Inspiré d’une nouvelle de E.L. Doctorow, « JOLENE » fait penser par sa structure, à ces films à sketches italiens comme « 7 FOIS FEMME » ou « LES SORCIÈRES » qui offraient dans un même film, des personnages différents à une comédienne. Ici, l’héroïne est toujours la même, mais son périple à travers l’Amérique profonde, la fait passer par tous les milieux et toutes les métamorphoses. Impossible d'ailleurs, de ne pas penser au destin d’une certaine Norma Jean Baker, en voyant évoluer cette ‘Jolene’.
Sur deux heures, le voyage peut paraître un peu longuet et l’épisode du rocker-tatoueur aurait pu (dû !) être allégé, mais le film est porté à bout de bras par l’extraordinaire Jessica Chastain dans son premier grand rôle. Alors qu’on l’avait crue littéralement tombée du ciel dans « TREE OF LIFE », la comédienne avait déjà fait ses armes avec ce personnage qui représente un vrai défi. À trente ans, Jessica Chastain commence l’histoire de cette Jolene à… 15 ans. Et elle est parfaitement crédible. Lumineuse, sensuelle, naïve et rouée en même temps, futée et idiote, Jolene est un personnage complet, qui passe sans arrêt de la misère la plus crasse à l’opulence la plus totale, avec pour seule arme sa sexualité et le pouvoir qu'elle a sur les hommes. Et même les femmes, en fait !
Elle passe de bras en bras, d’un « sketch » à l’autre : Frances Fisher est formidable en « matonne » lesbienne, Chazz Palminteri semble sorti d’un vieux film du ‘Rat Pack’ en mafioso de l’ancien temps, Michael Vartan est excellent en héritier apparemment lisse et aimable, mais en fait complètement ravagé et dangereux. On voit aussi Denise Richards ou Theresa Russell dans des petits rôles.
« JOLENE » se laisse regarder sans déplaisir, essentiellement grâce à la performance de Jessica Chastain, qui compose sans effort apparent un personnage d’une rare complexité, dont on devine à la fin, qu'elle va bientôt grossir les rangs de ces starlettes vieillies avant l’âge, jetées sur le pavé d’Hollywood Boulevard, pleines de rêves impossibles.