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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 08:16

Un ‘epic’ de 3 H 30 sur la création d’Israël, écrit par Dalton Trumbo, réalisé par Otto Preminger et tourné à peine une petite décennie après les évènements, cela peut sembler alléchant, voire instructif. Hélas, « EXODUS » a tout du film-monstre et échoue sur à peu près tous les points.

Désireux de ménager la chèvre et le chou, le scénario mixe à la truelle un cours d’Histoire avec de grosses ficelles mélodramatiques, le spectre de la Shoah avec une love story de EXODUS‘soap opera’, sans jamais trouver son équilibre. Ainsi, on s’étonne de voir s’accumuler les ellipses narratives franchement raides, alors que d’autres passages – comme l’évasion de la forteresse anglaise – sont surdéveloppés jusqu'à l’absurde. Même chose pour l’épisode de la grève de la faim à bord du navire à Chypre, dont on monte longuement la mayonnaise, pour le dégonfler brusquement, avant d’en avoir exploré la dimension tragique.

On suit donc « EXODUS » passivement, d’un œil de moins en moins attentif, pas même intéressé par le personnage de Paul Newman en mode « service minimum », qui affiche une moue boudeuse et quelques tics Actors Studio, dans un personnage mal défini qu'il se refuse obstinément à rendre sympathique. Nulle consolation du côté d’Eva Marie Saint, qui n’a jamais été plus mal photographiée jusqu'à faire dix ans de plus que son âge dans certaines scènes. Quelques vétérans habitués à se sortir de n'importe quelle situation, comme Lee J. Cobb ou David Opatoshu sont les bienvenus, même s’ils ne font pas oublier les prestations navrantes de Jill Haworth ou John Derek en chef arabe.

Malgré l’intérêt qu’on peut porter à la période décrite, malgré le discours final de Newman à l’enterrement d’un Arabe et d’une Juive ensevelis côte à côte, et dont le contenu prend 50 ans plus tard un écho triste et dérisoire, « EXODUS » demeure au niveau des intentions et ne donne qu’une envie : lire un bon bouquin sur le sujet. Tiens, pourquoi pas « EXODUS » de Leon Uris ?

 

À NOTER : après des années pendant lesquelles le film ne fut disponible qu’en édition DVD affreuse, écourtée et en 4/3, il vient de sortir dans un transfert Blu-ray encore imparfait, mais évidemment incomparable.

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2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 07:58

À force de quasi-invisibilité depuis des années, « PORTRAIT D’UNE ENFANT DÉCHUE » est devenu une œuvre mythique et révérée même par ceux qui ne l’ont jamais vue. C'est le premier film du photographe Jerry Schatzberg, réalisateur peu prolifique, qui a écrit une mise PORTRAITen abyme de sa propre relation avec un top-model célèbre dans les années 60.

Alors, comment le film a-t-il vieilli ? Plutôt bien, comparativement à d’autres de la même période. Construit ou déconstruit en forme de puzzle kaléidoscopique, il tente de trouver une cohérence à la vie d’une pauvre fille à la beauté fatale, qui sombre progressivement dans la folie. Le scénario décrit en fait une frange de population dont Woody Allen se moquait dans ses premières comédies new-yorkaises : les névrosés urbains des seventies. Et Faye Dunaway incarne la quintessence de cette « espèce » : mythomane, nymphomane, paranoïaque, schizophrène, égocentrée, hystérique, elle a tout de la tête-à-claques, mais l’implication de la comédienne (probablement dans son meilleur rôle) donne une émotion inespérée au personnage de Lou. Et la dernière partie, particulièrement son internement en HP et son exil sur une île balayée par les vents, sont poignants.

Le film est aussi agaçant qu'il est fascinant, parce qu’aujourd'hui véritable témoin de son temps. C'est une plongée déstabilisante entre fantasme et réalité, qui culmine dans ce bref échange à la fin, lorsque Lou demande à son ami pourquoi ils n’ont jamais eu une aventure. Quand il lui rappelle qu'ils ont brièvement été ensemble il y a des années, la pauvre fille se met à pleurer de bonheur : « C'est vraiment arrivé, je ne l’ai pas inventé… C'est vraiment arrivé… ».

Aux côtés de Dunaway, présente dans tous les plans, dans tous ses états, jusqu'au vertige, jusqu'au dégoût, on reconnaît Barry Primus dans le rôle de Schatzberg, effacé et juste comme il se doit, un jeune Roy Scheider en séducteur mondain et Barbara Carrera qui apparaît dans un plan, en mannequin désagréable.

