« LES TIENS, LES MIENS, LE NÔTRE » est une bonne grosse comédie américaine, proche de la sitcom, qui met en vedette Lucille Ball, sorte d’Annie Cordy made in U.S., dans un scénario poussif, à l’humour lourdement réac, qui pourrait servir de promo aux ligues anti-avortement.
Comme Melville Shavelson est aux commandes, il y a heureusement quelques bonnes réparties, un ton parfois acidulé à la Neil Simon, mais la voix crispante de Lucille (le rire, surtout !), et l’agitation permanente générée par les dix-huit marmots, finissent par taper sur les nerfs.
S’il faut une seule raison pour voir ce film (qui fut d'ailleurs récemment « remaké »), ce sera pour juger sur pièces de l’extraordinaire versatilité d’Henry Fonda. Il joue ici un officier de marine, assez proche de ce qu'il fit dans « PERMISSION JUSQU'À L’AUBE », veuf et père de dix enfants, qui tombe amoureux d’une veuve, mère de huit bambins. Le rôle semble écrit pour Cary Grant, mais Fonda ne démérite pas, joue de sa rigidité naturelle, et s’efface humblement derrière sa partenaire.
Ce qui est vraiment intéressant, c'est qu'il tourna « LES TIENS, LES MIENS, LE NÔTRE » la même année que « IL ÉTAIT UNE FOIS DANS L’OUEST », et qu'il porte dans les deux films le même prénom : Frank ! Difficile d’imaginer deux emplois aussi opposés. Cela tient de la prouesse.
L’admirateur du grand « Hank » trouvera donc son bonheur (plus ou moins) dans la vision de cette comédie antédiluvienne, qui évoque les vieilles pubs américaines pour machines à laver, les autres se laisseront plutôt tenter par le remake avec Dennis Quaid et René Russo, qui n’a pas dû avoir beaucoup de mal à faire oublier Lucille Ball.