Signé du maestro Dino Risi, « LE VEUF » est une comédie italienne typique de son époque, une fable amorale, douce-amère et clownesque qui trace le portrait pas trop flatteur d’un individu lamentable.
Alors dans sa meilleure période, Alberto Sordi – sur qui reposent 90% du film – crée un personnage fabuleux de petit escroc velléitaire, vaniteux, incompétent, mais surtout, jamais battu. Marié à une femme riche qui l’humilie et le rabaisse constamment, il poursuit ses rêves (imbéciles) de richesse et de réussite sociale, entouré d’incapables et de bras-cassés. Goûtant le bonheur d’être veuf pendant 24 heures (ce n’était qu’un malentendu !), il va tout faire ensuite pour que cette situation se pérennise. Mais comme disait si bien la chanson de Brassens : « Quand on est con, on est con ».
Le scénario est simple et linéaire, mais le ton incroyablement cruel et sans pitié. On ne compatit jamais à la malchance du pauvre Alberto, tant il est bête et auto-satisfait, on l’observe juste comme un insecte nuisible mais très amusant à voir évoluer. L’acteur, en totale liberté, est vraiment fascinant de drôlerie et de précision dans le comique, dosant ses effets au millimètre, sans jamais céder au cabotinage. Il est très bien entouré par Franca Valeri en épouse acariâtre et avaricieuse et Livio Lorenzon, formidable en bras-droit obséquieux et vite dépassé par les évènements.
C'est léger, bien rythmé, on sourit beaucoup, on rit de temps en temps et quand arrive l’épilogue – aussi prévisible qu’inévitable – on applaudit des deux mains. Grands bonshommes, pour un grand cinéma qui savait rester grand, même quand il traitait de petits sujets.