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28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 10:32

« CONTAGION » a toutes les apparences d’un néo-film catastrophe. Depuis l’avalanche de stars au générique, jusqu'à sa construction. Mais c'est Steven Soderbergh qui est aux CONTAGIONcommandes, pas Michael Bay, et il ne faut donc pas s’attendre à des F/X numériques dernier-cri, de la 3D en veux-tu en voilà et des explosions nucléaires en rafales. Non, ce qui intéresse les auteurs ici, c'est de montrer la fragilité de l’espèce humaine. À force d’avidité, d’irresponsabilité, nous finirons par détruire une forêt de trop, à en chasser les chauves-souris, qui risquent de contaminer des porcs qui eux-mêmes, etc. Bref : à ce stade de notre « évolution », il n’en faudrait clairement pas beaucoup pour être éradiqués définitivement de la planète.

Par son réalisme, son refus du spectacle, « CONTAGION » inquiète et met mal à l'aise. De façon méthodique et clinique, Soderbergh jour après jour, décrit la progression du virus, stigmatise au passage la saloperie de ses frères humains, qu'ils soient aux commandes ou simples citoyens, et signe un film pas vraiment agréable mais qui donne à réfléchir.

Avec un certain humour pervers, il s’offre des têtes d’affiche comme Kate Winslet ou Gwyneth Paltrow pour mieux les dégommer à la première occasion, engage le bellâtre Jude Law pour l’enlaidir à loisir dans un personnage de bloggeur-gourou-escroc et éclate sa construction au point qu’on ne s’attache réellement à aucun protagoniste.

Le film maintient l’intérêt par sa rapidité, la multiplicité des points de vue, quelques images fortes et marquantes de lieux publics désertifiés et de plans-choc (l’autopsie de Gwyneth !), et aussi – c'est assez rare pour le noter – parce qu'il ne se croit pas obligé de durer deux heures et demie !

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26 mars 2012 1 26 /03 /mars /2012 06:08

HARRY TONTO (2)« HARRY & TONTO » s’ouvre sur des plans volés dans les rues de New York, montrant des vieilles personnes isolées dans la foule. Paul Mazursky donne immédiatement le ton. HARRY TONTO (1)Quand on fait connaissance du vieil Harry et de son chat, on se voit déjà parti pour un remake du bouleversant « UMBERTO D » de Vittorio De Sica et on s'apprête à sortir une provision de mouchoirs.

Mais les auteurs n’ont pas pris la voie du mélodrame réaliste et social. Harry n’est pas seul au monde, il a un peu d’argent de côté, des enfants, des amis prêts à l’aider quand il est expulsé de son immeuble. Sentant la fin de sa vie approcher, Harry décide de mettre les voiles et le film se transforme soudain en ‘road movie’ dans la grande tradition américaine. Son animal dans les bras, Harry va traverser cette Amérique qu'en bon new-yorkais, il ne connaît pas, croiser des gens banals ou exceptionnels, revoir sa famille légèrement dysfonctionnelle, recommencer à vivre malgré l’ombre noire qui plane sans cesse au-dessus de sa tête.

C'est un film magnifique, d’une infinie mélancolie, qui a l’élégance de ne pas chercher à faire pleurer Margot, maisHARRY TONTO fait se poser des questions auxquelles on n’a pas forcément envie de penser. Et qui parle d'un monde en mutation et (déjà) en crise. Art Carney, omniprésent à l’image, est fabuleux dans le rôle-titre. Pas tout à fait un vieillard, mais presque, il traverse « HARRY & TONTO » avec un humour et une dignité incroyables. Sur sa route, il croise d’excellents comédiens comme Ellen Burstyn jouant sa fille, le merveilleux Chief Dan George en ‘medicine man’ incarcéré et Larry Hagman très touchant en fils loser et pathétique.

C'est par touches discrètes, par des rencontres inopinées, par la vision d’un chaton au poil roux sur une plage que renaît une forme d’espoir. Pas bien solide, pas bien durable, mais qui donne au film tout son charme et sa force.

Mazursky était un bon réalisateur qui signa quelques petits chefs-d’œuvre en son temps. S’il est aujourd'hui un peu oublié, il faudra penser à le réhabiliter…

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25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 18:03

KARAMAZOVEst-ce parce que Richard Brooks est un grand auteur-réalisateur et un homme cultivé que son adaptation des « FRÈRES KARAMAZOV » ne ressemble pas à toutes les pâtisseries hollywoodiennes tirées de la grande littérature ? Par son casting international parfaitement KARAMAZOV (4)ciblé, son refus du grand spectacle à tout prix et une certaineKARAMAZOV (1) théâtralité, il donne à son film une vraie grandeur et donne envie de relire Dostoïevski.

