« LA DERNIÈRE CARAVANE » est un des grands westerns de l’auteur-réalisateur Delmer Daves, dont la véritable vedette est incontestablement l'Ouest lui-même, sublimement filmé en CinémaScope dans des couleurs brunes, mordorées, incomparables.
Le scénario extrêmement linéaire permet des études de caractères simplistes : la raciste pourrie-gâtée qui se rachète miraculeusement par exemple, mais crée un héros magnifique en la personne de Todd, un blanc élevé par les Comanches annonçant clairement le personnage ‘mcqueenien’ de « NEVADA SMITH » tourné dix ans plus tard. C'est un des meilleurs rôles positifs de Richard Widmark, bien mis en valeur par Daves. Hâlé, blondi, les mouvements félins, doté d’un joli ensemble en daim (et à franges !), il domine aisément un cast un peu faiblard (le ridicule Nick Adams). L’amateur reconnaîtra avec plaisir le futur « VIRGINIEN » de la TV James Drury en capitaine de cavalerie.
La beauté plastique des images, l'amour évident du réalisateur pour ces paysages, son sens de la nature emportent tout, balaient le sens critique et font même plus ou moins gober cet épilogue bâclé où le juge subitement clément, acquitte Todd et le remet « sous la surveillance » de la très ravissante Felicia Farr ! Après 1 H 30 d'action âpre, dénuée de sentimentalisme, cette conclusion laisse pantois, un peu comme celle de « LA RIVIÈRE ROUGE » de Hawks, toujours aussi difficile à avaler.
« LA DERNIÈRE CARAVANE » demeure un grand western, traversé d'instants de pure beauté.