Édifiante histoire de la vie d’un champion olympique d’origine indienne, au destin tourmenté, ce « biopic » de la Warner respecte à la lettre toutes les règles d’un genre bien établi, pour suivre l’ascension puis la chute, et enfin la rédemption, d’un homme poursuivi par ses démons. Narré en flash-back, lors d’une remise de prix, à la façon du « ÈVE » de Mankiewicz, « CHEVALIER DU STADE » est trop confit dans les clichés bien-pensants, pour passionner vraiment, et Michael Curtiz a eu bien de la chance d’avoir Burt Lancaster, dans le rôle de Jim Thorpe. Trois ans avant sa fameuse interprétation d’un guerrier dans « BRONCO APACHE », l’acteur était déjà un « Native », et les cheveux teints en noir-corbeau, le teint foncé, il apporte sa vitalité habituelle, et sa forme physique indispensable, à ce personnage intéressant, même si on le devine très édulcoré par l’adaptation. Ce qu’apporte Lancaster à Thorpe, c'est sa rage contenue, ses brusques changements d’expression et d’humeur, ce côté « borderline », qui laisse entrevoir les failles béantes de sa personnalité, ses névroses et frustrations insurmontables. Ainsi, l’acteur a-t-il un moment absolument saisissant, quand ivre-mort, il s’en prend à sa femme, qui selon lui, aimerait le voir retourner dans sa réserve. Pendant cette séquence, on imagine ce qu’aurait donné Lancaster en Kowalski dans « UN TRAMWAY NOMMÉ DÉSIR ».
Le film lui doit donc beaucoup, car la technique (et particulièrement l’insertion de plans d’actu pendant les séquences sportives) a énormément vieilli, et l’abus de fondus-enchaînés, de voix « off », de « unes » de quotidiens, appartiennent à un autre siècle. Autour de Lancaster, Phyllis Thaxter est un peu faiblarde dans le rôle de sa femme pleurnicharde, et Charles Bickford assure avec un métier consommé, en coach sentencieux, sévère mais juste.
« CHEVALIER DU STADE » vaut malgré tout, pour ce qu’on apprend de cette université Carlisle réservée aux Indiens (et qui mériterait peut-être un autre film), et bien sûr pour le grand Burt, toujours captivant quoiqu’il fasse.