« LES FRÈRES KARAMAZOV » semble d’abord ne parler que d’argent. Tout le monde a des dettes, on se marie par intérêt, on pourrit ses relations familiales pour quelques roubles. Jusqu'à la rencontre entre le fils aîné Yul Brynner et la femme de mauvaise vie Maria Schell, qui laisse s’infiltrer la passion. Une passion morbide et destructrice, mais qui balaie tout sur son passage. À ce propos, la séquence dans une taverne, montrant le coup de foudre ressenti par Dimitri, est une des plus belles et troublantes qui soit donné de voir : Maria Schell, qui n’a jamais été plus solaire et sensuelle, danse sur la musique d’un orchestre tzigane, sous le KARAMAZOV (2)regard fiévreux de Brynner, littéralement ensorcelé. Ce dernier n’a d'ailleurs jamais été plus intense et humain que dans ce rôle pour lequel il semblait né. Dirigé d’une main de fer, il délaisse ses maniérismes et postures habituels, pour un jeu subtil et en profondeur. Un vrai plaisir. Même chose pour le reste du casting : Lee J. Cobb qui joue une fois encore un personnage de vingt ans plus âgé que lui, est extraordinaire en père débauché et ignoble, Richard Basehart idéalement distribué en frère tourmenté, le jeune William Shatner incarne le cadet devenu prêtre. Mais c'est Albert Salmi qui ramasse la mise en bâtard servile, pas si simplet qu'il n’en a l’air. L’actors Studio dans toute sa splendeur !

Le film a beau faire presque 2 H 30, on ne s’y ennuie pas un instant et tous les personnages (jusqu'à cet ex-militaire humilié par Dimitri devant son fils), sont intéressants et attachants. Brooks a bénéficié d’une magnifique photo en clair-obscur, de décors « russes » parfaitement crédibles et tout son film semble être porté par une ferveur et une fièvre qui ne retombent jamais. Beau film.

KARAMAZOV (3)

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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 07:24

KOTCHLe tandem Jack Lemmon-Walter Matthau est une des grandes réussites de la comédie U.S. des années 60-70, une collaboration qui dura jusqu'à la fin de leur vie et ravit nombre de fans qui ont vieilli avec eux. Aussi est-on curieux de voir « KOTCH » une comédie douce-amère réalisée par Lemmon avec son pote Matthau en vedette.

Le film conte le périple d’un vieux monsieur que sa bru veut envoyer en maison de KOTCH (1)retraite et qui va s’attacher à l’ex-baby sitter de son petit-fils, qu'il va loger, soutenir et même accoucher lui-même. Le scénario est celui d’un téléfilm lambda, la réalisation du grand acteur n’est que fonctionnelle et on reste médusé devant le casting de Matthau, qui à peine quinquagénaire joue le rôle d’un homme de 75 ans. Ce genre de convention était probablement acceptable il y a quatre décennies, mais paraît difficile à avaler aujourd'hui. Malgré tout son talent, Matthau semble bien lisse et sa perruque blanche n’est guère convaincante. Visiblement fasciné par son vieux co-équipier, Lemmon ne le lâche pas d’une semelle, le suit d’une caméra énamourée, le filme sous tous les angles, le laisse faire ses mimiques familières et lui dédie son film.

Tout ceci est bien convenu et inoffensif, les drames potentiels sont larvés, les moments pénibles (la visite à l’hospice) manquent de mordant, l'issue des dilemmes est planifiée (non, l'ado ne donnera pas son bébé à une famille d'adoption !) et « KOTCH » se déroule sans la moindre surprise, à un rythme pépère et bon-enfant. Autour de Matthau, les seconds rôles – dont la belle Felicia Farr, alias Mme Lemmon à la ville – n’ont aucune espèce de relief et la jeune Deborah Winters jouant la brave fille enceinte, joue sur une seule tonalité et ne fait vraiment pas le poids. On aperçoit ce bon vieux Paul Picerni dans un petit rôle de docteur souriant.

Un film de potes très dispensable. Le plus ironique est que l’année suivante, Matthau apparaîtra dans une séquence de « TUEZ CHARLEY VARRICK ! » en braqueur maquillé en vieillard et… qu'il s’y montrera infiniment plus crédible !

