Qu'est-ce que « NOSFERATU À VENISE » ? C'est la sequel d’un remake. Ça vous pose déjà un film ! C'est aussi une production italienne interprétée par des vétérans des copros, musiquée par Vangelis et réalisée par le producteur de « KING OF NEW YORK ». Autrement dit : une bouillie.
Reprenant (plus ou moins) son rôle du semi-classique de Werner Herzog, Klaus Kinski a refusé de retrouver son aspect repoussant (crâne chauve, oreilles en pointe, teint plâtreux). Aussi s’est-il concocté un look de vieux marquis libidineux avec extension capillaire et yeux charbonnés au khôl. L’air allumé – ce n’est pas nouveau – il déambule dans Venise, jouant un vampire assez inédit : il ne craint ni les crucifix, ni la lumière du jour, se voit dans un miroir et possède des superpouvoirs à rendre jaloux les X-Men. Autant dire qu’on nage dans le n'importe quoi le plus total.
Si le film a cru bon de se passer d’un scénario ou même d’une trame, on devine par instants ce qu'il aurait pu être. La photo magnifie Venise, dans une atmosphère baroque et décrépite, capte ses ambiances mieux encore que ne l’avaient fait « NE VOUS RETOURNEZ PAS » ou « LA CLÉ ». Certains extérieurs sont filmés aux premières lueurs de l’aube ou à « l’heure magique » et restent imprimés dans la mémoire. Ces plans valent à eux seuls qu’on voie ce nanar sans queue ni tête. Enfin – façon de parler, puisque le cher Klaus a tenu à assurer deux scènes érotiques avec des nymphettes dénudées.
À ses côtés, Christopher Plummer joue les ersatz de Van Helsing. Vu ce qu'il a à faire, on lui souhaite d’avoir été correctement payé. Idem pour Donald Pleasence qui joue un curé morfal en roulant des yeux effarés.
« NOSFERATU À VENISE » aurait pu être financé par l’office du tourisme vénitien, tant il n’est au fond qu’un somptueux dépliant, avec de beaux plans du carnaval et de gondoles au lever du jour.