Grande figure du film d’action des sixties et seventies, James Coburn a créé un personnage unique de dandy buriné et ironique, au jeu maniéré et au rire chevalin.
Il s’impose dès ses premiers rôles : le cowboy vindicatif de « FACE OF A FUGITIVE », le vagabond simplet de « LA CHEVAUCHÉE DE LA VENGEANCE », Britt le lanceur de couteaux imperturbable dans « LES 7 MERCENAIRES », le rôle – pourtant peu développé dans le film – qui reste encore aujourd'hui, le plus souvent associé à son nom, au même titre que l’Australien à la valise de « LA GRANDE ÉVASION ».
Coburn joue le caporal binoclard qui saute sur une mine dans « L’ENFER EST POUR LES HÉROS », le malfrat texan qui terrorise Audrey Hepburn avec des allumettes dans « CHARADE », l’officier arriviste dans « LES JEUX DE L’AMOUR ET DE LA GUERRE ». Il trouve un éphémère vedettariat grâce à deux pastiches successifs de 007 : « NOTRE HOMME FLINT » et « F COMME FLINT » où il incarne un agent secret bouddhiste constamment entouré de pin-ups énamourées.
À la suite de ce succès, Coburn apparaît en vedette dans des séries B de luxe où il joue des voleurs ou des tueurs à gages élégants : « UN TRUAND », « HARD CONTRACT » ou « DUFFY, LE RENARD DE TANGER ». Mais il passe à côté de la vraie popularité, préférant alterner les seconds rôles de prestige avec les grands premiers rôles. Il est médecin dans « OPÉRATION CLANDESTINE », psy dans « LA FOLLE MISSION DU DR. SCHAEFER », gentleman du Sud malade dans « THE LAST OF THE MOBILE HOTSHOTS ».
Sam Peckinpah lui offre des personnages magnifiques : Potts le guide manchot de « MAJOR DUNDEE » où Coburn est couvert de postiches et méconnaissable (il remplaça Lee Marvin d’abord prévu), le shérif opportuniste qui trahit son meilleur ami dans « PAT GARRETT & BILLY THE KID », le sergent allemand écœuré par la guerre de « CROIX DE FER ». Coburn va même jusqu’à réaliser certaines séquences de « CONVOI », pour dépanner son ami Sam en mauvaise santé.
Coburn marque de nombreux films de son empreinte : « CYCLÔNE À LA JAMAÏQUE » en pirate, « L’OR DES PISTOLÉROS » en hors-la-loi rigolard, « QU’AS-TU FAIT À LA GUERRE, PAPA ? » en G.I. magouilleur, « LES INVITATIONS DANGEREUSES » en producteur pervers, « LE BAGARREUR » en manager ringard de boxeurs clandestins, « LA CHEVAUCHÉE SAUVAGE » en cowboy dandy au bout du rouleau, « LA LOI DE LA HAINE » dans un de ses rares rôles de méchant, « L’ARME AU POING » en baroudeur amoureux, « LA BATAILLE DE MIDWAY » en officier le temps d’une séquence, « DEATH OF A SOLDIER » en MP en poste en Australie. Dans « MR. PATMAN » Coburn étonne en infirmier humain mais parano d’un HP.
Après de graves problèmes de santé (des rhumatismes invalidants) il connaît un regain de popularité dans les nineties : « HUDSON HAWK, GENTLEMAN ET CAMBRIOLEUR » en ennemi juré de Bruce Willis, « YOUNG GUNS 2 » où il incarne John Chisum. Il joue l’évêque de « SISTER ACT 2 », un avocat ripou dans « THE HIT LIST », le commodore qui organise le tournoi de poker dans « MAVERICK ». Il est le principal de la fac dans « PROFESSEUR FOLDINGUE », un mogul du pétrole dans « KEYS TO TULSA », le supérieur ambigu de Schwarzie dans « L’EFFACEUR », le méchant de « SKELETONS », le romancier agonisant de « THE MAN FROM ELYSIAN FIELDS » (où il est exceptionnel), le père de… Cuba Gooding, Jr. dans « CHIENS DES NEIGES ».
Après des décennies de rôles insuffisants dans des films d’action, Coburn tient le rôle d’un père abusif et alcoolique dans « AFFLICTION ». Il surprend tellement, qu’il obtient l’Oscar du meilleur second rôle en ‘99. Il retrouve un excellent rôle, celui du père éploré de « AMERICAN GUN ».
Mais le rôle de James Coburn auquel on repense avec le plus d’émotion demeure Sean Mallory, dynamiteur irlandais exilé au Mexique dans « IL ÉTAIT UNE FOIS… LA RÉVOLUTION », où Sergio Leone filme son étrange visage de façon inoubliable.
Coburn ne fait que passer en clin d’œil dans plusieurs ‘caméos’ : dans « CE CHER DISPARU » en officier de l’immigration et « CANDY » en toubib dépravé. Il apparaît dans son propre rôle dans « CALIFORNIA HÔTEL » où on le voit dans un extrait de film avec Maggie Smith, dans « LES MUPPETS : ÇA C’EST DU CINÉMA ! » en patron de restaurant et le temps de quelques plans de « THE PLAYER ».
À noter qu’il apparaît non-mentionné au générique de « PAYBACK » où il est drôle en mafieux qui défaille à la vue du sang.
En 2001, on retrouve son nom au générique de la minisérie « THE MISTS OF AVALON », comme producteur exécutif et il prête sa voix au PDG de l’usine dans « MONSTRES & Cie ».
Il meurt d’un infarctus en novembre 2002.
À la TV, on voit James Coburn en joueur dans les séries « KLONDIKE » et « ACAPULCO », en ‘guest’ dans trois « AU NOM DE LA LOI », en ‘hitman’ dans « LES INCORRUPTIBLES », en tueur d’Indiens dans « RAWHIDE », en survivant de l’Holocauste dans « LA 4ème DIMENSION ». Il reparaît en privé hammettien dans « UN PRIVÉ DANS LA NUIT » et en shérif alcoolique dans « DRAW ! ». Il tient son propre rôle dans un épisode de « L’HOMME QUI TOMBE À PIC », apparaît en avocat dans « SINS OF THE FATHER » ainsi que dans « MALIBU », en responsable de l’aéroport dans « 1000 HEROES », en directeur de musée à Mexico dans « ARABESQUE », en Mormon couvert de postiches dans « THE AVENGING ANGELS ». Il est déguisé en Père Noël aviné dans « A CHRISTMAS REUNION » et joue un rancher dans « THE CHEROKEE KID », un peu reluisant président des U.S.A. dans « THE SECOND CIVIL WAR ». On le voit, singulièrement épaissi, en business man dans « PROFILER », en père du shérif dans « LA VILLE DU GRAND SECRET », en boss du héros de la série « ARLISS ».