Soyons clair : « CASANOVA LE PETIT » n’existe que pour, par et à travers Gary Cooper. Sans lui, le film n’aurait aucune raison d’être et chaque réplique, chaque situation semble avoir été inventée pour lui.
Casanova Brown, c'est le M. Deeds de Capra avec quelques années de plus et un altruisme très émoussé. Un grand benêt séduisant malgré lui, au caractère bien trempé, mais ayant le chic pour se mettre dans des imbroglios inextricables, la plupart du temps dû à des jeunes femmes énamourées.
Le scénario de Nunnally Johnson est extrêmement bien construit en vaudeville, le dialogue est pétillant et le tout est charmant sans jamais être « mignon ». Cooper se retrouve quasiment bigame, père sans le savoir et bientôt pratiquement maman idéale, sans jamais rien maîtriser, jamais rien vouloir. Il faut avoir vu cet enchaînement de séquences inouï où, embêté parce qu'il fume dans une maison sans cendrier, il met littéralement le feu à l’endroit ! C'est du très grand ‘Coop’ à l’état brut. Peu de comédiens arriveraient à en faire autant dans un simple plan large sans dialogue. Le dernier tiers du film le montrant enfermé dans sa chambre d’hôtel avec le bébé qu'il a « kidnappé » et dont il s’occupe comme s’il s’agissait d’un produit inflammable hautement instable, est un délice. À ses côtés, les personnages secondaires comme la femme de ménage de l’hôtel ou le liftier sont formidables, Frank Morgan est irrésistible en vieux ronchon avaricieux. Seule la larmoyante Teresa Wright semble appartenir à un autre univers. Heureusement, on la voit peu.
« CASANOVA LE PETIT » (encore un titre français à pleurer) est un opus méconnu de la filmo éclectique du grand ‘Coop’ et un régal absolu qu'il est urgent de redécouvrir. Pourquoi est-il si rare en DVD ?
Notons pour donner un autre son de cloche, que le film est totalement descendu en flammes dans la bio de Cooper signée Jeffrey Meyers, qui trouve le scénario nul et le film atrocement mal réalisé. Les goûts et les couleurs...