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12 mars 2012 1 12 /03 /mars /2012 07:44

Après « JUNO » et surtout le remarquable « IN THE AIR », la petite musique de Jason Reitman et de sa scénariste Diablo Cody se fait à nouveau entendre dans « YOUNG ADULT », une sorte d'anti-comédie romantique faisandée et pervertie par un excès de réalité, qui vient gâcher pour notre plus grand bonheur, la fête des poncifs hollywoodiens.

Charlize Theron, dont c'est probablement le meilleur rôle, incarne une ex-garce du lycée, de retour dans sa ville natale pour reconquérir son ancien boy friend qui vient d’avoir un enfant.YOUNG A Pitoyablement accrochée à un passé pourtant déjà pas brillant, dépressive, immature, à côté de ses pompes, ce personnage fait d’abord sourire avant d’inquiéter. À l’instar de Gena Rowlands dans ses meilleurs rôles pour Cassavetes, Theron donne l’impression d’être une grenade dégoupillée qui peut exploser à tout moment. Ce sentiment d’insécurité et de malaise est ce qu'il y a de plus frappant dans ce film cruel et dénué de tout pathos. La pauvre Charlize, ivre-morte la moitié du temps, patauge dans ses illusions, sans voir que l'homme de ses rêves est un « beauf » certes bien brave (excellent Luke Wilson dans un emploi vraiment pas glamour), mais complètement idiot, satisfait de sa confortable médiocrité. Sans voir surtout, que la seule ‘love story’ qu'elle pourra vivre sera avec ce gros garçon handicapé qu'elle connut jadis au lycée et qui est le seul à la voir telle qu'elle est réellement et à l’aimer quand même.

« YOUNG ADULT » est un film ramassé et compact, d’une lucidité qui fait mal, parfois tellement dur et sans échappatoire qu’on finit par sourire. Malgré soi. Malgré tout. L’humour en somme, naît d’un excès de pathétique et de sordide. Le plus étonnant est que l’héroïne ne connaît aucune rédemption, n’apprend rien de son misérable périple et repart aussi égocentrique et misérable qu'elle était arrivée.

Étonnant à quel point un film aussi potentiellement déprimant, laisse une sensation de légèreté et de finesse.

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27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 09:47

Voilà typiquement le genre de film qu’on se sent presque obligé d’aimer. D’abord, c'est « inspiré de faits réels », ensuite tout le monde vous répète que ce n’est PAS un film sur le MONEYBALLbaseball et qu’on n’est pas forcé d’apprécier ce sport incompréhensible pour goûter le film et enfin, c'est une œuvre « de crise », prônant le retour aux vraies valeurs et le rejet du profit à tout prix.

Bon… « LE STRATÈGE », quoiqu’on en dise, est bel et bien un film sur le baseball, vu que 98,5% du métrage ne traite que de cela. Qu’on voie des matches ou qu’on en parle, qu’on philosophe dessus, on nage dedans jusqu'aux yeux. On est même surpris de ne pas trouver Kevin Costner au générique. Les auteurs sont prestigieux et ont fait leurs preuves et ce scénario-là sent le travail en profondeur, la documentation et le sérieux qui suinte à chaque perfo de pellicule. Bravo ! Mais le spectateur lambda peu enclin à adorer le baseball (ou le sport en général) va trouver le temps un peu longuet, à voir se succéder les discussions au téléphone entre requins esclavagistes qui se revendent leurs joueurs, les réunions tendues entre vieux briscards jamais d'accord sur la stratégie à adopter et les sempiternelles séquences sur le terrain.

Peut-on se rabattre sur les acteurs ? En partie, heureusement. Si Brad Pitt retrouve son mood « mâchoire en avant, yeux plissés » qu'il affectionne depuis son film avec Tarantino et que son jeu se « DeNiroïse » dangereusement, il se fait piquer la vedette par Jonah Hill, formidable en ‘geek’ calme et sûr de lui. Philip Seymour Hoffman, à peine reconnaissable, s’amuse à composer un personnage de répertoire : le ‘coach’ bourru et mal embouché.

« LE STRATÈGE » est un film long, très long, pas facile d’accès, un brin prétentieux aussi, dont les enjeux paraissent trop flous et trop dilués. On n’est même pas sûr de prendre fait et cause pour son protagoniste, en fait. Disons qu’on peut préférer le baseball en mode « mythologique » comme dans « JUSQU'AU BOUT DU RÊVE » ou « LE MEILLEUR ».

