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3 janvier 2010 7 03 /01 /janvier /2010 18:39

COMMIS VOYAGEUR« MORT D’UN COMMIS VOYAGEUR », la pièce d’Arthur Miller, a connu deux adaptations au cinéma : la version avec Fredric March, et celle plus récente avec Dustin Hoffman. Mais aucune n’a su restituer avec autant de puissance et d’âpreté, l’infinie désespérance de l’œuvre d’origine, que cette version tournée pour la CBS.

Lee J. Cobb et Mildred Dunnock y reprennent les rôles qu'ils créèrent au théâtre, et la mise en scène est un mélange de captation, de téléfilm, parvenant à réinventer la sensation d’être en direct, par l’ingéniosité des décors (transparences, parois qui s’effacent sans même qu’on s’en rende compte), et des liaisons entre les actes. Le texte, traitant de l’échec d’une vie, de mythomanie, des années qui passent trop vite et nous laissent sur le carreau, est extrêmement déprimant, et ne laisse aucune place à l’espoir. La seule victoire que peut espérer le fils aîné à la fin, est d’accepter de voir en face ce qu'il est réellement : un raté velléitaire.

S’il faut voir ce téléfilm, ce sera surtout pour la performance époustouflante de Lee J. Cobb dans le rôle de sa vie : son Willy Loman, vieux VRP ringard, dépassé, laissé-pour-compte, sombrant progressivement dans la folie, perdant pied entre passé, présent et fantasmes, est d’une densité humaine poignante. Souvent excessif, Cobb est ici d’une justesse terrible, occupant l’espace avec une dérisoire fureur, qui confine au pathétique. Immense numéro d’acteur.

COMMIS VOYAGEUR (1)
À ses côtés, George Segal est remarquable dans le rôle du fils trop et mal aimé, devenu un loser kleptomane sans avenir, et le jeune Gene Wilder apparaît en premier de la classe. On reconnaît Karen Steele, l’actrice-fétiche de Budd Boetticher, l’espace de dix secondes, dans une scène de restaurant.

Le film est sorti aux U.S.A. dans la collection « HERITAGE THEATRE » sans aucun sous-titre, et mériterait une sortie française, au même titre que d’autres œuvres de la même série.

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26 novembre 2009 4 26 /11 /novembre /2009 08:40

Le discret réalisateur Robert Mulligan, a rarement signé de film anodin, il a touché à plusieurs genres (dont le western avec « L'HOMME SAUVAGE »), et « DAISY CLOVER, LA JEUNE REBELLE », s’il ne fait pas partie de ses chefs-d’œuvre, est un de ses films les plus étranges.

Sous couvert d’une « success story » hollywoodienne, le film suit le destin d’une gamine pauvre des années 30, propulsée superstar par un mogul manipulateur. Dès le départ, Mulligan prend le parti de styliser décors et costumes, au point qu'il est difficile de définir précisément l’époque à laquelle se déroule l’action : les immenses intérieurs immaculés, généralement déserts, donnent la sensation de plus en plus étouffante, que Daisy passe d’une cage à l’autre, plus ou moins dorée, jusqu'à n’être plus qu’une souris effrayée, entre les griffes de son mentor.

Bien sûr, l’idée de distribuer Natalie Wood, ex-enfant star, dans ce personnage était judicieuse, même si elle a dix ans de trop, ce qui change tout de même la donne. L’actrice, enlaidie par des perruques peu convaincantes, projette une image fabriquée, façonnée de toutes pièces, aligne des mimiques soigneusement étudiées, jusqu'à l’écœurement, jusqu'à la névrose. Peu à peu, entre les mains d’un amant narcissique, d’un boss omniprésent, d’une sœur profiteuse, elle perd son âme, pour n’être plus que la « petite fiancée de l’Amérique », une image ripolinée qu'elle refuse d’endosser. Le rêve devient sordide, la nuit de noces se déroule dans un motel infâme en bord de route, et l’amant de ses rêves, s’avère être un narcissique homosexuel, amoureux de lui-même. Le jeune Robert Redford est d'ailleurs étonnant, dans ce personnage tout en creux et en absence, une enveloppe vide, sous un physique parfait. Christopher Plummer lui, semble moins à son aise, dans un rôle odieux, qui nécessitait probablement un comédien plus âgé et charismatique, qu'il ne l’était à l’époque. Ruth Gordon est excellente, en mère à moitié givrée de Daisy, et Roddy McDowall a un rôle discret, presque fantomatique, d’homme à tout faire du producer, qu’on devine prêt à toutes les basses œuvres.

