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21 novembre 2009 6 21 /11 /novembre /2009 18:01

Édifiante histoire de la vie d’un champion olympique d’origine indienne, au destin tourmenté, ce « biopic » de la Warner respecte à la lettre toutes les règles d’un genre bien établi, pour suivre l’ascension puis la chute, et enfin la rédemption, d’un homme poursuivi par ses démons. Narré en flash-back, lors d’une remise de prix, à la façon du « ÈVE » de Mankiewicz, « CHEVALIER DU STADE » est trop confit dans les clichés bien-pensants, pour passionner vraiment, et Michael Curtiz a eu bien de la chance d’avoir Burt Lancaster, dans le rôle de Jim Thorpe. Trois ans avant sa fameuse interprétation d’un guerrier dans « BRONCO APACHE », l’acteur était déjà un « Native », et les cheveux teints en noir-corbeau, le teint foncé, il apporte sa vitalité habituelle, et sa forme physique indispensable, à ce personnage intéressant, même si on le devine très édulcoré par l’adaptation. Ce qu’apporte Lancaster à Thorpe, c'est sa rage contenue, ses brusques changements d’expression et d’humeur, ce côté « borderline », qui laisse entrevoir les failles béantes de sa personnalité, ses névroses et frustrations insurmontables. Ainsi, l’acteur a-t-il un moment absolument saisissant, quand ivre-mort, il s’en prend à sa femme, qui selon lui, aimerait le voir retourner dans sa réserve. Pendant cette séquence, on imagine ce qu’aurait donné Lancaster en Kowalski dans « UN TRAMWAY NOMMÉ DÉSIR ».

Le film lui doit donc beaucoup, car la technique (et particulièrement l’insertion de plans d’actu pendant les séquences sportives) a énormément vieilli, et l’abus de fondus-enchaînés, de voix « off », de « unes » de quotidiens, appartiennent à un autre siècle. Autour de Lancaster, Phyllis Thaxter est un peu faiblarde dans le rôle de sa femme pleurnicharde, et Charles Bickford assure avec un métier consommé, en coach sentencieux, sévère mais juste.


« CHEVALIER DU STADE » vaut malgré tout, pour ce qu’on apprend de cette université Carlisle réservée aux Indiens (et qui mériterait peut-être un autre film), et bien sûr pour le grand Burt, toujours captivant quoiqu’il fasse.

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16 novembre 2009 1 16 /11 /novembre /2009 18:30

Le plus troublant dans « LES BAGARREURS DU PACIFIQUE », c'est de voir Burt Lancaster, qui ressemble très exactement – uniforme compris – à ce qu'il sera dans son film suivant « TANT QU'IL Y AURA DES HOMMES », mais se débattant cette fois dans une pantalonnade ridicule et infantile, lui qui n’était pourtant pas le champion toutes catégories de l’humour.

Film de guerre « exotique » (évidemment tourné en studio), comédie gentiment amorale, amorçant un timide ménage à trois, narré assez adroitement en flash-backs, « LES BAGARREURS DU PACIFIQUE » apparaît aujourd'hui d’un racisme inouï dans la description des Chinois, d’une xénophobie hors-normes, et d’une misogynie accablante. Ainsi, le spectateur français devra laisser sa susceptibilité au vestiaire, car ses compatriotes sont, soit un gouverneur collabo, gras et libidineux, soit une maquerelle surjouant comme une Arletty du Bronx (« Mais oui, monsieur ! Sacrebleu !), avec un accent à faire rougir l’inspecteur Clouseau.

Côté comédiens, rien à sauver non plus : Lancaster se débat comme un beau diable avec un rôle impossible, joue les militaires rigides ou les dragueurs agités d’une séquence à l’autre, sans aucune direction, Virginia Mayo roule des yeux et fait des mines, et Chuck Connors gauche et emprunté, est un marine benêt. On aperçoit Strother Martin en témoin au procès (photo à gauche).

Coincé dans la filmo de Lancaster, entre quelques films ambitieux et de beaux rôles comme « REVIENS, PETITE SHEBA », ce navet éprouvant, oublié depuis des lustres, a récemment été exhumé par le DVD. Était-ce réellement une bonne chose ?

