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20 mai 2010 4 20 /05 /mai /2010 18:12

DJANGOTourné deux ans après « POUR UNE POIGNÉE DE DOLLARS », « DJANGO » est le premier ‘spaghetti western’ qui vienne sur le tapis quand on mentionne le genre. Leone mis DJANGO (5)à part, bien évidemment.

L'Ouest de Sergio Corbucci n’a rien à voir avec le modèle américain et moins encore avec le Mexique hispanique de Leone. C'est un cloaque boueux et grisâtre, où l’on patauge dans la gadoue, où la déco des saloons évoque un théâtreDJANGO (1) de Guignol poussiéreux, où les prostituées semblent échappées d’un film de Fellini. L’Étranger qui arrive en ville de retour de la guerre, n’a pas le charme juvénile d’un Ringo. C'est une sorte de croque-mort taciturne, traînant un cercueil derrière lui, circulant à pieds (une grande première !) et semblant poursuivre une vengeance aux origines des plus floues.

Django se retrouve entre deux feux : des révolutionnaires mexicains qu'il tente de blouser et une sorte de KKK local à cagoule rouge-sang. S’il tire les ficelles pendant quelque temps, DJANGO (2)il sera finalement submergé et finira vainqueur, mais fracassé, mutilé, probablement infirme à vie. Car « DJANGO » est un film sinistre et masochiste, qui englue lentement comme cette mare de sables mouvants qui engloutit le butin de notre héros malchanceux. Tous les personnages sont répugnants et les rares qui ne le sont pas, ne sont pas suffisamment développés pour qu’on s’y attache. On suit donc le film avec une fascination teintée d’indifférence, comme on contemple passivement les bribes d’un cauchemar fangeux.

Dans le rôle de sa vie, le très jeune Franco Nero fait merveille, allant au bout de son martyr avec une sorte de délectation morbide. À ses côtés, des seconds rôles sans grand reliefDJANGO (4) hormis la très troublante Loredana Nusciak qui joue la prostituée « sang-mêlé », comme en état de somnambulisme ajoutant encore à la sensation de rêve éveillé.

En cherchant la petite bête, on pourra déplorer quelques coups de zoom superflus et une chanson en Anglais un peu ringarde, mais « DJANGO » est et demeure un film-culte, que beaucoup tentèrent d’imiter, en ne parvenant qu’à singer ses défauts.

Sergio Corbucci ne retrouvera sa « petite musique » que pour « LE GRAND SILENCE » d’une tonalité similaire, mais hormis une ou deux réussites occasionnelles, ne surpassa jamais ce film-phare indémodable.

À noter que « DJANGO » vient de sortir en Blu-ray aux U.S.A. chez ‘Blue Underground’, dans une copie si nette qu'elle gomme les quatre décennies passées depuis le tournage du film. Une merveille.

DJANGO (3)

