Dès les premiers plans de « DANS LA SOURICIÈRE » on est en terrain connu : celui de « LES INCONNUS DANS LA VILLE » ou « UN HOMME EST PASSÉ », de ces westerns désertiques où les voitures remplacent les chevaux, mais qui grouillent malgré tout de shérifs, de hors-la-loi et de justiciers.
Court, nerveux, allant droit au but, le film crée une réelle tension dès l’ouverture et ne relâche jamais la pression, maintenant la psychologie au minimum et révélant les caractères des protagonistes dans le feu de l’action. L’intérêt ne faiblit jamais, d’autant que Richard Widmark est parfaitement à sa place en avocat obligé de revenir dans sa ville natale, d’affronter son passé et de négocier l’arrivée d’un caïd de la mafia en fuite, pour lequel il travaille malgré lui. Le postulat mis en place, l’action commence et du huis clos dans le bled perdu, le film évolue en road movie, puis s’achève en film d’action des plus honorables.
On étouffe à la vue de ses personnages constamment en sueur, qu’on voit peiner dans la rocaille, au milieu de la fournaise du désert et on compatit aux malheurs de cette famille détruite par un mensonge.
Torturé mais solide, entêté et vulnérable, Widmark est vraiment excellent, épaulé par Earl Holliman jouant son jeune frère loser et alcoolique et par l’irremplaçable Lee J. Cobb, parfait en mafieux goguenard et tentateur. Sans oublier – comment le pourrait-on ? – la bellissime et sexy (c'est un faible mot) Tina Louise, déchirée entre les deux frères ennemis.
Un peu mieux qu’une série B, pas suffisamment ambitieux pour égaler le chef-d’œuvre de John Sturges cité précédemment, « DANS LA SOURICIÈRE » n’en demeure pas moins un bon morceau de cinoche à l’ancienne, qui n’a d’autre souci que d’agripper le spectateur à la gorge pour ne plus le lâcher.