Trop long – plus de deux heures – alourdi par des numéros musicaux sans grand intérêt, « DAISY CLOVER, LA JEUNE REBELLE » a des allures de mauvais rêve, de fable théâtrale, déconnectée du réel. C'est ce qui en fait la singularité, mais trace aussi ses limites, car à l’instar de Daisy, on finit par suffoquer dans cet univers factice, sans horizon.

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17 novembre 2009 2 17 /11 /novembre /2009 09:00

Il est généralement admis que Gene Hackman, après quelques seconds rôles, est littéralement sorti de nulle part, pour devenir une star du jour au lendemain, grâce à « FRENCH CONNECTION ». C'est oublier un peu vite un film sorti l’année précédente : « I NEVER SANG FOR MY FATHER », dont il tint brillamment la vedette.

Tiré d’une pièce de théâtre, et inédit en France, ce drame familial explore le même territoire qu’un Bergman, ou plus tard Robert Redford : c'est à la suite du décès de la mère de famille, la confrontation sans pitié entre un vieillard égocentrique et étouffant, et son fils quasi-quadragénaire, à la personnalité minée par cette relation sans amour. Le texte est adulte et intelligent, ne sombre jamais dans le mélo ou même la grandiloquence : comme souvent dans la vie, on ne règle rien, les affrontements sont larvés, les non-dits trop nombreux, et le happy-end demeure un vain espoir.

Hackman est vraiment formidable d'humanité, dans ce personnage ingrat, introverti et à fleur de peau, face à Melvyn Douglas, qu’on n’a jamais vu aussi bon, qu'en monstre du quotidien, que tout le monde – et lui en premier – considère comme « un homme remarquable ». À leurs côtés, Estelle Parsons (qui jouait la femme d’Hackman dans « BONNIE & CLYDE »), est elle aussi excellente, dans le rôle de la sœur rejetée, parce qu'elle a épousé un Juif. Le long face à face entre elle et Hackman dans la cuisine, est ce qu'il y a de plus poignant dans le film.


Pas follement joyeux, « I NEVER SANG FOR MY FATHER » frôle le théâtre filmé, mais le texte et les acteurs auraient mérité une sortie en France. Pour l’admirateur de Gene Hackman (le vrai, pas celui de « SUPERMAN », cela va sans dire !), c'est en tout cas absolument indispensable.

 

À NOTER : le film est récemment sorti en Allemagne, avec v.f. et sous-titre français, sous le titre « KEIN LIED FÜR MEINEN VATER ».

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2 novembre 2009 1 02 /11 /novembre /2009 14:10

Pour les amateurs de pure trouille, trop souvent frustrés par des produits aseptisés ou tellement violents qu'ils en deviennent drôles, sort bientôt le magnifique « ESTHER » (« ORPHAN » en v.o., ce qui signifie « ORPHELINE »), un authentique « classique instantané » du genre, qui renvoie aux oubliettes tous les scénarios bâtis autour d’enfants maléfiques, comme « LA MALÉDICTION » et ses imitateurs.


Avec une rare connaissance du genre, le réalisateur esquive les clichés, les redites, et propose avec la petite Isabelle Fuhrman, le personnage le plus profondément dérangeant qui ait foulé un écran depuis des lustres. Évidemment, impossible de s’étendre davantage, le film ne sortant qu’en décembre en France, et que – à l’instar du « 6ème SENS » ou « LES AUTRES » et « FIGHT CLUB », il serait criminel de révéler la chute, totalement sidérante.

Difficile de trouver un défaut à cette petite merveille de précision qu’est « ESTHER » (le personnage du père, parfois illogique, peut-être ?), mais si vous songez à adopter un enfant à l’Étranger, n’allez surtout pas le voir.

Grand, grand film…

 

À NOTER : la dernière séquence du film, et l’ultime (et jouissive) réplique, sont rigoureusement les mêmes que celles de la sequel « LE CERCLE 2 », avec Naomi Watts. Coïncidence ?

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31 octobre 2009 6 31 /10 /octobre /2009 18:52

Après le remake de « FUNNY GAMES », l’excellent « THE STRANGERS », le non moins remarquable « EDEN LAKE », et l’haletant « HUNTED », un nouveau sous-genre semble être né : le thriller mettant face à face d’innocents citoyens et leur famille, et d’horribles voyous qui entreprennent de les massacrer de la manière la plus atroce qui soit.

