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21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 07:33

YOJIMBO (2)Si « LES 7 MERCENAIRES » est une transposition assumée des « 7 SAMOURAÏS », « POUR UNE POIGNÉE DE DOLLARS » est bel et bien un remake inavoué de YOJIMBO (1)« YOJIMBO » (également connu en France sous le titre « LE GARDE DU CORPS »), jusque dans le moindre détail. Et on peut même déceler çà et là les germes de tout le cinéma de Sergio Leone : les duels interminables dans les bourrasques de poussière, la façon qu'a Sanjuro de porter le kimono, lui donnant l'air d'un manchot (surnom de Clint Eastwood dans « …ET POUR QUELQUES DOLLARS DE PLUS ») et même la branche que mâchouille le samouraï au début du film, annonçant clairement le célébrissime cigarillo. Le personnage de Tatsuya Nakadai avec son colt U.S. crée un pont supplémentaire avec le western.

Le thème de « YOJIMBO » est connu et a souvent resservi ne serait-ce que dans « MILLER’S CROSSING » ou « DERNIER RECOURS ». Mais c'est l'extrême stylisation de la mise en scène d’Akira Kurosawa, sa maîtrise du cadre et la performance de Toshirô Mifune, exceptionnel en mercenaire dépenaillé et vieillissant, à la fois spectateur et manipulateur, qui font de ce film un purYOJIMBO (3) chef-d'œuvre de cinéma. La BO est très étonnante, le ‘gore’ penche vers la farce (le chien avec une main coupée dans la gueule), et les seconds rôles sont parfois burlesques (le gros frère vantard). Un grand film baroque, qu'aucun remake n'est parvenu à supplanter.

Sorti deux ans plus tard, « SANJURO » tourné par la même équipe et avec le même protagoniste est un film très différent : moins baroque, moins stylisé, plus rapide et humoristique, il se déroule comme une longue partie d'échecs, où des camps adverses se manipulent les uns les autres sous la férule de deux samouraïs-mercenaires antagonistes mais quasi jumeaux.

Ce qui surprend avant tout, dans « SANJURO », c'est la cocasserie des seconds rôles : la femme du gouverneur YOJIMBOpacifiste et précieuse qui influence le comportement de Sanjuro, les neuf jeunes crétins exaltés toujours prêts à foncer droit dans le mur (comment ont-ils pu survivre aussi longtemps, avant l'arrivée du ronin ?), le garde « repenti » qui passe tout le film à sortir et rentrer dans son placard et se montre bien plus futé et utile que ses geôliers en perpétuelle effervescence, etc. Mifune lui-même, de plus en plus cradingue, mal embouché et désinvolte, pousse son personnage de « YOJIMBO » à l'extrême limite du pastiche. Autre revenant de ce film, mais dans un autre rôle, le grand Tatsuya Nakadai joue son nemesis constamment dupé, sans jamais perdre sa dignité.

Film sur les apparences trompeuses, la nostalgie des idéaux perdus, la fatalité de la violence, « SANJURO » n'a pas tout à fait l'aura de son prédécesseur, mais n'est en rien indigne de lui. Délectable.

Notons que si Le premier film annonçait de façon aveuglante les prémices du cinéma de Leone, la dernière giclure de sang de « SANJURO », inattendue et monstrueuse, a probablement dû marquer Sam Peckinpah.

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