Adaptation plutôt réussie d'une pièce de théâtre à succès, « REVIENS, PETITE SHEBA », est un film intimiste d'une infinie tristesse sur le couple et les illusions perdues, et vaut le coup d'œil pour l'interprétation de Shirley Booth essentiellement connue à Broadway et qui créa le rôle sur scène, en « femme au bord de la crise de nerfs », aussi émouvante qu'exaspérante. Sa joie de vivre forcée, son numéro de vieille petite fille dissimulent les fêlures d'une vie gâchée. À ses côtés, Burt Lancaster bien trop jeune pour son rôle (il n'avait alors que 39 ans et Booth 54 !), malgré les tempes artificiellement grisonnantes, est également remarquable en kiné alcoolique rongé par l'échec et en lutte permanente contre de puissants démons intérieurs. Même si on a du mal à accepter l’âge de l’acteur, Lancaster apporte au personnage une dimension inattendue, celle d’une bombe à retardement qui n’attend qu’une étincelle pour exploser ou imploser.
Tout cela ne fait pas un spectacle bien joyeux, à ne surtout pas voir un jour de cafard, mais le texte est beau, le symbole de la petite chienne disparue (Sheba, c'est elle) est touchant et cela s'achève sur une note d'espoir. Dérisoire peut-être, mais d'espoir tout de même. Du théâtre filmé d'un autre âge, à voir pour ses acteurs. Parmi ceux-ci, un tout jeune Richard Jaeckel qui joue un lanceur de javelot peroxydé.