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27 mars 2011 7 27 /03 /mars /2011 18:21

TRUE GRIT (3)Quand on lui remit son Oscar pour « CENT DOLLARS POUR UN SHÉRIF », John Wayne déclara avec humour que s’il avait su, il se serait mis un bandeau sur l’œil plus tôt. Les critiques furent généralement de cet avis, affirmant qu'il ne faisait dans ce film que saTRUE GRIT (2) routine habituelle. Rien n’est plus faux. Dans la forme comme dans le fond, d'ailleurs.

Rooster Cogburn n’a rien d’un héros « fordien » ou même « hawksien », ces ‘mensch’ de l'Ouest bourrus, taiseux et incorruptibles qui ont forgé l’image du ‘Duke’. C'est un ivrogne, un ancien hors-la-loi, un tueur sans pitié (il tire même dans le dos et sans sommation !), un bavard impénitent. Wayne ne cabotine pas vraiment dans ce rôle, c'est autre chose : il pousse ses maniérismes aux extrêmes limites de la parodie sans y sombrer totalement, accepte de se laisser bousculer – et parfois voler la vedette – par une gamine, de se ridiculiser, pour renaître de ses cendres à la fin dans un « tournoi » à un contre quatre, entré dans la légende du western.

« CENT DOLLARS POUR UN SHÉRIF » est un film quasi-parfait, au dialogue finement TRUE GRIT (1)ciselé, oscillant constamment entre l’humour et l’émotion. Certaines scènes comme les échanges entre Mattie et le vendeur de chevaux (savoureux Strother Martin) sont des bijoux en soi. Et Hathaway profite pleinement de ses deux heures de métrage en prenant le temps d’installer sesTRUE GRIT (5) personnages, de développer les enjeux. Sans parler de la photo de Lucien Ballard, sans doute une des plus belles de sa longue carrière.

La jeune Kim Darby assume crânement ce rôle d’ado irritante et donneuse de leçon et tient tête à Wayne du début à la fin. La séquence où pendant la nuit, Rooster raconte sa vie à Mattie méritait à elle seule l’Oscar. Et pas seulement pour Wayne ! Avec sa bedaine, sa diction reconnaissable entre mille, ses mimiques cocasses, Wayne est un régal de chaque instant. Ainsi la scène où il descend un rat après lui avoir sommé de se rendre, est-elle une vraie TRUE GRITprouesse d’acteur. Le cast de seconds rôles est superbe : Robert Duvall donne une profondeur inattendue à son rôle de bandit balafré. Dennis Hopper apparaît dans une séquence en voyou blessé et il ne fait pas dans la sobriété bressonienne. On reconnaît le temps de quelques plans des visages familiers de l’entourage du ‘Duke’.

À la sortie du remake des frères Coen, le film d’Hathaway a souvent été dénigré, comme s’il s’agissait d’une vieillerie obsolète. Esthétiquement, c'est déjà loin d’en être une (surtout en Blu-ray) et scénaristiquement, on trouve des éléments très nouveaux pour l’époque, comme cette fin douce-amère qui laisse sur une note assez poignante ou plus généralement, ce portrait de l’héroïne, qui ne cède jamais au sentimentalisme hollywoodien d’usage. Casse-pied elle est, casse-pied elle reste jusqu'au bout. Même si entretemps on a appris à l’aimer à travers les yeux (enfin, l’œil !) du vieux ‘Rooster’.

C'est définitivement un des plus beaux films d’Henry Hathaway et une des grandes réussites de John Wayne.

TRUE GRIT (4)

