Billy Wilder au scénario, Howard Hawks à la caméra, Barbara Stanwyck et Gary Cooper réunis après « L'HOMME DE LA RUE ». Comment rater un film pareil ? Apparemment pas possible, puisque « BOULE DE FEU » est plus qu’un délice, c'est un régal de fin-gourmet, une merveille de comédie pétillante qui mixe les thèmes de « BLANCHE NEIGE ET LES 7 NAINS » et « PYGMALION » avec un humour décapant. À part qu’ici, c'est Eliza Doolittle – prénommée ‘Sugarpuss’ – qui enseigne l’argot à un prof vieux garçon psychorigide.
La poule d’un gangster à la langue bien pendue se cache dans la maison où vivent huit professeurs en train d’écrire une encyclopédie. Le plus jeune, ‘Coop’ bien sûr, tombe amoureux d'elle, ignorant qu'elle ne cherche qu’à l’utiliser. Du moins jusqu'à ce qu'il l’embrasse… Il faut les avoir vus, à tour de rôle, aller se passer un linge humide sur la nuque, afin de tempérer leurs ardeurs !
Tout est magnifiquement écrit et rythmé, les personnages de vieux profs sont délicieux, surtout Richard Haydn avec son accent indéfinissable : sept puceaux septuagénaires qui jouent les cupidons pour leur cadet pas très dégourdi.
Cooper est d’une précision dans la comédie qui laisse toujours admiratif. Entre raideur et timidité, assurance et désarroi, il crée un personnage attachant et drôle sans effort apparent. Face à lui, la Stanwyck a rarement été plus sexy et énergétique que dans ce rôle à la vulgarité décapante et aux jambes affolantes. Parmi les seconds rôles, Dana Andrews et Dan Duryea jouent les gangsters. À noter d'ailleurs un clin d’œil fort sympathique : au moment de tirer, Duryea mouille de salive la mire de son arme en disant « J'ai vu faire ça dans un film ! ». En parlant évidemment de « SERGENT YORK », le film précédent de Hawks avec ‘Coop’.
Des dialogues à la mitraillette, des situations constamment cocasses, des personnages finement dessinés, des éclats de rire à intervalle régulier : on voit mal ce qu’on pourrait exiger de plus d'une comédie romantique. « BOULE DE FEU » est truffé de répliques qu’on aimerait retenir, de gags jamais lourds. Et ‘Coop’ et Stanwyck formaient vraiment un bien beau couple de cinéma.