Quelques années plus tôt, Brian G. Hutton tournait deux films de guerre à succès avec Clint Eastwood. Il change ici complètement de registre (quoique…), avec cette resucée de « QUI A PEUR DE VIRGINIA WOOLF ? » adaptée au ‘swinging London’, mais avec la même Liz Taylor.
« UNE BELLE TIGRESSE » n’existe que pour et à travers elle. Boudinée dans des ponchos à strass, arborant des coiffures hallucinantes, d’une vulgarité de chaque seconde, la comédienne s’éclate visiblement dans un rôle de mégère sensuelle et perverse, de sangsue infatigable. Voyant son mari lui échapper pour une femme plus « normale », Liz va sortir tout son attirail de hurlements, de tentatives de suicide, de manipulations et finira par sortir l’arme fatale : coucher avec la maîtresse !
« UNE BELLE TIGRESSE » est un film d’une kitscherie insensée, tellement mauvais qu'il en devient fascinant. Hutton parvient à capter l’ambiance d’une époque, avec ses soirées alcoolisées au son des cithares, ses perruques afro et ses intérieurs surchargés de couleurs fluo. Calquant le ton de son film sur le jeu de Taylor, une sorte d’excès permanent à l’extrême limite du pastiche, il parvient à maintenir l’intérêt. D’une curieuse façon, mais il y parvient.
Dans le rôle du mari, dragueur sans caractère, ballotté d’une femme à l’autre, Michael Caine s’efface complètement derrière la star. On se dit même parfois que Taylor jouant une sorte de caricature d’elle-même, Richard Burton aurait sans doute été plus adéquat pour camper son mari. Susannah York joue avec un réalisme louable, mais qui ne lui laisse aucune chance, face au monstre sacré.
Un film indispensable à tout admirateur d’Elizabeth Taylor, car le rôle de Zee est une sorte de condensé et de point de non-retour dans sa carrière. Il faut l’avoir vue cancaner avec son confident homo, crachant son venin, surjouant les petites filles, singeant cruellement ses partenaires. Assez fascinant, dans le genre !