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commentaires

E
Glen Campbel est décédé ce 8 aout 2017
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B
J'ai apprécie votre commentaire car vous réhabilitez ce film que j'adore plus que tout! Tout est dit a la fois sur la mise en scène d'hattaway,le jeu d'acteurs ,la photo sublime ,ce film est une<br /> Belle preuve d.affection du metteur en scène au Duke ...<br /> Quand a moi ,je l.assimile a les souvenirs d'enfance ceux que nous partagions le dimanche soir en famille devant le poste de tv ,merci pour tout
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F
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N
Désolé de prendre le train en marche mais j'avais loupé celui de 3h10...<br /> J'aime bien les deux films avec une légère préférence pour le "Coennien" parce que j'apprécie leur style décalé... Cela dit je trouve que les remakes ne sont pas inutiles et peuvent même insuffler<br /> un... euheueu ... nouveau souffle au genre !... Regardez le sublissime "3h10 pour Yuma" avec Russell Crowe et Christian Bale... je le trouve même plus profond plus aboutit que celui de 1957 avec<br /> Glenn Ford et Van Heflin... bon après c'est toujours une histoire de goût, mais mais mais méfiez-vous de la nostalgie qui peut être trompeuse ! aaaaah la langue fourchue !
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D
Pour répondre à Fred Jay Walk, qualifier le remake de "totalement inutile" me paraît injuste. Si on regarde le film avec les deux yeux, on constate qu'il est truffé de cet humour décalé, quasi<br /> pince-sans-rire qui fait le sel de nombreux opus des frères Coen. Je pense pour les exemples les plus évidents au passage du médecin emmitouflé dans sa tête d'ours ou encore à ce délire sur la<br /> langue du pauvre Matt Damon ! Je trouve que cet esprit savamment loufoque, sans parler de l'interprétation, fait toute la différence avec le film de '69.
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D
Personnellement, je préfère largement Wayne dans La Prisonnière du Désert, Liberty Valance ou même L'Aigle vole au soleil. Question de sensibilité.
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&
Le remake est un bon western,l original un grand western!Et quitte a passer pour sectaire,on peut mettre tous les Bridges du monde,John Wayne reste sublime dans son interprétation.Si Wayne avait<br /> gagné un Oscar pour "La prisonnière du désert"(que ce ne soit pas le cas reste incompréhensible,idem pour "Liberty Valance")nul doute que les commentaires a son égard auraient été plus élogieux sur<br /> l ensemble de sa carrière.J ai entendu Bridges dire,a la sortie du film,"qu essayer de copier Wayne c est faire insulte au genre western"..a partir de la,tout est dit!Alors Bridges fait un bon<br /> travail dans "True Grit",mais le magnétisme de Wayne fait la différence..
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D
Au premier abord, j'avais trouvé que la version des frères Coen n'apportait pas grand chose de neuf après ce film, surtout sur le plan du scénario. Mais avec le recul, je trouve que le True Grit<br /> cru 2010 fait quand même largement mordre la poussière à son aîné, et ce plus ou moins à tous les niveaux. Ce Cent Dollars pour un Shérif est à mon sens un des westerns les plus faibles d'Hathaway,<br /> je le trouve pataud, languissant, ringard, un peu à l'image de son personnage de shérif joué par John Wayne dont le jeu sent légèrement la naphtaline pour le coup (surtout après ce que Jeff Bridges<br /> a fait du perso). Il y a un côté "Petite Maison dans la Prairie" qui me gêne pas mal dans ce film, et l'insupportable Kim Darby ne rend pas les choses plus faciles (là encore, elle reçoit une<br /> méchante leçon de la part de la petite Hailee Steinfeld qui fait oublier le jeu criard et vieillot de sa prédécesseure). Après ce n'est bien sûr qu'un avis, d'autant que je figure dans la<br /> minorité...
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F
<br /> <br /> Dans ce genre de discussion autour d'un film, il est évident que personne n'a tort ou raison. Mais en l'occurrence, je ne te suis pas du tout dans ton argumentation. Le remake ne m'a pas paru<br /> "ringard" c'est vrai, mais totalement inutile.<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Oui une réussite ! Super film !<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Elvis n'était pas un grand comédien, si ce n'est par la taille...<br /> <br /> <br />
