« OÙ SONT PASSÉS LES MORGAN ? » est typique d’une catégorie de comédies U.S. qui se résument à leur « pitch ». Une fois les enjeux (laborieusement) établis, le scénario tombe brusquement en panne sèche et on attend patiemment le dénouement que, de toute façon, on a déjà deviné depuis les premières minutes.
Très manifestement inspiré de l’excellent « LA VIE, L’AMOUR… LES VACHES », l’auteur-réalisateur envoie donc deux « bobos » new-yorkais témoins d’un meurtre dans un Wyoming demeuré tel quel depuis l'époque de la conquête de l'Ouest, un tueur lancé à leurs trousses. Le choc culturel est censé métamorphoser les tourtereaux, mais le scénario est si paresseux, les péripéties sont si parcimonieuses (rencontre avec un grizzly, rodéo où nos héros se cachent dans un costume de vachette, etc.), qu’on a la sensation que le film fait du sur-place et se contente d’aligner les engueulades et les réconciliations.
Si l’amusant Hugh Grant est égal à lui-même dans sa vieille routine de maladroit attendrissant et tête-à-claques, l’horripilante Sarah Jessica Parker accapare l’écran dans un numéro criard et strident. Sam Elliott et Mary Steenburgen n’arrivent pas à sauver les meubles dans des personnages unidimensionnels et on aperçoit ce bon vieux Wilford Brimley, qu’on n’avait pas vu depuis un moment.
De la comédie pasteurisée, sans aspérité, sans surprise, prétexte à cabotinage de stars en pilotage automatique, « OÙ SONT PASSÉS LES MORGAN ? », dont on peut – à l’extrême rigueur – sauver quelques bonnes réparties de Hugh Grant, ne laisse pas l’ombre d’un souvenir. Bon ou mauvais. L’équivalent en film d’une musique d’ascenseur…