Comme « LOST IN LA MANCHA », « L’ENFER D’HENRI-GEORGES CLOUZOT » est le making-of d’un film mort-né que nul ne verra jamais.
Autant Terry Gilliam avait joué d’une phénoménale malchance avec son tournage, autant pour Clouzot l’ennemi venait de l’intérieur. De l’intérieur de lui-même. Préparant un scénario somme toute assez banal sur la jalousie, le grand réalisateur de « QUAI DES ORFÈVRES » ou « LE SALAIRE DE LA PEUR » s’est mis en tête de créer des effets visuels inédits. Il se lança donc dans des essais – dont certains assez extraordinaires – qui durèrent des mois. Et quand les producteurs américains les virent, ils furent suffisamment impressionnés pour lâcher la phrase fatale : « Budget illimité ».
À partir de là, les portes de l’enfer se sont effectivement ouvertes et Clouzot a entraîné son équipe dans un tournage apocalyptique, boursouflé de dollars, auquel nul ne comprenait rien. Jusqu'au départ de la vedette Serge Reggiani, jusqu'à l’infarctus du réalisateur qui mit fin à l’aventure.
Le film, mi-docu, mi-fiction, comprend de banales interviews façon talk-show, des séquences recréées par deux comédiens d’aujourd'hui, des scènes d’époque plus ou moins montées, des plans volés, des instants de vie figés pour l’Éternité. C'est fascinant et triste, magnifique et pathétique. Quelle serait la morale de l’histoire ? Pas d’Art sans contrainte ?
Le pire est que Romy Schneider n’a jamais été aussi lumineuse que dans ces lambeaux de film !