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15 février 2012 3 15 /02 /février /2012 17:42

LB JONES (2)Si « ON N’ACHÈTE PAS LE SILENCE » fait autant penser à « DANS LA CHALEUR DE LA LB JONES (1)NUIT », ce n’est pas seulement parce que les deux films parlent des relations noirs-blancs dans le Sud, mais aussi parce qu'ils portent la signature du même scénariste : Stirling Silliphant. Pourtant si le film de Norman Jewison allait droit au but, celui de William Wyler – son dernier – est une drôle de marmelade. D’abord et avant tout, on ne sait jamais vraiment qui est le protagoniste : ce jeune avocat (Lee Majors) idéaliste qui débarque avec sa femme ? Ce vieil avocat (Lee J. Cobb) raciste sans l’être tout en l’étant ? Ce jeune Noir qui revient au pays avec la vengeance au cœur ? Ce croque-mort également noir dégoûté des injustices ? En fait le personnage qu’on voit le plus est encore celui du patrouilleur pourri et pervers incarné par Anthony Zerbe, individu méprisable s’il en fut, mais qui finit par devenir le pivot de l’histoire.

C'est tout le problème de ce film qui ressemble finalement au ‘best of’ déséquilibré de ce qui aurait dû être une minisérie télé de 6 heures. Ici tout est survolé, compressé, mal calibré. Le dialogue est surabondant, les comédiens sont sous-employés, certains rôles principaux disparaissent de l’écran pendant des pans entiers du métrage. Et l’ennui s’installe, pesant etLB JONES irrémédiable.

On a beaucoup de mal à imaginer que ce film pataud, au look télévisuel soit signé du réalisateur de « BEN-HUR ». En seulement douze ans, avait-il déjà tout oublié ? « ON N’ACHÈTE PAS LE SILENCE » fait plutôt penser au désolant « L'HOMME DU KLAN » sorti trois ans plus tard.

Quel gâchis d’excellents acteurs comme Cobb qui grimace éhontément, coiffé d’une affreuse moumoute, de la toute jeune Barbara Hershey qui fait de la figuration vraiment pas intelligente. À peine retiendra-t-on le juvénile et tout mince Yaphet Kotto, à l’indéniable présence.

Bavard, vaguement voyeuriste, complètement désuet dans sa facture, « ON N’ACHÈTE PAS LE SILENCE » (encore un titre français sans aucun rapport avec le contenu du film !) est un faux-pas dans la riche filmo de Wyler. Dommage que ce soit le dernier…

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12 février 2012 7 12 /02 /février /2012 17:04

Quand des films comme « WARRIOR » font à ce point l’unanimité, quand le bouche-à-oreille atteint une telle efficacité, l’esprit de contradiction du cinéphile méfiant aurait tendance à s’aiguiser à l’avance. Et de fait, pendant le premier tiers du film, on pense au récent WARRIOR« FIGHTER » qui avait laissé des souvenirs mitigés et surtout, on s’agace de grosses ficelles mélodramatiques censées motiver les deux protagonistes à s’affronter sur le ring.

Mais peu à peu, comme si les auteurs prenaient confiance dans leur matériau, le film prend son envol et quand commence enfin le fameux tournoi, il se défait de ses entraves narratives pour se consacrer à ce qu'il a à raconter. Ce récit hautement symbolique qui confronte deux frères séparés par la vie, est un parcours presque trop beau pour être crédible, mais qui parle d’expiation et de pardon avec une sorte de sauvagerie irrésistible. Le film doit énormément à Tom Hardy, fascinant en ex-marine tendu à craquer, véritable grenade dégoupillée, suant la haine et la violence par tous les pores de son corps compact. Son regard quand il pénètre dans « l’arène » est à faire froid dans le dos. Face à lui, Joel Edgerton (qui disparaissait trop vite dans « ANIMAL KINGDOM ») est remarquable de sobriété et d’intensité dans un rôle moins immédiatement accrocheur. Le père est campé par Nick Nolte qui accuse rudement son âge et fait penser à ce qu’aurait pu devenir Tom Jordache son personnage dans « LE RICHE ET LE PAUVRE », s’il n’avait pas été exécuté à la fin de la minisérie, sur une jetée.

On pense à « ROCKY » et le clin d’œil adressé par le dialogue vers le début du film est tout à fait judicieux, mais « WARRIOR » parvient à transcender ses prémices et atteint à l’universel. Ce coup-ci, il faut donc écouter le bouche-à-oreille…

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