« LE JUSTICIER DE MINUIT » est un polar ‘Cannon’ calqué sur la trame de « L’INSPECTEUR HARRY », dont l’unique originalité est d’avoir fait du serial killer un… nudiste convaincu ! C'est dire l’ambition de ce film voyeuriste, alignant les scènes de massacres à l’arme blanche et les plans de jolies filles dénudées totalement superfétatoires.
Quelques mois après « UN JUSTICIER DANS LA VILLE 2 » où il apparaissait magnifiquement buriné, Charles Bronson très rajeuni, offre un visage lissé et sphérique. Ainsi ravalé, il tient le rôle du lieutenant Kessler, un flic mal embouché sur la piste du tueur qu'il va harceler jusqu'à le pousser à la faute. Si le Harry de Clint Eastwood n’était pétri que de contradictions morales, ce Kessler n’est qu’un flic brutal et déplaisant, n’hésitant pas à falsifier des preuves et déclarant à son jeune et naïf co-équipier : « Oublie ce qui est légal, et fais ce qui est juste ».
Il aurait fallu un scénario plus élaboré et pénétrant, pour ouvrir là un débat, car « LE JUSTICIER DE MINUIT » (bravo au passage au bête opportunisme du titre français !) est un pur nanar achevé par un montage « à effets » ridicule et inutile. Bronson s’en sort (à peu près) en optant pour la neutralité et en n’apparaissant qu’en pointillés, laissant le plus long temps de présence à l’image aux jeunes Andrew Stevens et Lisa Eilbacher, incarnant sa grande fille. Le tueur naturiste est campé par Gene Davis qui a bien du mérite et aurait sa place dans notre rubrique « IL EST DUR PARFOIS DE GAGNER SA VIE ». On aperçoit quelques seconds rôles sympathiques comme Wilford Brimley, Geoffrey Lewis et même la chanteuse Jeane Manson en prostituée.
Dans la dernière scène (ATTENTION : SPOILER !!!), menotté par la police, le tueur crie à l’adresse de Bronson : « Je suis fou, je ne savais pas ce que je faisais ! On va me soigner et je reviendrai ! Je reviendrai ! ». Bronson lève alors son arme, vise le jeune homme : « Oh, non… Tu ne reviendras pas », dit-il en lui tirant froidement une balle en plein front.
Le message est on ne peut plus clair, la conclusion vaguement nauséabonde, mais le film est tellement mal écrit, qu'il est très difficile de le prendre au sérieux. Ce Kessler n’est qu’une transposition de Paul Kersey (analogie des patronymes) dans les rangs de la police et c'est typiquement le genre de film qui a ruiné la réputation de Bronson dans les années 80, et a commencé à lui aliéner ses fans les plus bienveillants.
Une époque…