« LE BLANC, LE JAUNE ET LE NOIR » signé par un des papes du ‘spaghetti’ fait partie de la vague auto-parodique qui a fini par noyer définitivement le genre. Dès le pré-générique, la femme acariâtre du shérif accable celui-ci de reproches, en citant tous les titres possibles et imaginables de westerns italiens. C'est lourd et peu drôle, mais au moins Sergio Corbucci annonce clairement la couleur. D'ailleurs, ce discours disparaît complètement dans la version anglaise du film, pour un texte aussi idiot, mais allégé de toute référence…
Le scénario est un démarquage de « SOLEIL ROUGE » : ici c'est un poney sacré qui est dérobé contre rançon, au lieu d’un sabre et c'est le ramasseur de crottin (sacré aussi, le crottin) qui est chargé de le ramener, et non pas un samouraï. Le train semble être le même que celui qui servit dans le film de Terence Young, on a même droit à un équivalent du gag du moustique coupé en plein vol.
Le pire est peut-être la direction d’acteurs : Eli Wallach joue un shérif intègre et ombrageux qui finit par danser le french cancan en travesti. C'est attristant. Giuliano Gemma fait une piètre imitation de Terence Hill dans un rôle de hors-la-loi sautillant appelé « le Suisse », mais le fond est atteint par Tomás Milian qui campe le pseudo-samouraï, avec la finesse et la retenue d’un Paul Préboist singeant Michel Leeb imitant un Chinois. À peine descriptible !
« LE BLANC, LE JAUNE ET LE NOIR » est un nanar qu’on peut voir d’un œil plus ou moins indulgent, selon l’humeur du moment. Mais comment ne pas regretter qu’au lieu de cette pantalonnade bâclée, la réunion du réalisateur de « DJANGO » avec le mythique señor Tuco, l’acteur inspiré du « DERNIER FACE A FACE » et celui des « RINGO » n’ait pas donné lieu à un vrai film ?
Il faut croire qu’en 1975, le train du western « all’Italiana » était déjà passé depuis longtemps…