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commentaires

L
Médaille du courage pour Marc. Médaille accordée de la rédemption loupée pour ce Django 2. Je l'ai vu il y a une éternité et je ne me souviens que de mon ennui alors que j'étais à un âge où j'étais<br /> un coprophage cinématographique. Mon espoir avait été d'y apercevoir William Berger, sans résultat. La version française semble avoir été violemment coupée, dégageant Berger. J'espérais que la<br /> version normale du film ait pu être bonne et rendue mauvaise juste par ces coupes. Visiblement non.<br /> <br /> Après la sortie du Django de Tarantino, Franco Nero a parlé d'un Django 3 avec de jeunes cinéastes qui l'avaient contacté...<br /> <br /> J'ai récemment vu le "Django, prépare ton cercueil" de Baldi avec Terence Hill qui est lymphatique.
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M
Me voici plus cheveu sur la soupe que jamais. Alors que sur WWW se développe (inexorablement et avec juste raison) un culte de Charles Bronson, de Lee Marvin, de Michael Caine (?), protagonistes<br /> d'action durs comme le roc, stoïques, hiératiques, taciturnes et qui n'attendent rien de personne, voilà que j'arrive, bavard comme une pie, prenant mes aises et vêtu de manière tellement relâchée<br /> qu'on jurerait Oliver Jahn dans 'Ijon Tichy: Raumpilot', pour quémander, carrément quémander.<br /> <br /> Quémander quoi ? Eh bien, sur la foi de plusieurs commentaires encourageants lus sur IMDB, je viens d'endurer jusqu'au bout 'Django 2: Django Strikes Again' et maintenant je veux une médaille. Que<br /> c'est décevant ! Que c'est statique ! Que c'est mauvais ! Il y a beau y avoir Franco Nero et sa mitrailleuse - et un corbillard pour ses déplacements, à peu près la seule bonne idée du film - c'est<br /> creux ! C'est vide ! C'est sans style aucun ! Et même la splendide Colombie - où tout le film a été tourné, ce qui à mon sens était au départ une très bonne idée, qui aurait dû être une garantie<br /> minimale d'originalité - est honteusement sous-exploitée et se réduit à quelques décors rendus presque laids par une photographie atone. En plus, William Berger ne sert presque à rien et Donald<br /> Pleasence est dans un très mauvais jour.<br /> <br /> J'ai enduré ce sequel - le seul sequel officiel malgré la kyrielle de westerns intitulés Django - jusqu'au bout, je le jure, dans l'espoir de... ben, de je ne sais pas quoi. Alors je veux une<br /> médaille, voilà, pour mon admirable courage et ma patience sans bornes et toutes sortes d'autres vertus qu'il serait fastidieux de toutes énumérer ici. Une médaille, je mérite une médaille, et<br /> voilà !
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F
<br /> <br /> Je témoigne que tu la mérites amplement. Car malgré mes efforts répétés, je n'ai jamais réussi à dépasser les premières 20 minutes de cette infamie sur pellicule. Les rares images qui m'en<br /> restent ressemblent à un vieux spaghetti revisité par un émule de Werner Herzog sous Valium.<br /> <br /> <br /> Va, ami Marc, tu n'as point démérité ! <br /> <br /> <br /> <br />
C
Je voulais dire "tarentinesque" bien sûr. Désolé pour la faute de frappe.
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C
Je suis impatient de connaitre l'opinion de WWW sur la dernière gabegie tatentinesque !!!
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F
Pourquoi forcément le comparer à Django Unchained ? Ce dernier n'est pas un vrai remake, l'histoire n'est pas du tout la même...<br /> Le film de Tarantino, très bon, va bien au-delà du western, comme tous ces films d'ailleurs...<br /> <br /> Quantà ce Django de Corbucci, rien à dire j'adore, un sommet du western spaghetti totalement décomplexé et d'une grande violence (ce qui aura une grande influence sur le cinéma...hong kongais !).<br /> Pour moi un chef d'oeuvre... mais qui n'enlève rine à la qualité du film de Tarantino.
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L
Aaaah et pourtant... C'est du spaghettia absolu, avec des zooms, des transitions brutales, des visages crasseux, des acteurs en roue libre. Mais Franco Nero...<br /> <br /> Un film avec des défauts mais qui sont ses qualités. 100 fois meilleur que le "Django unchained" de Tarantino.
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V
Je viens de voir ce film pour la première fois...<br /> Bon, de deux choses l'une : ou bien je n'ai aucun atome crochu avec le spaghetti western, ou bien je n'était pas dans la bonne disposition pour voir celui-là...<br /> <br /> Je le reverrais une autre fois... :-(
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C
<br /> Et voilà "Django"! Le western gothique, avec ses fulgurances visuels, la musique Luis Bacalov, la couleur de la boue ou du ciel on ne sait plus! Il y a cette scène finale dans ce cimetière,<br /> inoubliable pour le cinéphile et pour sa mémoire embrumé entre cauchemar et rêve. On ne sort pas indemme de cette oeuvre comme pour "Get Carter", il y a des liens entre ces deux films et les deux<br /> héros. La mort est une délivrance dans ce monde sans lumière ou l'amour est mort!<br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Pas faux, le rapprochement entre les deux films : la grisaille, les femmes maltraitées, la fin dans la boue, les héros désincarnés...<br /> <br /> <br /> <br />

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