 /juin /2012 07:09

Faut-il être amoureux de la sublime Paulette pour s’infliger jusqu'au bout un film comme « L’OR DU CIEL » quand on n’est pas spécialement fan de ‘musical’ et que Jimmy Stewart a tendance à nous taper sur les nerfs !

Malgré ses (lointains) relents de Capra ou Lubitsch, ce film pénible commence pourtant plutôt bien, dans la bonne humeur et le pittoresque. Mais rapidement, le but de l’entreprise se fait jour : il s’agit en fait de mettre en valeur un groupe de musiciens et chanteurs populaires à l’époque, sortes d’équivalents de nos ‘Compagnons de la Chanson’ made in France. La moitié du métrage est donc occupée par leurs numéros musicaux auxquels les deux stars en titre ne font qu’assister d’un air béat, l’autre moitié est squattée par l’insupportable cabot qu’est Charles Winninger, jouant un vieux capitaliste atrabilaire sans la moindre retenue.

POTOGOLD

Que reste-t-il au couple vedette, alors ? À vrai dire, pas grand-chose… Stewart n’a peut-être jamais été aussi mauvais, accumulant les ‘double takes’, les mimiques pataudes, les grommellements, avec la subtile finesse d’un Fernandel yankee. C'est encore pire pour notre chère Paulette Goddard, qui n’a strictement RIEN à faire, à part afficher son éblouissant sourire et esquisser quelques pas de danse en poussant la chansonnette. Ce ne sont manifestement pas eux qui ont intéressé le réalisateur, qui s’est concentré sur les séquences musicales tournées invariablement en plans larges sans vigueur et sur des seconds rôles lâchés en roue-libre.

Ceci dit, il est possible qu’un amateur de comédies musicales et un complétiste de James Stewart ait un regard diamétralement opposé sur ce film.

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9 juin 2012 6 09 /06 /juin /2012 08:02

Précédé d’une réputation flatteuse de « film à festival », « TAKE SHELTER » est bâti sur une simple idée qui aurait pu donner lieu à un épisode de « THE TWILIGHT ZONE » de 26 TAKE SHELTERminutes : un père de famille sent arriver une tornade apocalyptique et se ruine à bâtir un abri sous sa pelouse, sombrant peu à peu dans la paranoïa. L’épilogue de l’histoire ressemble davantage à un ‘twist’ qu’à une morale quelconque, ce qui laisse une curieuse sensation de gratuité après-coup.

L'homme est-il un prophète visionnaire de la fin du monde ? Succombe-t-il sous nos yeux à sa lourde hérédité ? La question n’est pas inintéressante en soi, mais le choix des auteurs de faire un film de quasiment deux heures à la lenteur funéraire, n’était pas forcément le bon.

Heureusement, le rôle principal est tenu par l’excellent Michael Shannon, qui avait déjà exploré ces zones sombres de la folie dans le troublant « BUG » de William Friedkin, quelques années plus tôt. Son visage tourmenté, son regard hanté, sont idéalement utilisés ici, suscitant autant d’empathie que d’inquiétude. À ses côtés, l’indispensable Jessica Chastain (combien tourne-t-elle de films par an ?) tire le maximum d’un rôle a priori ingrat d’épouse incrédule mais stoïque.

« TAKE SHELTER » pose beaucoup plus de questions laissées en suspens, qu'il n’apporte de réponses. On sent planer au-dessus de chaque séquence, de chaque cauchemar la hantise apocalyptique du réalisateur et certaines images comme la pluie d’oiseaux morts s’impriment dans la mémoire. Reste que, nous l’avons dit, tout cela n’est guère palpitant, que le déroulement est excessivement répétitif et parfois même trop prévisible.

En fait, le film tout entier fait penser aux longues séquences de « RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE », pendant lesquelles Richard Dreyfuss passait son temps à dessiner ou sculpter des monticules, sous l’œil effaré de ses proches.

 

 

À NOTER : dans la copie DVD visionnée, le son est en léger décalage avec l’image dans la v.o.

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7 juin 2012 4 07 /06 /juin /2012 09:12

La petite musique triste d’Alexander Payne s’était déjà fait entendre dans « M. SCHMIDT » ou « SIDEWAYS ». Elle revient dans « THE DESCENDANTS », telle qu’en elle-même, une sorte de rengaine ténue mais entêtante, qui peut irriter autant qu'elle obsède.

Car si le film peut irriter, c'est par son apparente futilité. L’anecdote est mince, presqueDESCENDANTS squelettique : alors que sa femme sombre dans un coma irréversible suite à un accident, un business man hawaiien apprend qu'elle avait un amant. C'est à peu près tout. Ah ! Si… Dans le même temps, il doit régler une vente de terres ancestrales appartenant à sa famille, une vente qui menace l’intégrité du paysage. Finalement, de quoi parle le film ? De deuil ? De pardon ? De responsabilité ? Sûrement et de pas mal d’autres petites choses. C'est très éparpillé, constamment suggéré, la plupart des situations sont désamorcées par un ton très particulier, oscillant entre l’émotion premier degré et un certain sens du ridicule pathétique.

