Le nom de Randolph Scott, est depuis ses débuts comme figurant à la fin des années 20, étroitement lié au western, pour lequel il était prédestiné. Grand, mince, le visage long et impassible à la William S. Hart, l’attitude distante, l’humour parcimonieux, il est devenu à la cinquantaine une figure hiératique du genre, grâce à sa fructueuse collaboration avec le réalisateur Budd Boetticher, qui lui offrit ses plus beaux rôles.
Après de très nombreuses séries B en vedette, une prestation remarquée dans le rôle de Hawkeye dans « LE DERNIER DES MOHICANS », un rôle de marshal dans « LE BRIGAND BIEN-AIMÉ », Randolph Scott s’installe progressivement dans un emploi qui se situerait entre le monolithisme d’un John Wayne, et l’élégance nonchalante d’un Gary Cooper. Il incarne Wyatt Earp dans « L’AIGLE DES FRONTIÈRES », un Sudiste irréductible dans « LA CARAVANE HÉROÏQUE », un avocat dans « LES DALTON ARRIVENT », il joue même un méchant suave mais retors dans « LES ÉCUMEURS ».
Il est un pistolero repenti dans « LA VALLÉE MAUDITE », il venge sa fiancée dans « TON HEURE A SONNÉ », incarne le célèbre Bat Masterson dans « DU SANG SUR LA PISTE », un shérif dans « FAR WEST-89 », un VRP en revolver dans « COLT. 45 », un petit rancher spolié dans « LE CAVALIER DE LA MORT », un major sudiste dans « LE RELAIS DE L’OR MAUDIT » et « LA TAVERNE DES RÉVOLTÉS », un espion dans « LES MASSACREURS DU KANSAS », un officier sympathisant sudiste dans « LA TRAHISON DU CAPITAINE PORTER », un chasseur de primes dans « CHASSEUR D’HOMMES », un garde de diligences dans « LE CAVALIER TRAQUÉ », un rancher dans « 10 HOMMES À ABATTRE », un shérif inquiet dans « VILLE SANS LOI ».
Son association avec Boetticher (Scott est également producteur), donne plusieurs œuvres majeures comme « LA CHEVAUCHÉE DE LA VENGEANCE », « L'HOMME DE L’ARIZONA », « COMANCHE STATION », « 7 HOMMES À ABATTRE », et de bons films comme « L’AVENTURIER DU TEXAS » ou « LE COURRIER DE L’OR ». Scott y incarne systématiquement des héros meurtris, taciturnes, quasi désincarnés, cherchant à venger leur femme, ou leur famille. Une épure, qui – s’il laisse à ses partenaires l’opportunité de lui voler parfois la vedette – l’installe définitivement dans l’imaginaire du public, dans un archétype immuable.