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5 juillet 2009 7 05 /07 /juillet /2009 18:16

Inspiré d’un roman très estimé de Ken Kesey dont les admirateurs ont conspué l’adaptation, commencé par un réalisateur et achevé par Paul Newman, « LE CLAN DES IRRÉDUCTIBLES » a survécu à ses aléas pour offrir un film d’une admirable retenue, qui s’accroche à ses thèmes avec une rare férocité et semble ne prendre jamais vraiment parti. Les Stamper sont-ils les derniers héros de l'Ouest ou des imbéciles bornés et suicidaires ? À chacun de se faire son opinion.

La famille Stamper brise la grève des bûcherons de l’Oregon, organisée par les syndicats, pour plusieurs raisons : d’abord, ils ont donné leur parole au client de livrer le bois en date et en heure, ensuite personne ne leur dicte leur conduite. S’attirant la haine de leurs voisins, ils persévèrent, menés par le patriarche le vieil Henry, indifférents à leurs mariages qui se délitent, au malheur qu'ils finissent par attirer sur leur tête. Indifférents à tout en fait, sauf à leur vieille maxime, héritée des pionniers : « Never give an inch » (« Ne lâchez jamais d’un pouce »). Car les Stamper sont un anachronisme vivant dans un monde qui change. Un clan fermé sur lui-même qui vit selon des principes du siècle dernier, le siècle du western.

Le choix d’Henry Fonda pour incarner le père est évidemment des plus judicieux, tant il semble amener avec lui l’âme de John Ford ou Anthony Mann. Pourtant ce rôle ne ressemble à aucun de ce que le grand comédien a interprété. Généralement élégant et réfléchi, Fonda est ici un vieux macho au langage ordurier, un « plouc » apparemment insensible pour qui tout doit passer par la force. Parfaitement dirigé, l’acteur fait complètement oublier son image habituelle et sa relation père-fils avec Newman apparaît comme une aveuglante évidence. Comment personne n’y avait songé avant ? À leurs côtés, la sublime Lee Remick joue une épouse soumise qui a appris à se taire, un beau personnage dans la lignée de ceux qu'elle tenait dans « LE FLEUVE SAUVAGE » ou « LE SILLAGE DE LA VIOLENCE ». Quant à Richard Jaeckel, il apparaît dans la séquence la plus traumatisante du film.

Cette scène magnifique montre la famille au travail, déboisant à tout-va et peu à peu une sorte de nausée s’installe, à voir tous ces arbres majestueux s’écrouler, mutilés par les machines et les haches. Jusqu'à ce que subitement, la forêt décide de se venger, et s’attaque à deux membres du clan, qu'elle détruit avec une violence inouïe. Là, les Stamper doivent affronter le seul adversaire qui puisse les faire plier : la nature elle-même. Plier mais pas casser. Ou alors, pas pour très longtemps, comme le prouve le dernier plan, avec ce majeur dressé, en signe de défi à la fatalité, et plus largement au monde moderne.

« LE CLAN DES IRRÉDUCTIBLES » a beau se passer dans les années 70, c'est fondamentalement un pur western. Un film âpre, dénué du moindre sentimentalisme, et d’une sobriété admirable. Saluons également le manque d’ego de Paul Newman, en tant que comédien, qui s’efface derrière Fonda, et même le jeune Michael Sarrazin, en jouant de façon neutre et volontairement en demi-teintes. Il a en tout cas signé un film admirable qui paraît, presque 40 ans plus tard, très sous-évalué.

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