Henry Hathaway et Gary Cooper ont tourné quelques bons films ensemble et même un chef-d’œuvre avec « PETER IBBETSON ». On ne peut pas en dire autant de « LA MARINE EST DANS LE LAC », curieuse petite farce militaire située pendant la WW2 et centrée sur un moteur expérimental fonctionnant à la vapeur. Cooper joue un officier novice, doté d’un équipage pas beaucoup plus compétent que lui, chargé de tester la chose. On le voit, l’enjeu est maigre. Squelettique, même ! Le film est une succession de saynètes sans aucune construction dramatique, dans lesquelles ‘Coop’ fait son numéro familier de dadais emprunté mais courageux.
L’acteur traverse le film en catimini, comme s’il voulait se faire oublier et laisse ses partenaires tirer la couverture à eux, comme Millard Mitchell seul marin professionnel du navire, Eddie Albert ou Jack Webb. Cela déséquilibre encore plus le film, bien sûr. En fait, « LA MARINE EST DANS LE LAC » ne mérite d’être mentionné que parce qu'il fut le premier film de trois acteurs qui allaient faire leur chemin : Charles Bronson amusant dans un rôle de ‘polack’ benêt mais costaud, qu’on entraîne pour défendre l’honneur du bateau lors d’un match de boxe, Lee Marvin qui semble tenir plusieurs rôles différents au cours d’une longue figuration et Jack Warden en gros bras plutôt trouillard. Les deux premiers surtout, qu’on voit assez souvent au cours du film, en sont à vrai dire le seul intérêt aujourd'hui. Et encore : un intérêt de pure curiosité !
Jamais franchement comique, pas vraiment sérieux, « LA MARINE EST DANS LE LAC » est une œuvrette sans colonne vertébrale, où tout semble plaqué et désincarné, à l’image du seul rôle féminin tenu par Jane Greer qui se demande ce qu'elle est venue faire là. À part embrasser Gary Cooper…