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L
<br /> En fait, Presley voulait le rôle, mais son agent, le sombre colonel Parker, avait demandé une somme d'argent exorbitante ainsi que la tête d'affiche pour son poulain... Glenn Campbell fut engagé<br /> pour faire un titre, et si possible un hit, avec la chanson-titre du film.<br /> <br /> Sinon, on voit dans ce film une ouverture avec des jeunes acteurs prometteurs comme Duvall, qui est excellent dans un rôle court mais marquant (il paraît que Wayne a voulu une fois lui casser la<br /> gueule pour avoir répondu vertement au réalisateur, Hathaway, car Duvall voulait improviser quelque chose) et le caractériel Dennis Hopper. Ce dernier avait eu une relation amour/haine avec<br /> Hathaway : dans une première collaboration dix ans auparavant, Hathaway lui avait fait refaire la même scène de 9h à 22h, le temps que Hooper fasse ce qu'on lui demandait au lieu de tenter<br /> d'improviser. Par la suite, Hooper fut évidemment tricard pendant des années à Hollywood... Avant d'être engagé dans un film... d'Hathaway ("Les quatre fils de Katie Elder", grâce à l'entremise<br /> de... John Wayne, ce que Hooper a révélé dans un entretien des années 2000 : il était alors le beau-fils d'une amie de John Wayne, Margaret Sullivan, et a dit qu'il avait toujours été une<br /> connaissance des fils Wayne. Hooper a même raconté qu'il était devenu assez ami avec Wayne lui-même. En fait, il était son communiste-maison dès qu'il était énervé à propos d'une action anti-guerre<br /> du Viet-nam. Une fois, sur le plateau de "True grit", Wayne était descendu d'un hélico avec un pistolet en disant qu'il voulait savoir où ce "gauchiste se cachait", parlant de Hooper (alors très<br /> engagé à gauche) qui s'était caché dans la caravane de Glenn Campbell, et avec qui il voulait avoir une discussion politique, mais il semblait que c'était un jeu entre les deux et que Hooper était<br /> le gauchiste préféré de Wayne.<br /> <br /> Le casting pour la jeune fille fut agité. Mia Farrow était la première voulue par le producteur. Mais Robert Mitchum avait prévenu cette dernière que Hathaway était particulièrement dur et retors<br /> sur un tournage (ce qui était assez connu), qui alors refusa (et plus tard déclara que ça avait été sa plus grosse erreur professionnelle) après avoir demandé au producteur Hal Wallis de remplacer<br /> Hathaway par Roman Polanski ! Tuesday Weld (ahhh) fut également envisagée, ainsi que Sally Field.<br /> <br /> Sinon, John Wayne ne voulait pas de bandeau et pas de moustache (comme le personnage du livre), pour ne pas qu'on le croie sorti d'un film de pirate à la Errol Flynn. Hathaway refusa pour le<br /> bandeau et lui demanda de ne pas faire de régime pour le film.<br /> <br /> <br />
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K
<br /> J'applaudis à deux mains Lemmy. Ricky Nelson était une idole comme peut l'être Bieber de nos jours. Faut pas se voiler la face. Et tu as raison de mentionner Elvis. Mais bien que ce soient de<br /> grands chanteurs, ce ne sont pas de grands acteurs. Vaste débat.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Tabou : J'aime Ricky Nelson dans "Rio Bravo" : je le trouve très bon dans ce qu'il a à faire. Il faut dire que je ne suis pas objectif concernant ce film. Par exemple, j'en adore les passages<br /> musicaux. Ricky Nelson était une star énorme à l'époque, le Justin Bieber d'alors (qu'on mee pardonne cet anachronisme), et le but était d'attirer une autre frange du public, enfin les jeunots et<br /> les jeunottes quoi. Hawks lui-même a dit qu'il ne le voulait pas et qu'il avait réduit son rôle à un rôle secondaire, mais que son rôle avait au moins ajouté 2 millions au box office du film.<br /> <br /> Et c'est la même chose pour Glen Campbell, chanteur alors connu. Il faut préciser qu'ils avaient auparavant demandé à... Elvis Presley, qui a refusé le rôle. Ce "Cent dollars pour un shérif" est un<br /> film de vieux, à l'ancienne, alors que le western avait changé de face ; une semaine plus tard, ou plus tôt, "La horde sauvage" de Peckinpah sortait... Sinon, Campbell n'est pas très remarquable<br /> dans "Cent dollars pour un shérif" où il fait un grand dadais. Un Matt Damon a donné plus de jus à ce rôle, mieux traité chez les frères Coen...<br /> <br /> <br />