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11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 17:33

On comprend assez vite le but de la manœuvre : les producteurs et auteurs de « ROCKET GIBRALTAR » ont très probablement voulu faire de leur film, ce que « LA MAISON DU LAC » avait représenté pour Henry Fonda – un hommage, un dernier tour de piste, et une « sortie » en beauté pour Burt Lancaster.

Si le film n’est pas dénué de mérite, le but n’est pas complètement atteint. Par la faute d’abord d’un scénario gentiment « cute », mais terriblement prévisible. On devine déjà la fin, dans la séquence où le papy raconte les funérailles Viking à ses petits-enfants. De plus, le manque de réel conflit entre les personnages, la sympathique harmonie régnant dans cette famille, n’est pas propice aux grandes scènes, et le film se déroule à un rythme pépère, entrecoupé de séquences à la plage, d’intermèdes poliment sexy, et de repas pleins de rires et de larmes.

Nous ne sommes pas loin du téléfilm lambda, ne serait-ce la prestation de Lancaster. Visiblement diminué, fatigué, il habite tout le film de sa présence fragile. Ce personnage, qui a déjà un pied dans la tombe, est dans la lignée de ceux qu'il joua à la fin de sa carrière, que ce soit dans « VIOLENCE ET PASSION » ou « ATLANTIC CITY », et son jeu sobre, relâché, ajoute à l’ambiance légèrement morbide du film. Il est troublant de voir ce comédien, jadis caractérisé par son énergie survoltée, son autorité impérieuse, sa rage permanente, réduit à l’état de vieillard moribond, passant d’une sieste à l’autre, et pleurant en écoutant des 33 tours de Billie Holiday.

L’acteur est très bien entouré de jeunes comédiens qui feront leur chemin, comme Kevin Spacey étonnamment simple et sans tics, Bill Pullman, et Frances Conroy et Patricia Clarkson, qui seront à nouveau sœurs vingt ans plus tard dans la série TV « SIX FEET UNDER ». Quant au petit Macauley Culkin, disons qu'il est encore supportable.

À voir pour Burt Lancaster donc, mais le tout laisse un arrière-goût indéniablement cafardeux.

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8 novembre 2009 7 08 /11 /novembre /2009 18:14

Parce qu'il connut de grosses difficultés avec le producteur Stanley Kramer pendant le tournage, et que le montage lui fut retiré par la suite, « UN ENFANT ATTEND » ne jouit pas d’une grande réputation parmi les adorateurs idolâtres de John Cassavetes. S’il est vrai qu’on ne retrouve pas forcément son style chaotique, et ses célèbres plages d’improvisation (paraît-il très « écrites »), ce film sur les enfants handicapés mentaux, est assez saisissant, et d’une émotion par instants difficile à supporter. Le talent de directeur d’acteurs de Cassavetes éclate ici à chaque plan, et la façon dont il filme les enfants, pour la plupart trisomiques, est admirable de pudeur et de franchise. 

Le réalisateur parvient à créer une telle atmosphère de réalisme, frôlant le documentaire, qu’on a un peu de mal à se faire à la présence très « hollywoodienne » de Burt Lancaster. Rien à voir avec son talent, puisqu’il est ici remarquable d’autorité et de présence, juste une question de décalage. Il incarne ici le patron de l’institut, qui fait penser à ce que fera Martin Sheen dans la série « À LA MAISON BLANCHE » : pourquoi tous les présidents des U.S.A. ne lui ressemblent-ils pas ? Même chose pour Lancaster : si tous les psys du monde étaient comme lui, comme la vie serait simple…


Fragilisée, abimée par la vie, Judy Garland est extrêmement touchante, créant sans le vouloir, un enfer pavé de bonnes intentions pour son protégé. Gena Rowlands est parfaite en mère torturée, et on aperçoit d’autres futurs familiers de Cassavetes, comme John Marley, Lawrence Tierney ou Paul Stewart.

Œuvre évidemment bâtarde, parce que tiraillée entre le style « jazzy » du réalisateur, et le militantisme un peu lourd de son producteur, « UN ENFANT ATTEND » n’en est pas moins un très beau film, échappant complètement au mélodrame et au voyeurisme lacrymal, et – c'était le but – donnant à réfléchir. Ainsi, la visite dans l’aile des adultes, est-elle un moment authentiquement traumatisant, et pourtant sans effet superflu.

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