« THE JUDGMENT » est un épisode très atypique du « VIRGINIEN » puisqu’il n’y est question ni du Virginien, ni de Trampas, ni de Steve. L’action se déroule en effet dix ans avant le début « officiel » de la série et ne concerne que le juge Garth et sa fille Betsy, alors âgée de cinq ans.

Le scénario très bien construit n’est pas sans évoquer celui du « TRAIN SIFFLERA TROIS FOIS ». Ici, Lee J. Cobb, juge intransigeant veut faire exécuter un prisonnier, mais sa famille de culs-terreux débarque pour l’en empêcher. Quand le juge demande de l’aide à la population, tout le monde se défile ou s’oppose carrément à lui de crainte des représailles. C'est tout seul – ou presque – qu'il devra mener sa sentence jusqu'à son terme. Sans compter que pour corser le tout, sa fiancée le trompe avec le shérif !

Outre un Cobb omniprésent et plus bourru que jamais, le film est un festival Clu Culager qui joue le frère aîné du condamné. Défiguré par un maquillage à la Quasimodo, l’acteur offre une prestation très ‘Actors Studio’ mais tout à fait réjouissante de brute sournoise et bestiale, mais loin d’être stupide. On reconnaît également le buriné David MacLean (héros de la série « TATE ») en shérif dragueur et pleutre et John Kerr (le jeune amant de Deborah... Kerr dans « THÉ ET SYMPATHIE ») en avocat fougueux.

Un excellent épisode, qui culmine avec la séquence où au Palais de Justice, le juge tient l’auditoire en respect avec son colt, pendant que le prisonnier est exécuté. Une vraie situation de western !

« BIG DAY, GREAT DAY » est un épisode du « VIRGINIEN » sans le Virginien. Ou presque : il n’apparaît fugitivement que lors du prologue. Réalisé par Harmon Jones qui signa l’immortel « GORILLA AT LARGE » (déjà avec Lee J. Cobb), c'est un épisode plus léger que de coutume, à la limite de la grosse comédie et du trivial.

Lors d’une visite en ville, le juge Garth croise un vieux copain (Aldo Ray) devenu catcheur, qui doit se marier avec une entraîneuse qu'il courtise depuis quinze ans et combattre le soir même pour le championnat du monde. Il se débat avec un manager véreux, ce qui ne suffit encore pas à remplir le métrage. Alors les scénaristes inventent une love story entre le ‘récurrent’ Gary Clarke et une autre fille de saloon qu'il veut épouser. On met le doigt sur le mauvais côté de téléfilms faisant 1 H 15 : parfois on a du mal à les remplir !

Révélé par George Cukor et Raoul Walsh, le sympathique Aldo Ray campe donc ce pugiliste en surpoids avec un visage congestionné. Le voir combattre le champion Mickey Shaughnessy encore plus gros et âgé que lui, est assez surréaliste. C'est surtout Doug McClure qu’on voit beaucoup dans ce film, alors qu'il tente de décourager son copain de se marier sur un coup de tête.

Dans une ambiance de bastons de saloon évoquant les John Wayne des années 60 comme « LE GRAND McLINTOCK ! », cet épisode n’entrera certainement pas dans le panthéon des meilleurs de la série.

C'est juste après son renouveau de succès dans « QU’EST-IL ARRIVÉ À BABY JANE ? », que Bette Davis grande star de l’Âge d’Or hollywoodien, accepta d’apparaître dans l’épisode « THE ACCOMPLICE » de la série « LE VIRGINIEN ».

À 54 ans seulement, le visage excessivement marqué, elle endosse un de ces rôles dont elle a toujours raffolé : une vieille fille aigrie qui prend sa revanche sur la vie, sans souci des dommages collatéraux. Ici, elle accuse Trampas – personnage récurrent de la série – d’avoir braqué la banque où elle travaille et en profite pour faire chanter le vrai coupable. Véritable vipère jouant comme personne les agneaux venant de naître, Miss Davis est tellement à son affaire, qu’on a du mal à croire à son revirement final et à ses remords tardifs. Pas le style de la maison ! Mais après tout… c'est un téléfilm. Et celui-ci vaut le coup d’œil ne serait-ce que pour la course folle de la star voulant se confesser à la fin. Baby Jane peut aller se rhabiller !

Bien écrit et filmé, cet épisode (dont Lee J. Cobb est totalement absent) est un des grands moments de la série, grâce au numéro de Bette Davis, tout à fait digne de ses plus grands rôles au cinéma. Autour d'elle, des vétérans du western comme Gene Evans, Harold Gould, Woodrow Parfrey et même un jeune Victor French parfaitement méconnaissable (photo) sans sa moustache.

À NOTER : Bette Davis et Doug McClure qui ont plusieurs bonnes scènes ensemble, se retrouveront dix ans plus tard pour le téléfilm « UN JUGE PAS COMME LES AUTRES » en covedettes.

« IT TOLLS FOR THEE » est un épisode de la 1^ère saison de la série « LE VIRGINIEN » particulièrement notable puisqu’il fut écrit et réalisé par Samuel Fuller. Dans le cadre très balisé d’une série western familiale, ‘Sam’ se débrouille pour traiter d’un sujet qui lui a toujours été cher : la violence.

« Je pensais qu'il serait intéressant de transposer un type de crime inventé par l’Europe : l’enlèvement d’un roi », se souvient Fuller dans le livre « IL ÉTAIT UNE FOIS… SAMUEL FULLER ».

De fait, le juge Garth (Lee J. Cobb) est kidnappé par un hors-la-loi (Lee Marvin) et sa bande en échange de 100.000 $. Mais une fois la rançon touchée, Marvin le garde, car il a un compte à régler avec lui. Ce sont manifestement les face à faces entre les deux hommes qui intéressent l’auteur : planqués dans la rocaille, ils échangent des considérations sur la violence et le remords, rivalisent de citations. À la différence qu'ils ne sont pas dans un salon où l’on cause, mais dans un western. Et que Marvin est un voyou vicieux et rancunier. Et que – clin d’œil – il va même jusqu'à jeter du café bouillant sur les mains de Cobb.

Martin Kaligh ressemble énormément à Liberty Valance (du film de John Ford tourné la même année) jusqu'à son cache-poussière et ses accès de violence bestiale. Lee Marvin se régale évidemment et gagne haut la main son affrontement avec Cobb dans un rôle il est vrai, moins bien écrit.

Sur 75 minutes, « IT TOLLS FOR THEE » a largement le temps de développer ses thèmes et même de se perdre dans des digressions superflues. Mais avec cette montre à gousset offerte à Cobb par Joseph Pulitzer, avec ses grandes théories et sentences à l’emporte-pièce, le doute n’est jamais possible : on est bien dans un film de Sam Fuller !

Marvin et le réalisateur devaient se retrouver bien des années plus tard pour le chef-d’œuvre « AU-DELA DE LA GLOIRE ».

À NOTER : certaines séquences de cet épisode sont familières au fan de Marvin et de Charles Bronson, puisqu’elles servirent de matériau de base au film de montage « IL ÉTAIT UNE FOIS… 2 SALOPARDS » dont nous parlons par ailleurs.