Aujourd'hui, Lee Van Cleef figure proéminente de « WWW » aurait fêté ses 86 ans. Excellent prétexte pour l’inscrire dans notre rubrique des « ACTEURS-CULTE » du blog. Dans toute la richesse de sa filmographie…
Acteur de 3ème plan des fifties à l’étonnant profil et au regard perçant de rapace, il a hanté nombre de westerns de sa démarche saccadée.
Lee Van Cleef est le tueur qui joue de l’harmonica dans « LE TRAIN SIFFLERA TROIS FOIS ». La légende veut que Fred Zinnemann lui demanda de se faire rectifier le nez afin de jouer le shérif-adjoint, mais Van Cleef refusa, optant sans le savoir pour des années de rôles identiques de ‘villains’ destinés à mordre plus ou moins rapidement la poussière.
Il est gangster dandy dans « LE 4ème HOMME », joue le tireur d’élite de l’armée dans « LE MONSTRE DES TEMPS PERDUS », le ‘bad guy’ tué en duel par Rock Hudson dans le plus beau plan de « VICTIME DU DESTIN », un caïd dans « VICE SQUAD », un savant dans « IT CONQUERED THE WORLD », un malfrat… corse dans « THE BANDITS OF CORSICA », un voyou dans « 10 HOMMES À ABATTRE », un chef indien (sympathique !)
dans « LA HACHE SANGLANTE », un des frères métis recherchés dans « DU SANG DANS LE DÉSERT ».
Lee Van Cleef cherche à venger son frère au début de « RÉGLEMENTS DE COMPTES À OK- CORRAL » avant d’être tué d’un couteau en plein cœur. Il est un homme de main implicitement gay dans « ASSOCIATION CRIMINELLE », un des « BRAVADOS » injustement exécuté. Il étonne en général eurasien dans « PORTE DE CHINE » où il est défénestré par une peu consentante Angie Dickinson.
Il figure encore en cowboy dans « LE TROUILLARD DU FAR-WEST », en lieutenant de Gengis Khan dans « LE CONQUÉRANT » (où il a une danse de quelques secondes totalement inoubliable tant elle est ridicule !), en pistolero sournois dans « JICOP LE PROSCRIT ». Il joue le sergent antisémite qui pourrit la vie de Monty Clift dans « LE BAL DES MAUDITS », le bras droit de Lee Marvin dans « L’HOMME QUI TUA LIBERTY VALANCE », un trappeur chevelu au début de « LA CONQUÊTE DE L’OUEST ».
De cette première période de sa carrière, on retient surtout le hors-la-loi intelligent traqué par Randolph Scott dans « LA CHEVAUCHÉE DE LA VENGEANCE » où il bénéficie de l’unique gros-plan de tout le film.
Sergio Leone qui trouvait que l’acteur avait dans l'œil « le génie d’un Van Gogh », lui apporte enfin le succès grâce au rôle du Colonel Mortimer refusé par Henry Fonda, Charles Bronson et Lee Marvin, dans « …ET POUR QUELQUES DOLLARS DE PLUS » où Van Cleef qui à 40 ans, en paraissait quinze de plus, impose enfin sa silhouette. Il confirme l’essai avec le chasseur de primes Sentenza (ou ‘Angel Eyes’ en v.o.) dans « LE BON, LA BRUTE, LE TRUAND » où il repousse les limites du sadisme goguenard.
Van Cleef enchaîne dès lors les films multinationaux : « COLORADO » en chasseur de primes aux ambitions politiques, « PAS DE PITIÉ POUR LES SALOPARDS » en hors-la-loi tenté par la respectabilité et « LA BRUTE, LE COLT ET LE KARATÉ » lui font retrouver son rôle-type de ‘gunman’ âpre au gain. Il tourne, toujours en Italie « COMMANDOS » en sergent névrosé de la WW2, « LE DERNIER JOUR DE LA COLÈRE » en ‘gunfighter’ servant de mentor à un innocent, « LA MORT ÉTAIT AU RENDEZ-VOUS » en ‘villain’ repenti, « CAPITAINE APACHE » en scout indien glabre, « L’HOMME AUX NERFS D’ACIER » en caïd, « LE RENARD DE BROOKLYN » en escroc, « LE GRAND DUEL » en shérif, « LES IMPITOYABLES » dans un double rôle de prêtre assassiné et de pistolero barbichu, « NOM DE CODE : OIES SAUVAGES » en pilote d’hélico. Il est chef de la pègre dans « THE PERFECT KILLER ».
Il compose un héros semi-parodique, plein de gadgets dans « SABATA » et « LE RETOUR DE SABATA ». Van Cleef reste dans l’humour lourdingue pour camper un escroc en chapeau melon dans « LES 4 MERCENAIRES D’EL PASO » où il séduit tout de même Gina Lollobrigida !
Son retour aux U.S.A. n’a rien de spectaculaire, Van Cleef se contente de jouer dans « BARQUERO » en passeur de rivière, « LA CHEVAUCHÉE DES 7 MERCENAIRES » où il reprend le rôle de Chris Adams créé par Yul Brynner, « EL CONDOR » en hors-la-loi idiot. Il est un responsable des services secrets dans « NEW YORK 1997 », participation symbolique pour le fan de Leone qu’est John Carpenter et campe un justicier de quartier dans « ARMÉS POUR RÉPONDRE ».
À noter qu’à la fin des sixties, deux anciens films de Van Cleef : « LE TRAIN SIFFLERA TROIS FOIS » et « VICTIME DU DESTIN » sont ressortis en exclusivité avec un nouveau matériel publicitaire mettant en avant le nom de notre acteur. Le second avait même été rebaptisé « IL ÉTAIT UNE FOIS… UN HORS-LA-LOI » pour évoquer l’univers du ‘spaghetti western’. Van Cleef y meurt pourtant au bout de vingt minutes ! Il a également tourné quelques pubs pour une bière allemande ainsi qu’une série de spots pour les garages Midas, où il incarne avec humour un garagiste-caïd-pistolero face à d’anciens partenaires comme Jack Palance ou John Philip Law.
Dans une longue filmo TV, on retient que Van Cleef joue un gardien de bagne sadique dans « MEASURE OF FAITH » et de nombreux ‘bad guys’ de Western dans les séries de Chuck Connors : « L’HOMME À LA CARABINE », « LE PROSCRIT », qu’il cotoie Clint Eastwood dans deux « RAWHIDE », se fait coffrer dans « AU NOM DE LA LOI », tabasse Don Diego dans « ZORRO », joue un gangster dans « LES INCORRUPTIBLES », un joueur qui provoque Lee Marvin dans « TWILIGHT ZONE », un hors-la-loi tout de noir vêtu dans « BONANZA », un prospecteur dans « LES VOYAGES DE JAMIE McPHEETERS » et un avocat ridiculisé dans « MA MÈRE À MOTEUR » ! Il apparaît dans un « LAREDO », clin d'œil à « HIGH NOON ». À la fin de sa vie, Van Cleef apparaît en mafieux dans « THE HARD WAY » et tient même la vedette de la courte série « L’HOMME AU KATANA », dans un rôle de maître Ninja.
Malgré une fin de carrière discrète et globalement ratée, la « mystique » de Lee Van Cleef lui a survécu et semble même grandir avec les années qui passent.