À l’origine, « LA HORDE SAUVAGE » devait être interprété par Lee Marvin, avec Charles Bronson dans le rôle de son co-équipier, et produit par Kenneth Hyman, qui avait déjà signé « 12 SALOPARDS » avec les deux comédiens, et réalisé par Sam Peckinpah, qui avait découvert le scénario grâce à Marvin. Mais celui-ci se laissa tenter par les sirènes hollywoodiennes, et jugea qu'il était préférable pour lui de tourner une comédie musicale tirée d’un succès de Broadway – l’ineffable « LA KERMESSE DE L’OUEST » - plutôt qu’un western avec un réalisateur iconoclaste et incontrôlable comme « Bloody Sam ». Mal lui en prit…
Malgré tout, les deux hommes ont tout de même deux films à mettre à leur actif commun. Deux téléfilms, pour être précis : le premier est « MON PETIT CHOU » (sic !), un épisode de la série « ROUTE 66 », dans lequel Marvin joue l’impresario d’une chanteuse française, campée par Macha Méril, qui préfère la maltraiter, plutôt qu’avouer qu'il l’aime. Un sujet probablement inspiré par une de nos chanteuses « à voix » et son manager (la chanteuse se nomme Perrette Dijon !), dans lequel le grand Lee joue les braillards maladroits sans se fatiguer. Le second film est plus intéressant : produit par Dick Powell, « THE LOSERS » est un 52 minutes suivant quelques jours de la vie de deux glandeurs professionnels, Marvin et Keenan Wynn, frayant avec des méchants joueurs de poker et des évangélistes. La chanteuse Rosemary Clooney (tantine de George, who else ?) apparaît également, et c'est la première fois que Peckinpah utilise le ralenti qui deviendra sa marque de fabrique, même s’il s’en sert ici à des fins de comédie. Il s'essaie aussi aux arrêts sur image, bien moins heureux, et qu'il abandonnera d'ailleurs par la suite. Notons que Lee Marvin s'est fait la même dégaine que son réalisateur (photo à droite), ce que fera aussi Warren Oates dix ans plus tard.
« THE LOSERS » est une inoffensive pochade, qui fait penser à un film que tournera Marvin dix ans plus tard : « LES INDÉSIRABLES », et se situe dans l’œuvre du réalisateur, dans la mouvance de films comme « JUNIOR BONNER, LE DERNIER BAGARREUR » ou « CONVOI ».
On ne peut s’empêcher de repenser à ce qu’aurait pu être « LA HORDE SAUVAGE », avec son casting initial…