Soyons clairs : si le film se suit – gentiment, sans passion – jusqu'au bout, c'est grâce à George Clooney. De plus en plus sobre, sûr de son image et économe de ses effets, l’acteur est formidable dans ce rôle de père débordé, malheureux, lamentable parfois, mais toujours digne et sympathique. L’acteur s’impose vraiment comme le descendant (c'est le cas de le dire !) des Gary Cooper ou Cary Grant d’antan, transcendant sa séduction physique par une humanité incertaine et une constante autodérision. Les scènes en tête à tête avec sa femme inconsciente à l’hôpital, comptent parmi les plus belles qu'il ait jamais interprétées. À ses côtés, les enfants sont excellents et on retrouve avec plaisir de bons comédiens comme Judy Greer et Robert Forster en beau-père odieux. Beau Bridges apparaît brièvement en cousin chevelu et âpre au gain.

Alors, que penser de « THE DESCENDANTS » ? Plutôt du bien globalement, tout en se demandant la nécessité fondamentale de raconter une telle histoire. À réserver aux amateurs de chroniques familiales appréciant un langage plus littéraire que cinématographique.

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24 mai 2012 4 24 /05 /mai /2012 07:57

Déjà et avant toute chose, oublions le titre français « LA COULEUR DES SENTIMENTS » qui ne veut pas dire grand-chose et donne l’impression d’avoir déjà vu le film. « THE HELP » est une saga sudiste antiraciste de 2 H 20, dans la droite lignée de « BEIGNETS DE TOMATES VERTES », dont la raison d’être, est de démolir enfin le complaisant portrait de la HELP« mammie » noire créé par Hattie McDaniel dans « AUTANT EN EMPORTE LE VENT », véritable archétype sur pattes, et de montrer ces femmes noires exploitées et humiliées au quotidien, de leur propre point de vue.

Le film a le mérite d’éviter le sentimentalisme et l’angélisme pendant l’essentiel de sa durée, ce qui rend encore plus regrettable le dernier quart d’heure qui cède subitement au lacrymal hollywoodien. Mais ce défaut mis à part, le film tient parfaitement la distance, émeut souvent et laisse libre court à une brochette de comédiennes haut-de-gamme. En tête l’exceptionnelle Viola Davis formidable d’humanité meurtrie. Sa relation avec la ‘baby girl’ blanche qu'elle élève est très émouvante. Emma Stone se sort bien d’un rôle trop propret pour être vraiment crédible et Bryce Dallas Howard est superbe en « salope » de haut-vol, véritable produit de son temps et de son milieu. Un personnage à la fois ingrat parce que sans rédemption, et marquant par sa foncière méchanceté. Jessica Chastain – décidément une actrice à suivre – est magnifique en bécasse généreuse et exclue par la bonne société et Allison Jenney est comme toujours parfaite en maman malade. Sissy Spacek tient un amusant second rôle de vieille dame à moitié gâteuse mais bourrée d'humour.

« THE HELP » ce n’est certes pas du grand cinéma, mais à condition d’être dans l’humeur adéquate, c'est du travail très proprement exécuté, la photo est d’une beauté à couper souvent le souffle, la direction d’acteurs est irréprochable et le propos est intelligemment antiraciste, montrant que l’Amérique de JFK n’était pas encore tout à fait sortie de celle de Margaret Mitchell.

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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 08:46

Que les nouvelles technologies aient modifié en profondeur la nature des relations humaines, on n’en doute plus une seconde. Que cette facilité de contact présente des dangers nouveaux auxquels nul n’est préparé, c'est vrai. Que cette dématérialisation du dialogue offre un terrain rêvé aux prédateurs de tous poils, nul n’en disconviendra. Alors quand « TRUST » traite de ce thème brûlant, on est à la fois intéressé par son contenu et perplexe quant à sa forme.TRUST Pourquoi faire un long-métrage de cinéma en format Scope, pour ce qui n’est au fond qu’un ‘movie of the week’ télé, propice au débat ?

David Schwimmer – l’ex-Ross de la sitcom « FRIENDS » – se contente d’illustrer avec une totale platitude un scénario édifiant sur la relation via Internet entre une adolescente et un pédophile qui l’attire dans ses filets. Après le viol, nous assistons à la désagrégation de la famille de la gamine, à la paranoïa qui ronge le père, à l’incompréhension de l’entourage, etc. Tout cela est intelligemment développé, optant pour le drame psychologique plutôt que le polar. À un moment donné, Clive Owen semble choisir de devenir un ‘vigilante’, mais la piste est rapidement abandonnée et le film confirme ce qu’on subodorait : dans la « vraie vie », les cowboys vengeurs n’existent pas et les croque-mitaines demeurent souvent impunis.

Si Owen est très bien dans ce rôle intense et déchiré par des sentiments contradictoires, Catherine Keener est sous-utilisée en mère effacée. Viola Davis est remarquable comme toujours en psy pour enfants débordante d’humanité et les seconds rôles sont généralement impeccables.

« TRUST » se laisse donc regarder le temps qu'il dure, davantage pour les questions soulevées par son sujet, que pour ce qu'il est réellement. Ce refus qu’on imagine délibéré de toute stylisation ou de toute vision artistique, finit par annuler ou du moins amoindrir l’impact du contenu. Dommage…

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