« LE MYSTÈRE DE LA PLAGE PERDUE » est un des premiers films de John Sturges, un polar d’investigation dont le début s’apparente visuellement au ‘film noir’ mais qui évolue ensuite vers une enquête traditionnelle. Enfin, pas tant que cela en 1950, puisque le scénario – cosigné Richard Brooks – initie le public aux méthodes « modernes » de la médecine légale qui devait aboutir à des séries à succès comme « LES EXPERTS » ou « BONES » six décennies plus tard.
Ici, le meurtre d’une entraîneuse enceinte, voit collaborer un jeune flic (Ricardo Montalban) et un prof de Harvard aux méthodes opposées mais complémentaires. L’histoire est plutôt bien agencée, on retrouve déjà le style sec, efficace, sans chichi inutile de Sturges et son don pour typer ses personnages en quelques traits. Ainsi Elsa Lanchester, l’ex-fiancée de Frankenstein, est-elle délectable en logeuse digne des Thénardier, fielleuse et âpre au gain. Elle vole la vedette à tous ses partenaires avec une rouerie inouïe. On aperçoit aussi Marshall Thompson, futur « DAKTARI » de la TV, en pauvre bougre soupçonné à tort et hélas, la toute jeune Jan Sterling. Pourquoi hélas ? Parce que c'est elle la victime ! Et qu’après quelques minutes où elle crève l’écran en prostituée blasée et endurcie malgré son jeune âge, elle n’apparaît que sous forme de… squelette. Un gâchis…
Ce genre de film a beaucoup vieilli par définition, mais Sturges utilise très bien les extérieurs de Boston, offre une visite guidée de Harvard et son talent de conteur fait qu’on suit l’enquête jusqu'à son dénouement, sans s’ennuyer une seconde.