Le principal intérêt de « EIGHT IRON MEN » est d’être le tout premier rôle principal de Lee Marvin, à peine une année après ses débuts à l’écran. Il n’y tient pas vraiment la vedette, puisque tous les personnages ont un temps de présence à peu près équivalent, mais il occupe tout de même l’écran du début à la fin. Et avec une présence et une autorité que devraient lui envier bien des novices !
Réalisé par l’inégal Edward Dmytryk, ce film de guerre raconte la journée d’une escouade planquée dans les ruines d’une ville bombardée. Les hommes s’ennuient, radotent, perdent la boule et la tension monte quand l’un d’eux ne rentre pas de patrouille, coincé dans un trou plein d’eau par un sniper. Faut-il désobéir aux ordres et aller le chercher ? Faut-il l’abandonner à son sort ? Le scénario tiré d’une pièce de théâtre est terriblement statique. Ça parle sans discontinuer et les rares aérations sont affligeantes : on voit les fantasmes de deux des soldats, des saynètes ridicules et se voulant comiques, les montrant aux bras de pin-ups énamourées. Une abomination certaine-ment due à la patte de quelque ‘executive’ exigeant des femmes au générique (et sur l’affiche !).
Si les ‘comic reliefs’ – l’aldrichien Nick Dennis inclus – cabotinent à outrance et rendent le film légèrement pénible, Richard Kiley est très bien en soudard rendu cinglé par l’attente, à l’extrême limite de devenir psychopathe. Et Marvin se taille la part du lion en sergent rugueux et discipliné, tiraillé entre l’obéissance aveugle et la camaraderie. Le film se clôt sur un gros-plan de l’acteur, jetant un dernier coup d’œil à cette maison dévastée où il vient de passer deux semaines et crachant un grand jet de salive en direction de la caméra. Du grand Lee Marvin.
Les décors sont minimalistes mais évocateurs, quelques répliques font mouche, le dilemme parvient à maintenir l’attention jusqu'au bout, mais « EIGHT IRON MEN » peine à décoller et à passionner vraiment. À ranger néanmoins dans la filmo WW2 du grand Lee, avec « ATTAQUE », « 12 SALOPARDS » et « THE BIG RED ONE ».