Sorte d’hommage à « CASABLANCA » (le titre, déjà !) et « LE PORT DE L’ANGOISSE » ou « KEY LARGO », voire à Humphrey Bogart de façon plus générale, « CABO BLANCO » réalisé par J. Lee-Thompson, fut tourné au Mexique censé représenter le Pérou de l’immédiat Après-guerre.
Nazis en cavale, trésor de guerre, femme fatale venue d’Europe, mystérieux patron de bar yankee exilé, tous les éléments sont présents pour un film nostalgique, même un peu (trop) passéiste. Thompson hélas, n’est définitivement plus l'homme qui fit illusion avec « LES NERFS À VIF » quelques quinze ans plus tôt et sa réalisation est bâclée, réduite à d’incessants travellings-avant, qui font office de cache misère. Seule une belle photo et des paysages de rêve sauvent les meubles.
C'est Charles Bronson qui endosse la vieille défroque de ‘Bogie’, dans un rôle d’aventurier recherché pour meurtre aux U.S.A., et qui s’est réfugié à Lima où il tient un hôtel. L’acteur déambule avec décontraction dans ce film inconsistant, oubliant complètement son côté « tough guy » pour adopter un jeu nonchalant. Son couple avec Dominique Sanda ne génère aucune alchimie, les deux comédiens étant aussi froids l’un que l’autre. On pouvait attendre mieux de cette rencontre avec l’actrice du « CONFORMISTE ».
Bronson retrouve Jason Robards dix ans après « IL ÉTAIT UNE FOIS DANS L’OUEST ». Leurs scènes ensemble ne leur permettent hélas, pas de retrouver leur complémentarité du film de Sergio Leone. Robards visiblement venu là pour le chèque, s’ennuie ostensiblement dans un rôle d’ex-nazi cynique et âpre au gain. C'est encore l’espagnol Fernando Rey qui s’en sort le mieux dans un personnage ambigu de flic corrompu et chaud-lapin, mais pas antipathique. Le pendant parfait de Claude Rains dans le chef-d’œuvre de Michael Curtiz. Curieusement, Aldo Sambrell figure au générique en tant que « policier », mais il est impossible à repérer dans le film. Coupé au montage ? C'est finalement un perroquet nommé « Lefty » qui pique la vedette à tout ce beau monde !
Embrouillé et dénué de toute substance, « CABO BLANCO », œuvrette en total décalage avec son époque, et plus encore avec la nôtre, a sombré corps et bien dans un oubli assez mérité.