Remake du très surestimé « LA DERNIÈRE MAISON SUR LA GAUCHE » (1972) de Wes Craven, ce film tout à fait honorable, fait plutôt penser aux « CHIENS DE PAILLE », surtout dans son dernier tiers. Sans sombrer dans le « gore » infantile, ce thriller – contrairement à son modèle qui était horriblement mal interprété – bénéficie d’un casting de tout premier ordre. De Garret Dillahunt, terrifiant en violeur-meurtrier d’un réalisme dérangeant, à la belle Monica Potter en mère prête à tout pour sauver sa fille, jusqu'à Tony Goldwyn et la jeune Sara Paxton, tout le monde est du même niveau, et chacun transcende son personnage-cliché, en un être de chair et de sang.


Le suspense va crescendo, et quand la violence explose enfin, elle a un effet cathartique impossible à nier. C'est un festival de nez cassés, de mains passées à la broyeuse, de crâne défoncé au marteau… À peine pourra-t-on regretter l’épilogue de la tête dans le four à micro-ondes, indigne du reste du film, même si on peut le prendre pour un clin d’œil humoristique.

Comme pour « MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE », le remake de la série B mal torchée (mais très culte) de Craven, a donné naissance à un bon film viscéral et parfaitement maîtrisé, dont les références – qu'il s’agisse de Peckinpah ou « DÉLIVRANCE » pour ce qui est du viol – sont des plus estimables.

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9 octobre 2009 5 09 /10 /octobre /2009 16:53

Signalons la sortie DVD de « DOUTE »,un film très intéressant, qui fut systématiquement ignoré par la critique française à sa sortie, mais qui présente pourtant un duel d’acteurs de très haut niveau. Pas un duel face à face dans la grand-rue, comme nous les affectionnons ici, bien sûr, mais un affrontement de moins en moins feutré, entre un prêtre soupçonné de pédophilie et une bonne sœur acariâtre et implacable. La logique perverse du récit nous poussant à prendre parti, mais pas forcément pour le bon adversaire...

Il y a des années que Meryl Streep n’avait pas été aussi bien, aussi sobre, et Philip Seymour Hoffman ajoute un nouveau personnage trouble à sa déjà longue collection de détraqués : de l’onaniste malsain de « HAPPINESS », au veuf shooté à l’essence de « LOVE LIZA », au copain insalubre de « POLLY ET MOI », en passant par le travesti gloussant de « PERSONNE N’EST PARFAITE », ou le vieux garçon égoïste de « LA FAMILLE SAVAGE », on ne peut pas dire que cet exceptionnel comédien choisisse des personnages très valorisants pour son ego !

C'est du théâtre filmé, même si « l’aération » est très bien pensée, mais « DOUTE » est passionnant du début à la fin, extrêmement bien  dialogué, et les seconds rôles, Viola Davis et Amy Adams sont au niveau. Ce qui en dit long sur leur talent.

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23 août 2009 7 23 /08 /août /2009 19:31

« DEUX FILLES AU TAPIS » est le dernier film réalisé par Robert Aldrich en 1981, et le moins qu’on puisse dire est que l'homme n’a rien perdu de son punch et de son mordant. Six ans après « ROCKY », Aldrich reprend le même schéma, et conte le parcours de deux paumées, gagnant misérablement leur vie en compagnie d’un manager ringard, dans des matches de catch plus ou moins pathétiques, au cœur de l’Amérique profonde. Le film est un mélange de « road movie » mélancolique, et de film d’action époustouflant, avec des matches d’une vitalité inouïe.

Peu à peu, « DEUX FILLES AU TAPIS » nous fait connaître intimement ce trio improbable, dont on comprend les failles, les faiblesses, et comme dans « THE WRESTLER » presque 30 ans plus tard, chaque combat devient un enjeu extraordinaire, auquel le public participe de toute son empathie, alors qu'il commençait le film en observant les protagonistes comme des « freaks » lamentables.

Aldrich a composé un casting parfait, avec Peter Falk dans un de ses meilleurs rôles, un ex-voyou baratineur et débrouillard, jamais battu, prêt à tout encaisser pour parvenir à son but. Il l’a entouré des exceptionnelles Vicki Frederick et Laurene Landon, aussi belles qu’impressionnantes sur le ring, dans le rôle des « California Dolls ». Parmi les seconds rôles : Burt Young, revenant de « ROCKY », idéal en organisateur libidineux, Richard Jaeckel en arbitre pourri et Lenny Montana, le Luca Brasi du « PARRAIN », en garde du corps.

Film méconnu dans la riche et inégale filmo de Robert Aldrich, « DEUX FILLES AU TAPIS » a formidablement passé l’épreuve des années.

 

À NOTER : le film est récemment sorti dans la collection « WARNER ARCHIVES », sous son titre original « …ALL THE MARBLES ». À quand une édition française ?

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