En souvenir de ses premiers scénarios, des deux ou trois films qu'il réalisa à ses débuts, on a toujours une certaine indulgence – voire une vraie affection – envers Walter Hill, cinéaste-cinéphile passéiste comme resté bloqué dans les seventies, dont les films ne sont jamais tout à fait à la hauteur de leurs ambitions et qui ont fini par se diluer dans les mémoires.
En « remakant » « POUR UNE POIGNÉE DE DOLLARS » qui était déjà lui-même le remake de « YOJIMBO », Hill se confronte aux fantômes de Kurosawa et Leone… Et il a bien tort !
« DERNIER RECOURS » est une bien drôle de chose. Un western déguisé en film de gangsters, un scénario archi-rabâché sans la moindre innovation justifiant son existence, dévitalisé par d’incessants fondus-enchaînés qui tuent le rythme dans l’œuf et rendent le tout quasiment irréel.
À l’image du film, Bruce Willis n’aurait jamais dû se laisser comparer à Mifune et Eastwood. Si eux, chacun à sa façon, étaient les symboles de la « coolitude », lui ne fait que « la jouer cool ». Il susurre ses répliques, plisse les yeux, flingue avec deux calibres à la fois comme dans un polar de Hongkong, mais ne génère aucun charisme, aucune mystique. Il joue à jouer, c'est tout. En ce sens, il est parfaitement en harmonie avec son réalisateur.
Aucune étincelle de vie ne pénètre l’épaisse couche de poussière qui recouvre « DERNIER RECOURS ». C'est un exercice de style vain et ennuyeux à mourir, où les seconds rôles font pitié et où même Christopher Walken, affublé d’une pauvre cicatrice au latex, est mauvais comme un cochon en ‘hitman’ enroué. Karina Lombard est d’une beauté renversante, mais cela ne suffit pas, hélas.
Quel était le but de Hill quand il a conçu ce film ? Rendre hommage à ses idoles ? Ce serait touchant et louable. Mais à force de marcher dans leurs pas, il a oublié qu’un film se regarde au premier degré, que trop de références tuent l’intérêt et que la force de Leone quand il a tourné son premier ‘spaghetti western’ avait justement été de nier toute relation avec le chef-d’œuvre du maître japonais. Quitte à aller au procès ! Autrement dit, de « tuer le père ». Ici, Kurosawa figure au générique-début, d'accord… Mais cela nous fait une belle jambe.