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Z
<br /> Un chanteur et acteur convainquant, un seul nom me vient à l'esprit : Dean Martin. Quand on regarde sa carrière, sa palette d'interprétation est large, et je n'ai pas le souvenir de l'avoir vu<br /> médiocre dans un film. Ses prestations sont généralement qualifiées de "cool" mais je trouve par exemple que dans "violence à Jéricho" (face à Peppard), il joue un tyran très subtil, retors et<br /> charmeur, loin de son emploi habituel. Il possède une vraie densité.<br /> <br /> Son copain Frank Sinatra possède aussi une belle carrière, mais dans un film comme "le détective" de Gordon Douglas, où il a un rôle magnifique, pas valorisant, vieilli, il a du mal à me<br /> convaincre. Le contre-emploi se voit.<br /> <br /> Alors que Dean Martin me semblait tout pouvoir faire passer (Ceci dit, je n'ai jamais vu un Matt Helm, série de films qui semble lui avoir valu de mauvaises critiques).<br /> <br /> <br />
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K
<br /> Oh la belle évocation de George Peppard. Mon enfance ressurgit! Quand à Ricky Nelson, entièrement d'accord. Un piètre comédien, plat au possible, mais en revanche un bien bon interprète<br /> musicalement. Une certaine époque... Un chanteur bon comédien, j'ai beau me creuser la tête, je ne vois pas. (attention, je parle d'acteurs non francophones).<br /> <br /> <br />
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Z
<br /> Un tabou vient de tomber : c'est vrai que Ricky Nelson dans "Rio Bravo", sauf quand il chante avec Dean Martin, manque d'étoffe. En tout cas, quand Ward Bond le présente à John Wayne dans le film,<br /> je rigole toujours en le voyant se gratter le nez dans une pose très "actor's studio" devant un Duke stoïque.<br /> Marrant que Wayne est joué avec autant d'acteurs/chanteurs, enfin de chanteurs.<br /> <br /> Mais pour "True Grit", vu que Campbell est mis à l'affiche au niveau de John Wayne, le studio a dû le payer suffisament cher, les producteurs auraient pu investir sur un vrai acteur.<br /> Personnellement, j'aurais bien vu dans le rôle un bellâtre style George Peppard, ou quelqu'un ayant de la superbe comme Richard Harris. Là, il y aurait eu un vrai duel d'acteurs, et le film aurait<br /> été parfait, le rôle d'ailleurs s'y prêtait.<br /> <br /> <br />
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E
<br /> Glen Campbell fait partie des chanteurs acteurs comme Fabian ou bien encore Ricky Nelson qui ont joué avec Le Duke mais sans réél talent<br /> <br /> <br />
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Z
<br /> Un excellent western. John Wayne y est "hénaurme".<br /> D'ailleurs la suite "une bible et un fusil" apparait comme une ressucée assez vaine dans la façon dont elle l'emploie, faisant bien ressortir la richesse de ce premier "True Grit".<br /> <br /> Un bémol pour moi : Glen Campbell.<br /> Je le trouve fade et sans nuances, vraiment déplacé dans cet univers avec sa coupe de cheveux -qui lui vaut d'ailleurs d'être moqué- et ses chemises blanches.<br /> Vu le réalisme du film, avec son lot d'excellents seconds rôles, dont Duvall toujours exceptionnel, je trouve qu'il fait tache et je regrette qu'un bon westerner, même propret, n'ait pas été convié<br /> pour s'associer à John Wayne.<br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Complètement d'accord.<br /> <br /> <br /> D'ailleurs, tu as remarqué (acte manqué), je ne l'ai même pas mentionné dans le post ! Il est inexistant.<br /> <br /> <br /> <br />
K
<br /> Comment dire...Merci pour cette chronique, tout simplement. Ce site me coute cher: une place de ciné pour TRUE GRIT, un DVD de CENT DOLLARS POUR UN SHERIF, un autre de GLORIA, et j'en passe! PLus<br /> sèrieusement, comme je l'ai déjà mentionné, Wayne et moi, ça ne passe pas trop. C'est ainsi. Mais grace à cette chronique et à de nombreux commentaires sur d'autres posts,j'ai plus qu'envie de<br /> visionner le film d'Hathaway. C'est curieux, je suis peut-être dans le faux, mais l'insitance des frères Coen a hurler partout que leur film n'est pas un remake me donne gravement envie de<br /> découvrir le film avec le John. J'avais eu le sentiment analogue avec Herzog et son BAD LIEUTENANT.<br /> <br /> <br />
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