« SOIR DE NOCES » commence comme une comédie de mœurs new-yorkaise dans laquelle Gary Cooper joue un romancier mondain et alcoolique au bout du rouleau. Fauché, il est forcé de s’exiler avec sa femme tout aussi fantasque, dans une ferme familiale du Massachussetts, au sein d’une communauté polonaise.
Là, il tombe amoureux d’une jeune femme promise à un rustaud qu'elle n’aime pas. La comédie se teinte tout doucement d’émotion. En retrouvant le goût d’écrire, ‘Coop’ s’attache de plus en plus à Manya sans tenir compte des us et coutumes du pays. Et contre toute attente, le film s’achève dans la tragédie et une dernière scène qui n’est pas sans évoquer « PETER IBBETSON ».
C'est donc un très curieux film que signe King Vidor, un peu hétéroclite, oscillant entre la caricature et le mélodrame. Il évite pourtant le manichéisme en brossant des portraits de femmes intéressants, surtout pour l’époque : ainsi l’épouse du romancier n’est-elle pas qu’une écervelée et un repoussoir. Elle a de l’humour, de la joie de vivre et du bon sens. Les femmes « polacks » soumises et réduites en esclavage sont décrites avec un œil étonnamment féministe.
Cooper très à l’aise, fait bon usage de ses maniérismes et de sa gaucherie naturels, accentuant le côté « poisson hors de l’eau » de son personnage. Son duo avec l’émouvante Anna Sten fonctionne parfaitement, malgré le jeu un peu trop appuyé de celle-ci. Parmi les seconds rôles, Ralph Bellamy est inattendu en fiancé mal dégrossi de l’héroïne et on aperçoit Walter Brennan, jeune mais déjà vieux, en facteur pittoresque.
Une œuvre atypique, donc, qui s’inscrit bien dans la filmo éclectique de Gary Cooper tel qu’en lui-même, toujours il change.